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Orthanc - L'Amorce du Déclin

Chronique

Orthanc L'Amorce du Déclin
[ A propos de cette chronique ]

Ils m’avaient manqué, ces lyonnais revanchards, depuis leur compilation L’âge de raison sortie l’année dernière, ce vieux groupe fondé en 1995 et improductif à ses débuts jusqu’au milieu des années 2000, avec leur premier EP sorti seulement en 2004. Première cartouche d’une salve en progrès constant depuis cette sortie, 7 ans de réflexion représentait pour moi une bien belle offrande, pleine d’une sincérité engagée et fédératrice, à l’image de ces hymnes que sont « 732 » ou encore « Le Glaive », qui auront fait sur moi une impression éternelle, et ce malgré une réalisation et un son brouillons... c’est aussi ce qui fait le charme de leur premiers disques, en plus bien sûr de ces riffs à couteaux tirés, à l’image des monuments « La planète des singes » ou « Le bon pasteur s’endort » sur le premier album Aux Enfants de Thulée. Si l’opus de l’année dernière n’était qu’une compilation, on voyait déjà que les français avaient progressé, dans la réalisation comme la production. La batterie avait plus de punch, la guitare, plus de maîtrise et de puissance et enfin la basse, plus de lourdeur. Les plus attentifs l’auront compris, je parle bien sûr d’ORTHANC, cette flèche d’orgueil pointée vers les cieux tiré de l’univers de Tolkien et surtout les « persona non grata » de la scène française depuis quelques temps, qui signent un retour tambour battant cette année avec un beau digipack sorti chez Hass Weg Productions. Bel objet, déjà, si ce n’est une pochette assez moche à regretter… le livret est pourtant plus réussi, avec une utilisation pertinente de vanités baroques pour créer un effet sinistre et une aura nostalgique. Dommage quand même, mais enfin, c’est bien un des seuls défauts du présent disque à mes yeux.

Trêve de considérations générales sur un des groupes les plus détestés de France, c’est bien avec L’Amorce du Déclin qu’on pourra juger ou non de la qualité d’ORTHANC, et pas avec de futiles considérations extra-musicales, que beaucoup ont tendance à émettre sans aucune crédibilité. Nous sommes les vrais païens !, affirment les lyonnais avec véhémence dans un album qui mélange divers horizons Black Metal. Tantôt vindicatifs, avec un tempo rapide et du blast beat apocalyptique, tantôt mélancoliques avec un tempo ralenti très efficace, tantôt acoustiques ou épiques, bref, les français font passer par tous les états à l’écoute de ce nouveau disque varié, mais surtout par l’état de grâce. Honneur et gloire sont pour eux, quand on constate à quel point toutes les compositions sont inspirées et la maîtrise des musiciens évidente sur chaque riff. Pas un seul n’est trop long ou étiolé, le trio derrière l’entité ORTHANC gère ses morceaux avec merveilles en choisissant pour eux un agencement thématique très pertinent. Le rythme est ainsi très varié et l’auditeur de bonne volonté ne se lassera pas du disque puisqu’il se renouvelle toujours très bien. Nettement plus matures donc, nos hommes lancent l’assaut avec deux tueries, avec le titre éponyme et le génialissime « Une certaine forme d’élitisme », qui imposent déjà une intensité que Glaurung, Eurynome et Souffrance parviennent à maintenir durant tout le disque. Ces morceaux sentent bon les cales du port de Toulon qui aura fourni tant de bons groupes à la scène de France. Mais attention, en aucun cas le poisson n’est ici avarié, puisqu’ORTHANC joue (a toujours joué…) avec une vraie personnalité, ressentie à travers les voix d’Eurynome et de Glaurung, parfaitement complices. Si Eurynome n’a pas la personnalité vocale de Glaurung, bien qu’il apporte des lamentations poignantes à certains passages, c’est bel et bien le batteur qui fait la différence et qui impose cette touche avec ses hurlements caractéristiques. Ultra aiguë et criarde, sa voix se reconnaît parmi mille : certains détestent et détesteront toujours, d’autres, comme moi, apprécient à fond cette haine qu’il impose avec force pour cracher ses vers à la face du badaud. Cette engeance assez fade résume d'ailleurs assez bien la situation d'ORTHANC aujourd'hui.

Et puis diantre, avec ce son canon, ORTHANC fait des ravages ! Déjà, cette batterie bien puissante enterre tout ce que l’on a pu connaître des lyonnais à ce niveau. Leur travail sur le son paie, et c’est évidemment avec délectation qu’on appréciera ces riffs terribles qui ressortent à merveille, grâce notamment à ces coups de ride ravageurs, ce « ting ting » jouissif qu’on a pu connaître chez ces sulfureux groupes français des années 1990, SEIGNEUR VOLAND et KRISTALLNACHT en tête. Le blast beat est bien plus puissant qu’auparavant chez les français, et les breaks au charleston, pleins de finesse, sont absolument dantesques lorsque le Maréchal les utilise. La guitare de Souffrance trouve parfaitement sa place dans la nouvelle mouture du groupe, aucun déchet n’est à signaler et ce grain qui ressuscite ces combos cultes a tout pour séduire, de même que la basse d’Eurynome qui prend une importance nouvelle puisqu’elle ressort cette fois parfaitement dans le mix. Sans une technique ultra développée (mais bien plus professionnelle donc), ORTHANC parvient à créer des riffs surpuissants qui ont en eux une efficacité ravageuse, à l’image de morceaux comme « Une certaine forme d’élitisme » ou « Au paroxysme du rejet », harangues furibardes déchaînées. Mais c’est aussi par ses paroles qu’ORTHANC brille, par ces hymnes fédérateurs en français qui donnent au groupe une nouvelle dimension, lorsqu’il s’élève contre ces merdeux inconscient, chantre de l’idiotie / Pour qui la réflexion s’apparente au déni. Alliant légères touches d’humour (jamais envahissantes) et revendications révoltées et touchantes, les paroles constituent sur ce disque le noyau dur de l’univers du combo. Ayant encore renforcé son lexique (qui a toujours été jouissif pour les amoureux de la langue française, quoi qu’on en dise), la verve des lyonnais n’apparaît que plus pertinente. Certes, certains se reconnaîtront dans ces mots, d’autres non, mais force est de reconnaître qu'ORTHANC a considérablement progressé dans tous les registres, à commencer par là. L’ensemble parvient même à être hétérogène, et c’est assez rare sur un disque de Black Metal classique pour être souligné. Le morceau « Un détail de l’histoire » (ou même le plus enlevé « Nos temples sont les bois les plus sombres ») qui aborde le déclin du patrimoine national sans vouloir créer de polémiques outre mesure (c’est aussi là qu’on voit qu’ORTHANC a toujours développé un message mature, au passage), illustre parfaitement cette affirmation, quand on voit que le trio passe avec grâce d’un feeling mélancolique assez lent à un tempo incisif au blast beat asservissant.

La réussite des français se situe aussi au niveau de l’agencement des compositions. Incroyablement varié pour un disque de ce registre, L’Amorce du déclin présente par exemple sur ses dernières pistes une atmosphère païenne jouissive, avec l’utilisation, bienvenue, de guitares acoustiques et même de flûte ! Glaurung maîtrise bien cette instrument, en témoigne la terrible reprise du morceau « Le Glaive » (présent sur 7 ans de réflexion), dénonçant Jehova (Je ne suis pas venu apporter la paix, mais… LE GLAIVE !) sur fond d’accords et de soli désabusés fort bien exécutés pour qui apprécie ce genre d’ambiances. On voit que les français ont joué avec TEMNOZOR, le légendaire combo russe a dû bien les inspirer pour faire germer cette idée originale dans leur esprit et la réaliser avec brio. ORTHANC finit son œuvre avec un des meilleurs morceaux de son nouveau disque, « Ar Grasoù », qui s’illustre par son côté épique qui rappellera un vieil ABIGOR ou encore un vieux GRAVELAND. Attention bande de chafouins, aucune complaisance de ma part pour mes compatriotes, loin de moi l’idée de vouloir faire passer cette œuvre pour la tuerie de l’année même si elle en aurait largement les épaules! Reste que ce disque burné est séduisant, varié et terriblement efficace. Il y a bien longtemps que je n'avais pas entendu un disque de "Raw" Black Metal aussi efficace et aussi convaincant. Non, rien ne changera, ORTHANC sera toujours conspué par nombre d’auditeurs qui resteront insensibles à leurs temples, bois les plus noirs de France, et aux concepts qu’ils utilisent pour faire passer un message devenu crédible. Beaucoup préfèreront sombrer dans la hype des groupes à capuche nihilistes à deux roubles, préférant voir en ORTHANC un Black Metal générique usé jusqu’à la corde. Erreur, erreur… enfin, en attendant de voir cet excellent groupe bientôt annulé près de chez vous, penchez vous donc sur L’Amorce du Déclin, pour moi leur meilleur disque à bien des égards, pour comprendre au moins, plus que jamais, la légitimité de ce groupe sur notre belle scène hexagonale. Vous pourriez vous surprendre à être conquis dès la première écoute et à le refaire tourner illico presto une fois l’écoute terminée. Et pour d'autres, comme moi, cela dépassera largement la première écoute...

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Orthanc
Black Metal
2011 - Hass Weg Productions
notes
Chroniqueur : 8/10
Lecteurs : (7)  7.79/10
Webzines :   -

plus d'infos sur
Orthanc
Orthanc
Black Metal - 1995 † 2014 - France
  

tracklist
01.   L'amorce du déclin
02.   Une certaine forme d'élitisme
03.   Nos temples sont les bois les plus sombres
04.   Au paroxysme du rejet
05.   Un détail de l'Histoire
06.   Nourriture céleste
07.   Le glaive
08.   Ar grasoù

Durée : 42:15

line up
parution
11 Septembre 2011

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2014 - Hass Weg Productions
  

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