chargement...

haut de page
Remontez pour accéder au menu
113 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer

Decapitated - Nihility

Chronique

Decapitated Nihility
Ah, cette belle année 2002, où après des mois de campagnes acharnées, des espoirs et toutes les chances de gagner sur le papier, une énorme surprise qui fit rire jaune environ 82% des français, advint. C'était décidé : il se retirait définitivement de la vie sportive professionnelle, le football français, après avoir fait un peu de tourisme en Corée du Sud. Moi je m'en foutais déjà, j'ai toujours été contre cette équipe de France de football, et de toute façon j'avais trop à m'occuper avec l'avalanche de tueries que cette belle année me proposait, et je ne parle pas seulement des émeutes au Gujarat, mais aussi des sorties de metal extrême qui foisonnaient. C'était notamment le retour de Decapitated, deux ans seulement après la sortie de l'excellent Winds Of Creation et alors que la mode du death polonais battait son plein. Les jeunes prodiges avaient déjà impressionné, mais ce n'était rien par rapport à ce qu'ils nous ont proposé avec Nihility.

Et oui, le travail abattu sur cet album a de quoi laisser sans voix, car même si le style de Decapitated est reconnaissable, les jeunes musiciens ont en l'espace de deux ans progressé autant sur le plan de la technique que de la composition d'une manière assez incroyable. Les titres sont moins fourre-tout, plus aérés et de facto moins brutaux, mais aussi beaucoup plus techniques, foisonnant de contre-temps et autres cassures rythmiques qui apportent une dimension de complexité supplémentaire à Nihility. Revers de la médaille, ce second album est moins furieux que Winds Of Creation, et est encore moins rapide que son aîné qui n'atteignait déjà pas des sommets de vitesse. Mais même un tempo moyen suffit à souffler l'auditeur quand les musiciens se mettent à jouer en parfaite synchronisation sur un riff comme celui de « Nihility (Anti-Human Manifest » de 1:20 à 1:50 où la précision diabolique de Vogg sur ce palm mute de doubles croches – technique souvent utilisée par Carcass, comme sur la reprise qui suit le solo de « Heartwork », mais pour un rendu bien plus impressionnant ici – n'a d'égale que la qualité du jeu d'un Vitek qui en deux ans a fait d'énormes progrès pour développer sa technique et varier son style. Rythmiquement parlant, cet album est un travail d'orfèvre, bien supérieur à tout ce que le modern death a engendré jusqu'à aujourd'hui, et qui pouvait en un sens laisser présager la tournure que prendrait le groupe avec Organic Hallucinosis. Mais Decapitated n'avait pas encore oublié ce qui fait l'intérêt du death metal, à savoir la mélodie, et même ce bijou de « Spheres Of Madness » qui allait devenir le morceau phare des polonais n'en était pas dépourvue, malgré son intro caractéristique (devenue depuis la musique d'intro de tous les DVD d'Earache) qui a presque de quoi faire trembler un Meshuggah au sommet de sa forme. Si les riffs sont effectivement moins fluides qu'avant, les leads sont aussi plus nombreux et méritent toutes les éloges, ne serait-ce que ceux qui suivent l'intro de « Spheres Of Madness » ou le magnifique tapping qui jalonne « Symmetry Of Zero », et les solos tiennent presque du divin. Les morceaux sont plus contrastés en leur sein, théâtre de cette bataille permanente entre saccade et fluidité, rythmique et mélodique ; le paroxysme des compositions étant généralement atteint quand tous ces éléments fusionnent en un riff dont seul Decapitated détient le secret (j'en reviens au refrain du magique « Spheres Of Madness »).

Tous les points forts de Decapitated se retrouvent aussi sur Nihility, et l'ensemble est d'une grande qualité ainsi que d'une extrême cohérence, bien que l'on puisse cette fois-ci distinguer sans peine les titres phares de l'album que sont « Spheres Of Madness » et « Symmetry Of Zero ». Toute la technique que les membres du groupe ont acquis n'a servi qu'à enrichir les compositions et à apporter un côté métronomique encore plus poussé à leur musique, qui est devenue plus complète. On retrouve toujours avec bonheur les vocaux de Sauron, si profonds (bien qu'un peu moins que sur le précédent opus) et puissants, qui apportent un dynamisme certain à des morceaux déjà franchement peu monotones. La production est elle aussi excellente, permettant à la guitare et la batterie de s'épanouir librement sans que jamais un instrument ou la voix ne couvre un élément de jeu. Elle laisserait même une place à la basse si elle décidait de ne pas suivre bêtement les guitares (ça a toujours été le point faible de Decapitated), bien que l'on puisse l'entendre à quelques reprises sur l'album et qu'on la devine aisément derrière les accords de Vogg et la grosse caisse de Vitek.

Alors que Lost Soul sortait le chef d'œuvre de l'histoire du death metal polonais avec Übermensch et Vader continuait sur sa formidable lancée avec un Revelations qui ne l'est pas moins, Decapitated finit de placer la Pologne sur un piédestal avec cet excellent Nihility. Voilà l'album le plus abouti de ceux qui furent à l'époque les jeunes loups du style : plus technique, plus marquant et mémorable, il n'obtient pas le 9/10 qu'il aurait mérité par le seul fait qu'il soit beaucoup trop court : 35 minutes seulement. Deux morceaux de plus n'auraient pas été de trop pour assoir définitivement son statut d'album magistral. Mais je ne vais pas trop me plaindre, ses deux successeurs ne faisant que diminuer tant en durée qu'en qualité avant le désastre que vous savez, je ne vais pas en rajouter une couche sur le dernier album des polonais. Mon amour pour un album si orienté sur le côté rythmique peut étonner pour ceux qui suivent un peu mes digressions diverses sur un style communément appelé le « modern death », et dont Nihility a été une influence (notamment pour Outcast, un des très rares groupes digne d'intérêt dans ce style). Mais il ne faut pas oublier le travail mélodique de Vogg, les variations salvatrices de Vitek, la voix exquise de Sauron, le jeu discret mais subtil de Martin, et tout simplement le fait que même la saccade de « Spheres Of Madness » est faite avec intelligence et discernement, ne répétant pas ad nauseam la même note. Un magnifique travail qui confirme franchement que, il n'y a pas à redire, 2002 restera la meilleure année de la décennie.

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Decapitated
Brutal Death
2002 - Earache Records
notes
Chroniqueur : 8.5/10
Lecteurs : (18)  8.25/10
Webzines : (17)  7.56/10

plus d'infos sur
Decapitated
Decapitated
Metal extrême moderne - 1996 - Pologne
  

tracklist
01.   Perfect Dehumanisation (The Answer?)  (05:25)
02.   Eternity Too Short  (04:32)
03.   Mother War  (04:08)
04.   Nihility (Anti-Human Manifesto)  (04:59)
05.   Names  (03:53)
06.   Spheres Of Madness  (05:13)
07.   Babylon's Pride  (04:15)
08.   Symmetry Of Zero  (02:36)

Durée : 35:01

line up
parution
19 Février 2002

voir aussi
Decapitated
Decapitated
Winds Of Creation

2000 - Earache Records
  
Decapitated
Decapitated
The Negation

2004 - Wicked World Records
  
Decapitated
Decapitated
Carnival Is Forever

2011 - Nuclear Blast Records
  
Decapitated
Decapitated
Organic Hallucinosis

2006 - Earache Records
  

Essayez aussi
Krisiun
Krisiun
Works Of Carnage

2003 - Century Media Records
  
Spectral Mortuary
Spectral Mortuary
Total Depravity

2011 - Deepsend Records
  
Mithras
Mithras
Worlds Beyond The Veil

2003 - Golden Lake Records
  
Aversion To Life
Aversion To Life
Ritualized Murder

2006 - Comatose Music
  
Nephren-Ka
Nephren-Ka
The Fall Of Omnius

2013 - Kaotoxin Records
  

Terror 2000
Faster Disaster
Lire la chronique
Critical Defiance
The Search Won't Fall...
Lire la chronique
Phantom
Handed To Execution
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Mai 2024
Jouer à la Photo mystère
Assylum
Far Beyond Madness
Lire la chronique
Karabiner
Unbeaten (EP)
Lire la chronique
Aborted
Vault Of Horrors
Lire la chronique
Atrophy
Asylum
Lire la chronique
Battlecreek
Maze of the Mind
Lire la chronique
Le DSBM, c'est RASOIR ou tu as ça dans les VEINES ?
Lire le podcast
Suicidal Angels
Profane Prayer
Lire la chronique
Fatal Collapse
Fatal Collapse
Lire la chronique
Reavers
Violator (EP)
Lire la chronique
Forbidden
Twisted Into Form
Lire la chronique
European Assault 2024
Diocletian + Hexekration Ri...
Lire le live report
Darkest Hour
Perpetual | Terminal
Lire la chronique
Terravore
Spiral of Downfall
Lire la chronique
Diabolus In Musica - Exposition Philharmonie de Paris
Lire le dossier
Forbidden
Forbidden Evil
Lire la chronique
Brodequin
Harbinger Of Woe
Lire la chronique
Invocator
Excursion Demise
Lire la chronique
Necromanteum EU/UK Tour 2024
Aborted + Carnifex + Revoca...
Lire le live report
Headless Hunter
The Undertaker
Lire la chronique
Exa
Left in Shards
Lire la chronique
Master
Saints Dispelled
Lire la chronique
Cryptosis + Cynic + Obscura
Lire le live report
Deliver the Suffering
Unleash the Chaos (EP)
Lire la chronique
Dissimulator
Lower Form Resistance
Lire la chronique
The Focus of a Valediction European Tour 2024
Cryptosis + Cynic + Obscura
Lire le live report
No Mercy
Widespread Bloodshed... Lov...
Lire la chronique
Nuclear Eric 50th anniversary show
Blackened + Funeral Desekra...
Lire le live report