Overkill + Suicidal Angels + Savage Messiah + Cripper

Le thrash est vraiment revenu à la mode! En deux semaines, deux concerts purement thrash se succédaient à Paris. Il y avait bien longtemps qu'on avait pas vu ça! Après avoir raté Evile et Warbringer, j'avais l'occasion de me rattraper au Nouveau Casino avec cette belle affiche regroupant les vieux briscards d'OVERKILL et les talentueux grecs de SUICIDAL ANGELS, ainsi que deux groupes que je ne connaissais pas SAVAGE MESSIAH et CRIPPER.

On commence à 18h30 avec les Allemands de CRIPPER qui ont la particularité d'avoir une demoiselle au chant. Plutôt pas mal la Britta d'ailleurs. Et c'est qu'en plus elle a des couilles puisque non seulement ses hurlements, agrémentés de quelques growls épars, impressionnent, mais elle ira carrément descendre de la scène après avoir sans succès inciter les gens à se rapprocher pour les pousser elle-même! Pas grand monde encore pour les Teutons mais le combo d'Hannovre n'en démord pas et envoie tout sourire son thrash metal moderne saupoudrés de quelques épices old-school. Rien d'extraordinaire mais très efficace, d'autant que le son est tip-top, comme souvent au Nouveau Casino. La frontwoman arrivera quand même à faire participer le public sur le titre "Fire Walk With Me" en reprenant les fire, fire du refrain entraînant. A noter que la formation n'a pas trop eu le loisir de bouger, la batterie étant placée très en avant de la scène pour laisser derrière le gros kit de Ron Lipnicki d'OVERKILL, ce qui sera le cas aussi pour les deux groupes suivants. Malgré tout, CRIPPER aura fait son boulot: chauffer la salle en attendant le plat de résistance.

Un quart d'heure plus tard, ce sont les Anglais de SAVAGE MESSIAH qui viennent fouler les planches. Et si CRIPPER m'ont paru sympathique, SAVAGE MESSIAH m'ont eux collé une bonne grosse mandale. Imaginez un mélange de Megadeth et Metallica de la grande époque, avec un guitariste/chanteur aux faux airs de notre rouquin préféré et vous avez SAVAGE MESSIAH. Les Londoniens signés sur Candlelight n'ont pas encore le feeling de ces deux géants mais on s'en approche avec un thrash metal old-school à la fois agressif, mélodique et parfois presque progressif (la magnifique "In Absence Of Liberty" et son solo bluesy par exemple) qu'un son très propre aura bien mis en valeur. Des riffs bien rentre-dedans à l'ancienne, d'excellents soli mélodiques et des lignes de chant mi-criées mi-chantées évoquant un Mustaine aux accents hetfieldiens, voilà les points forts des Britanniques. Ne leur manque plus qu'une vraie personnalité et à mon avis ils pourraient faire très mal!Dommage, la fosse n'a pas semblé être réceptive plus que ça à la musique de SAVAGE MESSIAH. Grosse découverte pour ma part et nul doute que leur album Insurrection Rising sorti en septembre dernier fera partie d'une de mes prochaines commandes!

On monte encore un cran au-dessus avec les Grecs de SUICIDAL ANGELS, principal raison de ma présence. Etonnant de voir le combo attendu par autant de fans alors qu'il n'y avait qu'une vingtaine de pèlerins à leur concert en première partie de Massacre à la Petite Loco en 2007! Il faut dire que leur signature chez Nuclear Blast et un très bon deuxième album Sanctify The Darkness leur a permis de conquérir un maximum de personnes. Et c'est donc logiquement qu'on sent SUICIDAL ANGELS plus à l'aise qu'il y a trois ans (je n'étais pas au concert de Kataklysm en début d'année) malgré le peu de place disponible sur scène. Et comme pour CRIPPER et SAVAGE MESSIAH, le son était excellent. Beaucoup plus de monde également attroupé devant avec les premiers pogos et slams de la soirée, une putain de bonne ambiance. Les Athéniens ont surtout joué des titres de leur dernier opus et je peux vous dire qu'ils prennent vraiment toute leur dimension en live. Du chuka-chuka à n'en plus finir, des riffs rapides, old-school et ultra efficaces, des soli torturés au vibrato, SUICIDAL ANGELS aura été sans problème le groupe le plus brutal de la soirée, avec en final un "Apokathilosis" dévastateur! De quoi donner une bonne leçon à leurs maîtres Slayer. TUERIE!

On devra patienter un moment avant de célébrer les 25 ans de la sortie de Feel The Fire, premier full-length des Américains d'OVERKILL, la bande à Blitz se faisant attendre un peu trop longtemps. C'est finalement avec 20 minutes de retard que le combo de la East Coast entre sur scène, à la plus grande joie d'un Nouveau Casino presque comble et transformé en fournaise pour l'occasion. On commencera malheureusement par une petite déception puisqu'OVERKILL aura le plus mauvais son de la soirée. Toujours plus audible que dans la plupart des concerts toutefois mais j'aurais aimé moins de basse et plus de guitares et de chant. A part ça, quelle putain de claque! OVERKILL fait partie de mes grosses lacunes en thrash (je n'ai qu'Horrorscope et ça me fait bander mou en plus...) et j'étais venu plus en spectateur curieux et attentif qu'en fan absolu. Autant dire que Blitz & Cie m'auront convaincu sans peine!

Pourtant, le thrash d'OVERKILL n'est pas forcément celui que je préfère, trop influencé par le punk, le hardcore et le heavy et pas assez fourni en chuka-chuka, rythmique hypnotique qui a le don de me mettre en transe. Mais le répertoire du combo d'outre-Atlantique est suffisamment varié et efficace pour adhérer dès les premières minutes. Et puis Bobby "Blitz" Ellsworth, quel phénomène! Un spectacle à lui tout seul, pas grave si les autres musiciens sont moins remuants et charismatiques. Un vrai singe qui bouge partout, avec un jeu de scène à l'ancienne porté sur le pied de micro, ainsi que des mimiques atypiques, tout comme sa voix de sorcière absolument jouissive! Seul reproche, le bonhomme s'absente à chaque passage instrumental de plus de 30 secondes. Je ne sais pas si c'est une habitude ou si c'était à cause de sa ceinture qui n'arrêtait pas de s'enlever mais ça casse un petit peu l'ambiance. Et puis les clopes, pas cool, et la loi Evin nom d'un foutre!

Ca n'a en tout cas pas eu l'air de déranger les Parisiens complètement acquis à la cause d'un OVERKILL plus de toute première jeunesse mais frais comme un gardon! Le quintette enchaîne ses tubes repris par tout le public ("Rotten To The Core", "Hello From The Gutter", "In Union We Stand", "Feel The Fire", "Gasoline Dream", "Elimination", "Wrecking Crew", "Fuck You" et j'en passe), déchaîné comme rarement (un peu trop je dirais même quand des slammers viennent envahir la scène, gêner les musiciens et foutre les micros par terre!)! On oublie pas le petit nouveau Ironbound qui vient de sortir, avec les trois premiers titres de l'opus présentés ce soir à savoir "The Green And Black", "Ironbound" et "Bring Me The Night". Des morceaux thrashy en diable qui font un véritable massacre en live! Je sens qu'il va vite finir dans mon escarcelle celui-là! Dernier cadeau avant de baisser le rideau après 1h30 d'un show intense, des billets verts de Monopoly à l'effigie d'OVERKILL qui tombent du plafond! Et moi, je me dis qu'il est vraiment temps que je me procure les vieux albums des Ricains. Merci pour cette soirée les gars!