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Death - Leprosy

Chronique

Death Leprosy
C'est fou comme une simple illustration peut marquer un album de son empreinte, et celle de Leprosy, signée par Ed Repka, avec ses couleurs chaudes et sa représentation d'un lépreux aux abords de sa léproserie sur fond de ciel rouge colle parfaitement au concept de l'album : on n'est plus vraiment dans le gore et dans le fantastique, mais on touche désormais à une horreur réelle et donc d'autant plus efficace que l'on pourrait la rencontrer au coin de la rue. Ok, à condition d'habiter au Mozambique, et en admettant qu'il y ait des rues, mais quand même, l'image est parlante. Encore que je ne suis pas sûr qu'ils aient un ciel d'un pareil rouge. Mais en 1988 il n'y a pas que Ed Repka qui aura une inspiration de génie puisque Death sortira ce qui reste encore aujourd'hui considéré comme le meilleur album de death metal old school de l'histoire ; ce qu'il n'était évidemment pas à l'époque, paraissant plutôt à la pointe du progrès dans un style encore largement sous-représenté et qui ne deviendra porteur qu'au début des années 1990. Et comme je vous l'ai déjà dit à la fin de la chronique de Scream Bloody Gore, Death venait d'être relocalisé en Floride et voyait le retour de Rick Rozz en plus de Terry Butler et Bill Andrews venus de Massacre, arrivés pour enregistrer le second album du groupe, déjà largement composé en Californie. Autre changement de taille, Chuck n'est plus un petit con irrévérencieux qui bâcle ses interviews et insulte ses anciens musiciens (c'est fou, je ne croyais pas que les fagots de bois étaient encore autant utilisés pour le chauffage il y a vingt-trois ans). Sauf pour Kam Lee, mais là c'est viscéral. La brouille avec Rick Rozz ? C'est du passé, ils ont réussi à laisser leurs différends de côté. Les groupes qui crachent sur Death ? Des jaloux de leur succès, le groupe restera droit dans ses bottes et continuera à faire sa musique dans son coin.

Un état d'esprit qu'on ne peut que louer a posteriori tant Death va atteindre des sommets avec Leprosy, où Chuck voudra jouer un death metal plus musical, plus mélodique et mieux structuré, en ayant particulièrement marre d'entendre que ce genre ne pouvait qu'être primaire et mal joué. Et comme ce sera le cas pour chaque futur album du groupe, les nouvelles compositions marqueront un grand pas en avant par rapport aux précédentes. Si « Zombie Ritual » passait pour un titre évolué sur Scream Bloody Gore, Schuldiner paraît avoir enjambé un gouffre tant au point de vue de son jeu que de son inspiration, et Leprosy contient des moments de pur génie mélodique, des progressions qui donnent des frissons, des solos qui confineraient au sublime si on ne savait pas qu'il fera encore mieux ensuite. Quiconque n'a jamais écouté le début de « Leprosy », dont les trois premières minutes montent en intensité au fur et à mesure que la guitare lead s'ajoute, que le jeu de batterie s'étoffe et que le tempo s'accélère rate l'essence même de ce qui fait le death metal, et certainement un des plus grands moments de la carrière de Death. Et encore ce n'est rien en comparaison de « Pull The Plug », LE morceau emblématique de la première période du groupe et dont l'inspiration harmonique entre 1:13 et 1:40 laisse aujourd'hui encore admiratif. C'est bien simple, si vous n'avez jamais hurlé « there is no hope, why don't you pull plug ? » à tue-tête, c'est que vous n'avez jamais écouté ce qui restera à jamais le titre de clôture des set-lists de Death en concert, qui gagnera au passage quelques minutes de leads, de tapping et de sweeps qui le feraient presque passer pour un morceau de prog si le refrain n'était pas aussi ancré dans les années 80.
Car malgré sa nouvelle dimension technique, l'utilisation fréquente de manière inconsciente de la gamme mineure harmonique – très probablement par mimétisme avec Mercyful Fate – Leprosy reste un album d'une efficacité extrême, dynamisé par des rythmiques simples portées sur l'efficacité, sans cette fois-ci verser dans la simplicité des premières heures floridiennes. Il faut avoir écouté cet album pour comprendre l'influence qu'auront eu des groupes comme Possessed et Watchtower sur Schuldiner, et sans évidemment parvenir à atteindre ce niveau de jeu il commencera à complexifier les solos et à implémenter des leads dans ses compositions, en leur imprimant au passage un sacré de coup de fouet tout en en épousant parfaitement leur dynamique, qui restera à jamais l'atout maître de Death ; écoutez donc « Forgotten Past » qui passe d'un brûlot terre à terre presque thrash à des sommets quasi-lyriques le temps d'un solo d'anthologie pour en être convaincu. Leprosy marquera autant son époque du point de vue musical qu'il marquera un progrès dans l'imagerie et, disons-le, la maturité et l'acceptabilité du death metal, en traitant certes de sujets graves mais bien réels, loin de l'univers horrifique adolescent de Scream Bloody Gore. Ainsi « Pull The Plug » traite de l'euthanasie, une thématique chère à Chuck dont il reparlera également avec « Suicide Machine », et « Choke On It » d'une histoire sordide d'immigrants morts étouffés alors qu'ils étaient entassés dans un wagon hermétique ou seul un petit trou permettra à un seul chanceux d'en réchapper.

En fait, comme ce sera le cas pour Spiritual Healing, c'est surtout la section rythmique qui pèche et peine en quelques occasions à toucher le génie des parties de guitare. Pour la petite histoire Terry Butler, qui n'avait qu'un an d'expérience de la basse lors de l'enregistrement de l'album, s'est avéré complètement incapable de jouer les parties basses que Chuck avait composées, c'est donc lui que l'on peut entendre sur l'album, ce qu'il ne révèlera qu'après la triste défection de l'intégralité du line-up, parti jouer en Europe sans lui en 1990, avec les conséquences que l'on sait. Pourtant, et assez étrangement, Bill Andrews fait ici une bien meilleure prestation que sur Spiritual Healing où il ne frappera la grosse caisse que sur le temps en ratant des accentuations faciles avec son jeu de cymbales anémique. Sur Leprosy le travail est correctement fait, parfois même avec talent (on pense notamment aux contre-temps de la reprise de « Open Casket » vers 3:00), et il s'avèrera même parfait sur le début de « Leprosy ». On regrette juste a posteriori qu'un batteur de la trempe de Reinert, Hoglan ou Christy n'ait pas été dans le groupe à l'époque tant les titres rendront merveilleusement avec eux aux futs lors des concerts.
Reste le cas Rick Rozz qui demeure le seul exemple de guitariste soliste techniquement moins bon que Chuck, vu que ce dernier a toujours cherché le challenge et le répondant chez son lieutenant. Alors oui, il fait un boulot correct et usera de ses forces, à savoir un usage quasi-systématique du vibrato et du legato pour sonner furieusement thrash là où Schuldiner restera constamment clean, mais on est quand même loin de l'émerveillement permanent qu'apportera James Murphy deux ans plus tard. Visiblement Rick Rozz n'était pas intéressé par le fait de progresser, et c'est pourquoi Schuldiner le virera avec pertes et fracas en 1989 en composant les débuts de Spiritual Healing. C'est Paul Masvidal qui assurera l'intérim lors des tournées au lieu d'aller passer l'équivalent américain du baccalauréat (oui, il était à peine majeur), le temps pour Chuck de recruter James Murphy, tout droit sorti de Agent Steel. Ironiquement, Rozz rejoindra Dark Angel, groupe avec lequel Death a avorté une tournée où l'ambiance était exécrable, les thrasheurs s'accaparant la majorité du temps de jeu et des cachets contrairement aux stipulations du contrat qui devaient tout diviser à parts égales, ce qui conduira à la première éviction du manager Eric Greif du giron du groupe, c'est fou comme l'histoire se répète.

Pour la majorité des fans Leprosy demeure le meilleur album de la première période du groupe aussi bien que le meilleur album de death old school de l'histoire, ce en quoi on ne peut que acquiescer. Ne souffrant pas encore des limitations techniques du tandem Butler/Andrews tout en apportant une touche de musicalité dans un monde de brutes, il connaîtra un beau succès d'estime avec 35000 exemplaires vendus aux États Unis en un an seulement malgré une mauvaise promotion. On est loin des 500000 de "Human" (Death technique) de Death">Human, mais ça paraît déjà énorme à l'heure du téléchargement roi, et malgré ça Death continuera à connaître de gros problèmes financiers. C'est aussi la première fois que le groupe enregistra au tout jeune Morrisound Studio, avec un Dan Jonhson aux manettes qui réalisera un boulot formidable de naturel et d'équilibre, lui qui a été aidé lors du mixage par Scott Burns, qui prendra d'ailleurs la relève par défaut pour le futur, Johnson n'étant plus disponible. Que dire d'autre d'un album qui aura marqué l'histoire ? Gigantesque influence pour l'univers du death metal, album le plus abouti de son temps, il demeure une influence considérable pour énormément de groupes, et pas seulement les plus primaires puisque les très expérimentaux Akercocke reprendront le titre « Leprosy » sur Antichrist en 2007. Loin du simple album de death metal facile à appréhender que certains veulent bien y voir, Leprosy reste encore aujourd'hui un des meilleurs albums de metal extrême jamais sorti.

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Death
Death Metal
1988 - Combat Records
notes
Chroniqueur : 10/10
Lecteurs : (51)  9.23/10
Webzines : (19)  9.13/10

plus d'infos sur
Death
Death
Sommet de l'évolution - 1984 † 2001 - Etats-Unis
  

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tracklist
01.   Leprosy  (06:19)
02.   Born Dead  (03:25)
03.   Forgotten Past  (04:13)
04.   Left To Die  (04:35)
05.   Pull The Plug  (04:25)
06.   Open Casket  (04:53)
07.   Primitive Ways  (04:20)
08.   Choke On It  (05:54)

Durée : 38:51

line up
parution
16 Novembre 1988

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