Vous en connaissez beaucoup des groupes de Hardcore avec derrière eux près de trente ans de carrière et ayant autant marqué les esprits que Converge ? On pourrait bien sur citer d’autres vieux de la vieille toujours en activité tels qu’Agnostic Front, Madball et Sick Of It All mais voilà, c’est à peu près tout ce qui me vient en tête aujourd’hui. Une liste réduite à peau de chagrin qui, quoi que l’on puisse penser de la qualité des derniers albums de chacun, ne doit pas faire oublier que ce sont ces groupes qui, à leur manière et dans des directions parfois diamétralement opposées, ont aidé à façonner la scène Hardcore durant toutes ces années. Un statut qui rend d’autant plus difficile toutes critiques envers les uns ou les autres.
De retour après cinq ans d’absence et l’excellent
All We Love We Leave Behind, Converge ne semble pas encore décidé à vouloir raccrocher les gants. Intitulé
The Dusk In Us, ce huitième album paru une fois de plus sous l’égide d’Epitaph Records se voit offrir un traitement encore plus indécent que ses prédécesseurs à coup de multiples éditions colorées et de merchandising à n’en plus finir (t-shirts identiques disponibles dans 15 coloris différents, coupe-vent, sweat-shirts, débardeur, pantalon de jogging...). Bref, Converge n’est pas qu’un groupe de Hardcore qui aura marqué son temps et son époque, c’est aussi devenu une machine à sous particulièrement bien huilée.
D’abord chauffé par trois extraits relativement convaincants ("I Can Tell You About Pain", "Under Duress" et "Reptilian"), je dois bien avouer que j’ai sérieusement déchanté lors du visionnage de ce clip affreusement niais réalisé pour "A Single Tear", opener qui semble cristalliser le plus mauvais du Metal/Hardcore des années 2000 avec en point d’orgue ce refrain saccadé embarrassant suivi de ce passage ultra "emo" à en faire couler son mascara. Mais bon, à bien y réfléchir, ce n’est pas la première fois que Converge me laisse sur le bord de la route lors des premières minutes. C’était déjà le cas sur l’album précédent avec un "Aimless Arrow" tout de même un peu plus réussi ainsi que sur
You Fail Me et le duo "First Light" / "Last Light". Pas de quoi s’inquiéter même si, quand même, j’insiste encore un peu sur le fait que ce morceau est sûrement l’un des plus mauvais écrit par Converge à ce jour.
Sauf que, et c’est bien là tout le problème, la découverte des douze morceaux suivants ne m’a pas particulièrement emballé non plus. Une sensation que je n’avais encore jamais connue avec Converge et que mes écoutes ultérieures ne feront malheureusement que confirmer. Par curiosité, j’ai donc cherché à savoir si j’étais le seul à le penser. Et il semblerait bien que oui. D’ailleurs, à en lire ces nombreuses chroniques élogieuses sur le sujet, il semblerait que Converge ait atteint le stade de la maturité à l’aide de compositions débridées et pleines d’originalité. Un avis que je suis loin de partager. Déjà parce qu’avec 27 ans de carrière, cela fait à mon avis belle lurette que Converge a atteint cette fameuse "maturité". Ensuite, parce que contrairement à ceux qui voient dans ces nouveaux morceaux une originalité débordante, j’ai plutôt l’impression de faire face à un enchevêtrement d’idées plutôt génériques et mal amenées dont certaines semblent avoir été empruntées à d’autres projets dans lesquels gravitent certains membres de Converge. Outre "A Single Tear",
The Dusk In Us est plein d’autres morceaux relativement anecdotiques sur lesquels il ne se passe pas grand-chose : "Arkhipov Calm" et ses riffs épileptiques qui tourbillonnent dans le vide, le title track et ses allures de titre Post-Rock longuet et prétentieux (même si la fin relève un peu le niveau), "Wildlife" et "Murk & Marrow" qui ne décollent jamais vraiment et dont on ne retient aucun riff en particulier ainsi que la vaporeux "Thousands Of Miles Between Us" qui m’ennui et n’apporte pas grand-chose... Bref, pas beaucoup de réjouissances là-dedans.
A l’inverse, il y a d’autres titres vraiment très bons. Certains qui n’ont rien de très original mais qui se montrent toujours très efficaces dans ce style propre à Converge ("Eye Of The Quarrel", "I Can Tell You About Pain", "Broken By Light" et "Cannibals"), d’autres qui sortent davantage du lot à l’image du très bon "Trigger" qui, en plus de revêtir des accents à la Unsane loin d’être désagréables (notamment à travers cette basse hyper expressive et ces mélodies vicieuses), propose un refrain bien ficelé et catchy qui vous attrape l’oreille et ne vous quitte plus. On n’oubliera pas non plus les excellents "Under Duress" et "Reptilian". Le premier parce qu’il se joue des mid-tempo avec panache et que ce refrain arraché et ses mélodies me renvoient au Converge des années 90 et à toute cette scène menée à l’époque par des groupes tels que Botch, Cave-In, Coalesce et autres Drowning Man. Le second pour sa construction en deux parties, son riff mélodique menaçant et ses notes qui derrière vibrent doucement auquel va venir se succéder un riff plombé idéal pour briser des nuques et un Jacob Bannon toujours au bord de la rupture.
Habitué à des standards plutôt élevés avec Converge (surtout après un excellent
All We Love We Leave Behind),
The Dusk In Us constitue aujourd’hui une réelle déception. Evidemment, il y a du bon tout au long de ces trois-quart d’heure et sur ce point, les Américains nous montrent qu’ils en ont encore sous le pied. Le souci est que ce huitième album est dans l’ensemble beaucoup trop inégal pour que cela puisse passer inaperçu. Surtout, maintenant que cette chronique est derrière moi, je sais que je n’y retournerai pas spécialement dans les semaines ou dans les mois à venir. Un signe qui trompe rarement.
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