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Morbid Angel - Illud Divinum Insanus

Chronique

Morbid Angel Illud Divinum Insanus
Et vous pensiez qu'Heretic était mauvais...



Ça, c'est la tête qu'on a tous fait quand les premiers extraits ont filtré. Huit ans qu'on attendait ce nouvel album de Morbid Angel, alors forcément, on est tombé des nues. Mais au fond, tout le monde le savait, c'était couru d'avance. Cette chronique d'Illud Divinum Insanus s'apparente dès lors à celle d'une déroute annoncée. Les choses avaient ainsi bien mal commencé dès l'annonce du remplacement de Pete Sandoval, souffrant du dos, par Tim Yeung. Rien de personnel contre l'ex-Hate Eternal mais Morbid Angel sans Pete Sandoval, ce n'est plus vraiment Morbid Angel. Ça se gâte quand les premières photos sont publiées avec un David Vincent en rock star et un Tim Yeung en pleine pose beau gosse, puis quand la pochette de l'opus est dévoilée, immondice moderne sans rapport avec l'essence du groupe. Mais ce qui a le plus marqué, ce sont les déclarations de Trey Azagthoth qui s'est dit très influencé par le gabber pour la composition d'Illud Divinum Insanus. WTF?! Je l'avoue, j'avais acheté une compilation de techno hardcore il y a bien longtemps (1997), croyant avoir à faire à l'autre hardcore pendant ma découverte du monde métallique (on est naïf à cet age là!). Hardcore Anthology que ça s'appelait, avec des trucs de dégénérés comme Mescalinum United, English Muffin, Loopzone 404, T.O.P.D.R.O.P. ou encore Hardsequencer. J'avais même plutôt accroché, ce qui m'est désormais impossible. Mais là on parle de death metal et lire le fondateur de Morbid Angel parler de hardtek, ça fait passer un frisson. Arrive enfin le jour fatidique, le 6 juin 2011, et la première véritable écoute de la bête...

Résultat: Illud Divinum Insanus est bien un album surprenant, pour être poli. Mais comme je n'ai pas envie de l'être, je dirais surtout qu'il s'agit d'un énorme foutage de gueule comme rarement j'en ai entendu. Morbid Angel a effectivement évolué et les influences indus, techno et autres (mauvaises) surprises sont bien présentes. Néanmoins, cette nouvelle approche n'est pas aussi marquée qu'attendu puisque les Américains proposent d'un côté des compos "expérimentales" et de l'autre des titres death metal dans la lignée de ce que faisaient les Floridiens à l'époque de Domination, sans pratiquement jamais mêler les deux. Tant mieux j'ai envie de dire vu mon aversion pour les sonorités technoïdes, mais ça sent plutôt l'évolution à moitié assumée. Preuve en est, le combo de Tampa ne joue que les morceaux les plus classiques en live.

Commençons par ce qui fâche, les morceaux "expérimentaux". L'intro "Omni Potens" n'en est pas vraiment un mais ses claviers qui se veulent sombres et menaçants et qui sont surtout kitsch à mort, ainsi que le côté répétitif (même pour 2'30), en font une entrée en matière assez pénible. Cela dit l'aspect répétitif n'est rien à côté de ce qui nous attend ensuite sur l'horrible "Too Extreme!" et ses boom boom techno pour décérébrés. Plus de 6 minutes de torture sonore interminable où il n'y a rien à sauver. David Vincent va même toucher le fond avec des "oha oha" ridicules. Ce genre de vocaux, on en retrouvera d'ailleurs tout le long de l'album dans des versions un peu différentes ("oh oh oh", "ah oh ah"...) mais toujours aussi risibles. Je voyais le retour d'Evil D comme une bénédiction et force est de reconnaître que je me suis bien planté. Plus que Trey et son amour pour la musique électronique, c'est bien Vincent qui a ruiné le comeback de Morbid Angel. Son chant se fait moins guttural, plus criard, plus poussif, plus rythmique, plus mainstream et le fait qu'il se prenne pour un crooner ou une rock star rend la chose encore plus difficile à avaler. Le bonhomme a encore un peu de coffre et n'est pas non plus toujours à la ramasse mais soyons clairs, il aurait mieux fait de rester avec sa grognasse dans Genitorturers au lieu de parasiter Morbid Angel avec ces influences néfastes. Quand on voit ce que Steve Tucker fait chez Nader Sadek, il y a de quoi avoir des regrets! Continuons la liste des atrocités avec en piste 5 le tube (sic) "I Am Morbid". Structure pop simpliste et raccoleuse, "Morbid, Morbid, Morbid" navrants scandés par le public en intro, riff principal minimaliste nullissime, voilà sans doute l'un des pires morceaux de l'album. On nage plus tard en plein délire sur "Destructos Vs. The Earth / Attack" avec du mid-tempo lourdaud ultra appuyé, du chant distordu robotique, des paroles débiles et des petits chœurs féminins ("Destructos", "Destructos") à pleurer de rire. Et dire que ça dure plus de sept minutes! Seule étincelle dans ce titre qui ressemble à une vaste blague, ce tremolo sombre bien fichu vers la fin. Un titre, au mieux, rigolo. Mais le pire est à venir avec le doublé final "Radikult"/"Profundis - Mea Culpa". Rien que le titre "Radikult" annonçait une catastrophe et effectivement, on dirait du Manson, sans exagération! Alors quand Morbid Angel sonne comme du Marilyn Manson, c'est qu'il y a vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond! Et comme les autres mauvais titres, "Radikult" dure en plus longtemps. Très longtemps même puisqu'avec près de 8 minutes, il s'agit de la piste la plus longue. Quant à "Profundis - Mea Culpa", son titre aurait pu suggérer que les Américains allaient présenter leurs excuses pour être tombé si bas et avoir déçu des centaines de milliers de fans qui attendaient Illud Divinum Insanus comme le messie. Pas vraiment, en fait. Pire, "Profundis - Mea Culpa" remporte la palme du pire morceau de l'opus. Sorte de "Hatework" technoïde saupoudré de quelques blasts hardtech à la The Berzerker, c'est la seule composition qui mixe un tant soit peu les deux visages death metal et indus/boom boom. À l'écoute de cette atrocité, on est finalement bien content que Morbid Angel n'ait pas métissé plus que ça sa musique. Là au moins, on a le droit à quelques bons morceaux.

Bons morceaux?! Aussi étonnant que cela puisse paraître après ce cassage en règle, oui, il y a bien quelques bonnes choses sur Illud Divinum Insanus. Croyez-moi, j'étais prêt à lui coller un 0 mais il ne le mérite pas. Du moins pas dans les faits parce que sur le principe, ce serait presque une note négative qu'il faudrait lui donner! Déjà, la production, puissante et claire, est finalement très correcte, bien meilleure que sur les extraits YouTube. Ensuite, les morceaux death metal se révèlent plutôt bons. On connait "Nevermore" depuis quelques temps maintenant et il fait clairement partie des meilleurs titres. Du riff groovy, véloce, evil et sombre et du blast (Tim Yeung n'est pas le plus mauvais à ce niveau), on reconnaît là le vrai Morbid Angel. On passera par contre sur la façon dont Vincent chante la fin du refrain (Nevermo-ooooo-re). "Nevermore" n'est pas tout seul puisque d'autres compositions remontent le niveau comme "Existo Vulgoré" qui, mises à part encore une fois certaines parties vocales douteuses de Evil D, propose tout ce qu'on aime chez Morbid (rha ce riff à 2'02!). Le titre suivant, "Blades For Baal" est du même calibre avec gros blasts et rythmiques thrashy jouissives. On baisse par contre en qualité sur "10 More Dead", morceau mid-tempo handicappé par tout un tas de défauts (chiant, mou, répétitif, riff saccadé bidon, chant et refrain irritants) et qui ne doit son salut qu'à une deuxième partie beaucoup plus vivace (accélération thrashie, blasts). Dernière composition à retenir, "Beauty Meets The Beast". Celle-ci comporte le meilleur riff de tout l'album. Un riff dark, mélodique et langoureux assez génial semblable à une valse pervertie. "Beauty Meets The Beast" aurait même pu prétendre à une place sur le podium s'il n'y avait pas, à nouveau, l'intervention d'un Vincent horripilant. Hors morceaux death metal, certaines séquences sympathiques noyées dans la médiocrité ambiante sont également à noter. Oui, même sur le ridicule "I Am Morbid" (le pré-chorus passe à peu près) ou l'excécrable "Radikult" (le tremolo à 3'17, le riff à 3'53 suivi d'un excellent solo et la lead à 5'40). Par contre sur "Too Extreme" et "Profundis - Mea Culpa", je confirme, rien à sauver. Mais la seule chose qui tienne véritablement la route tout du long d'Illud Divinum Insanus (et il est long le con, presque une heure!), ce sont les solos. Mais des solos plus heavy, moins cosmico-chaotiques que d'habitude chez les Américains. Le nouveau venu Destructhor (ex-Zyklon et Myrkskog) n'y est sans doute pas pour rien. Quoiqu'il en soit, s'il y a une chose à garder sur l'album, c'est bien ça!

Suffisant pour faire passer la pilule? Ce serait l'arbre qui cache la forêt. Illud Divinum Insanus reste une énorme déception, sans doute la pire que j'ai pu connaître musicalement. On ne pourra certes pas reprocher à Morbid Angel de ne pas évoluer et la volonté de ne pas stagner est toujours louable. Ce n'est donc pas le principe d'évolution que je condamne, mais l'évolution en elle-même. Ce que propose ici Gros bide Angel (et je ne fais pas ce mauvais jeu de mots à cause du t-shirt en Spandex de Vincent qui le boudine mais bien pour le flop retentissant qu'est cet album) n'a en plus rien d'innovant. Des tas de groupes se sont déjà essayés au mélange entre metal extrême et indus/techno/electro avec bien plus de réussite. Pour la première fois, le combo floridien semble avoir un train de retard, lui qui fût leader de toute une scène pendant une quinzaine d'années. Quant aux morceaux classiques, ils ne se démarquent qu'en raison de la piètre qualité des titres "expérimentaux". Ils restent tout à fait corrects mais auraient été les plus mauvaises pistes sur n'importe quelle autre œuvre des Américains (hormis Heretic peut-être). À l'instar de Cold Lake, Feel Sorry For The Fanatic ou Load, Illud Divinum Insanus fera date, mais pas comme le groupe l'aurait souhaité. Désolé pour cette chronique à rallonge d'ailleurs mais l'album déchaîne les passions, surtout la haine, on le voit bien sur tous les forums metal depuis des semaines. Et pour cause, Morbid Angel imposait le respect avec son death brutal et sombre à l'aura inspirée des Grands Anciens. Il fait désormais rire avec l'un des plus grands ratés de l'histoire. Season of Mist a toutefois tout prévu. Les malheureux qui ont acheté l'armoirie à 200€ pourront ainsi brûler les cierges vendus avec en mémoire du plus grand groupe de death metal de tous les temps! Qu'il semble loin le temps d'Altars Of Madness et Covenant...

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Morbid Angel
Boom Boom Pouet Pouet Death Metal
2011 - Season Of Mist
notes
Chroniqueur : 3.5/10
Lecteurs : (43)  3.52/10
Webzines : (42)  4.83/10

plus d'infos sur
Morbid Angel
Morbid Angel
Death Metal - 1984 - Etats-Unis
  

tracklist
01.   Omni Potens  (02:28)
02.   Too Extreme!  (06:13)
03.   Existo Vulgoré  (03:59)
04.   Blades For Baal  (04:52)
05.   I Am Morbid  (05:17)
06.   10 More Dead  (04:51)
07.   Destructos Vs. The Earth / Attack  (07:15)
08.   Nevermore  (05:08)
09.   Beauty Meets Beast  (04:57)
10.   Radikult  (07:37)
11.   Profundis - Mea Culpa  (04:06)

Durée : 56:43

line up
parution
6 Juin 2011

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