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Origin - Entity

Chronique

Origin Entity
Il va falloir un jour se décider à tenir des statistiques précises sur ce qu'il convient désormais d'appeler « l'effet Nuclear Blast ». Combien de groupes ayant été reconnus pour leur excellence ont été pris sous l'aile du label allemand avant de perdre en l'espace de quelques albums le charme de l'époque où ils n'avaient ni deadline ni objectifs de vente ? Après Behemoth, Nile, Arsis et Decrepit Birth pour ne citer que les plus marquants, il convient désormais d'ajouter Origin au roster du label faiseur de déceptions en chaîne. Et puisque c'est moi même qui ai chroniqué tous ces albums, je vais encore avoir l'impression de me répéter, en donnant même l'air de taper sur un label qui n'est certainement pas le seul responsable de ces mini-Bérézina à répétition. Pourtant après un quasi-parfait Antithesis on était en droit d'attendre un autre chef d'œuvre de la part des Américains, et ce malgré le départ de Jeremy Turner, qui n'avait que marginalement contribué à l'album et dont les compositions étaient légèrement moins bonnes que celles de Paul Ryan, et celui de James Lee qui, passablement bourré, était venu raconter au public à l'entrée du Nouveau Casino en 2008 qu'il avait découvert l'album en studio au moment d'enregistrer ses vocaux.

C'est bel et bien un Origin au visage nouveau qui se présente devant l'auditeur circonspect par la nature des modifications opérées, car ce ne sont pas tant les sonorités du groupe qui ont changé que les gimmicks de composition qui faisaient la force des deux derniers albums. On retrouve donc avec bonheur le trio Ryan/Flores/Longstreth qui arrive à jouer des choses incroyables à des vitesses qui défient l'entendement sans même que l'on s'en étonne plus que ça, alors que la barre des 300 bpm est allègrement franchie à plusieurs reprises – autrement dit, on est au delà des 20 notes à la seconde. Origin conserve sans aucun problème le statut de groupe le plus brutal de la planète (si vous souhaitez objecter en citant un groupe de goregrind, je vous prie de retourner sans délai dans l'hôpital psychiatrique duquel vous vous êtes échappé), et démontre une fois encore que les deux adjectifs de « brutal death technique » ne sont pas là par hasard. Même la perte de James Lee ne se fait pas plus ressentir que ça, puisque Paul Ryan et Mike Flores qui faisaient auparavant les backing vocals se partagent désormais l'intégralité des vocaux avec une intonation principale très proche de celle de Lee, et certes un peu moins de coffre et de puissance, mais sans en faire pour autant un motif d'insatisfaction.

Après le décrochage de mâchoire en règle que vous procurera le décorticage minutieux des compositions de Entity, c'est bien le goût amer de l'inachevé qui viendra freiner votre enthousiasme, car étrangement le trio du Kansas a décidé de ne plus suivre de schémas classiques sur la seconde moitié de l'album. Si « Expulsion Of Fury » qui fait plus office d'empilage de riffs efficaces que de titre véritablement structuré n'était déjà pas du grand Origin, c'est à partir de « Committed » que le bât blesse véritablement, les morceaux rentrant alors dans un étrange n'importe quoi structurel parfaitement déroutant et qui ne colle pas du tout à l'aspect rouleau compresseur du groupe. Le pire est bien entendu atteint d'emblée sur un heureusement court « Committed » avec son enchaînement de riffs de guitare aigus délibérément faux et désagréables à l'oreille. Les musiciens ont avoué vouloir s'essayer au grind et aux aspects jusqu'au-bout-istes du metal extrême et bien mal leur en a pris, ils auraient bien mieux fait de laisser ces exactions musicales aux handicapés du solfège venus du grindcore. Et que dire de la durée de certains titres que l'on remarque à peine, comme un « Purgatory » de 1:45 que la transition parfaitement inaudible avec « Conceiving Death » ne fera pas rentrer dans les annales ? Heureusement que les titres les plus faibles de Entity, à savoir « Committed » et « Banishing Illusion » ne fassent qu'à eux deux 3 minutes et demi, soit moitié moins qu'un plutôt bon quoique bien trop sage « Consequence Of Solution ». Plus globalement, c'est toute l'œuvre qui souffre de la comparaison avec son prédécesseur, entre un début d'album sympathique mais qui au mieux ne fait que jeu égal avec Antithesis, comme le plan ultra classique au début de « Swarm », et une fin franchement passable car manquant cruellement d'accroche ou prenant de trop grandes libertés avec le style du groupe. Ce qu'il y a de meilleur reste l'incroyable Saligia, où le groupe s'essaye à des pointes de vitesse et des plans parfaitement hallucinants, et le bonus track « You Fail », qui avec sa ligne de sweep centrale et son tapis presque incessant de grosse caisse n'est pas sans évoquer « Staring From The Abyss » ou « The Aftermath » : enfin un titre où Origin ne fait rien d'autre que du Origin...

Pour couronner le tout la production manque d'espace et ne laisse pas les morceaux s'exprimer pleinement, ce qui malgré un côté étouffant pas forcément mal venu ne permet pas aux accélérations d'être aussi explosives qu'elles le devraient. Pas étonnant dès lors que des compositions qui manquent parfois de dynamique ne soient pas aidées par un son qui ne l'est pas vraiment lui même. Rien de bien grave toutefois, mais la couleur de la production et le style des compositions font de Entity un album bien plus proche de Informis Infinitas Inhumanitas que de Echoes Of Decimation et Antithesis sans pour autant qu'il soit aussi constant dans la qualité qu'un « trois I » qui avait marqué son temps. Et c'est là le plus dommage : alors que Origin était en progrès constant depuis l'éponyme, ce nouvel album n'arrive pas à être meilleur que son prédécesseur. Alors certes, sur un plan purement technique le trio bat une nouvelle fois des records d'inhumanité, et sans tricher sur le résultat contrairement à certains groupes pro-tools qui commencent à fleurir depuis quelques années et rendent des copies minables en live. Mais sur le plan de l'intérêt musical, c'est la première fois que Origin déçoit, et avec « Committed » c'est également la première fois que j'ai envie de zapper un titre. Voilà un signe qui ne trompe pas et confirme que Entity est à ranger dans la catégorie des petites déceptions.

Bien qu'excellent par certains aspects (« Saligia » et « You Fail ») et satisfaisant la plupart du temps, Entity peut s'avérer parfois franchement médiocre (« Committed », « Banishing Illusion », ainsi que quelques moments de « Expulsion Of Fury ») et risque de déplaire aux fans de Origin qui cherchaient l'équilibre entre la furie sonore et la maîtrise mélodique des précédents opus. Mais tout dépend en définitive de ce que vous en attendez : si vous aimiez le côté rouleau compresseur et sans concession du groupe par dessus tout, vous ne serez pas vraiment déçu par un album aussi brutal qu'espéré. Quant à ceux que la déconstruction (ou l'absence de construction, je n'ai pas vraiment encore décidé) et l'expérimentation rebutent, ce qui paraît plutôt logique vu le style pratiqué, et bien pleurez, zappez quelques titres, ou attendez le prochain album. Loin d'être le chef d'œuvre escompté, ce nouvel opus de Origin n'est pourtant ni une trahison de l'esprit du groupe ni un mauvais album, ce qui laisse le champ libre au dernier Morbid Angel pour récolter une pluie de tomates pourries à la fin de l'année. Et dire que j'ai négocié cette chronique l'année dernière contre celle de l'ange morbide au nez et à la barbe de Keyser... Finalement, j'ai vraiment bien fait.

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Origin
Brutal Death Technique
2011 - Nuclear Blast Records
notes
Chroniqueur : 7/10
Lecteurs : (30)  7.6/10
Webzines : (31)  8.33/10

plus d'infos sur
Origin
Origin
Death Metal - 1997 - Etats-Unis
  

écoutez
tracklist
01.   Expulsion Of Fury  (02:50)
02.   Purgatory  (01:25)
03.   Conceiving Death  (04:00)
04.   Swarm  (02:15)
05.   Saligia  (06:52)
06.   The Descent  (01:31)
07.   Fornever  (02:09)
08.   Committed  (01:56)
09.   Banishing Illusion  (01:41)
10.   Consequence Of Solution  (07:09)
11.   Evolution Of Extinction  (04:43)
12.   You Fail!  (03:15)

Durée : 39:46

line up
parution
6 Juin 2011

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