chargement...

haut de page
Remontez pour accéder au menu
95 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer

Enslaved - RIITIIR

Chronique

Enslaved RIITIIR
Après un Axioma Ethica Odini très réussi qui avait d'ailleurs reçu les louanges de votre webzine préféré via l'ami Ikea en 2010, finissant même parmi les « albums de l'année », les emblématiques et inloupables Norvégiens d'ENSLAVED reviennent, sponsorisés cette fois par Nuclear Blast, pour servir un RIITIIR (formule runique signifiant littéralement « Les rites de l'homme ») à l'artwork tout bonnement fabuleux. Ces trois mains tendues vers le ciel, implorant les dieux, ont tout pour attirer l’œil, la couleur somptueuse et originale du fond faisant le reste. Rompant avec le gris/bleu glacial de Vertebrae et Axioma Ethica Odini, cette tranchante illustration de Truls Espedal met idéalement en valeur la géniale musique que nous servent ici les Norvégiens, une fois encore. Faisant partie de cette génération qui a découvert ENSLAVED dans les années 2000, donc avec leur période plus progressive / atmosphérique, j'ai toujours considéré que les Norvégiens n'avaient jamais perdu leur âme viking et épique en évoluant vers un Black Metal plus « peaufiné » que leurs premières salves exceptionnelles comme Eld ou Frost pour ne citer qu'elles, offrandes qui me transportent tout autant que les albums tels que Monumension ou Below the Lights. C'est donc avec une énorme impatience que j'attendais ce RIITIIR qui faisait baver d'avance tous les fans actuels du groupe avec ces extraits excellents postés avant sa sortie finalement effective le 1er octobre en Europe.

En effet, les morceaux de bravoure que sont « Thoughts Like Hammers » et « Veilburner » ont dû tourner en boucle chez un certain nombre d’aficionados du combo car ils avaient clairement les épaules pour ça. Alors que le premier façonnait une atmosphère lourde et un tempo bien écrasant alternant avec des refrains aériens, le second révélait une envolée épique totalement maîtrisée à travers l'équilibre entre le chant Black Metal d'un Grutle Kjellson n'ayant pas pris une ride et le chant clair très émotionnel, une fois encore, de Herbrand Larsen. Ces extraits, anticipant déjà la qualité promise de RIITIIR, dessinaient déjà un album complexe, nécessitant un grand nombre d'écoutes pour appréhender la chair de ces riffs à la fois alambiqués et terriblement efficaces. Le chant clair, encore mieux exploité que sur Axioma Ethica Odini prend ici une nouvelle dimension, habitant tous les morceaux de son panache, ponctuant les passages plus intimistes (la sublime fin de « Forsaken » concluant brillamment l'album notamment) et portant certaines mélodies avec une efficacité certaine. A l'évidence, son chant est ici ultra travaillé et ses intonations ne tombent jamais dans la facilité comme elles pouvaient le faire dans un album comme Vertebrae.

Point de passages estampillés PINK FLOYD ici, ENSLAVED développe des atmosphères très personnelles, très dévouées, presque « religieuses » à leur manière. L'aspect rituel et païen de leur Black Metal remue le cœur dès « Death in the Eyes of Dawn », génial mid-tempo et bon exemple de cette dimension transcendante que prend ici Larsen : l'émotion qu'il met dans sa voix complète à la perfection les hurlements guerriers de Kjellson, prenant le morceau en sa possession dès les premiers riffs, « The creation I can't remember... » puis laissant à Larsen des messages fuyants et énigmatiques «  I see death in the eyes of dawn... » pour partager un magnifique refrain à deux : « Blinded are my eyes... » pour Larsen, suivi du poignant passage hurlé très viking « When will I remember ? When will I hear the call ? » pour Kjellson... Ce passage est AAAAARGHHHH ! Les 44 éjaculations du lotus blanc immaculé, là. Bref, ne pas se laisser emporter par l'enthousiasme, reprenons. En somme, le duo fonctionne à merveille, et ce sur tout le disque, à l'image de ce moment également partagé sur « Veilburner » : « Necessity / Carer, Killer ! » !

Oui, ENSLAVED est beau à en pleurer sur certains passages (on a dit quoi Geisterber ? Calme toi bon dieu on va te prendre pour un gay!) : tout est fait pour valoriser et sublimer leur aspect poignant et ce jusqu'à la batterie de Cato Bekkevold, divine, usant à tout va de cymbales crash et de double pédale solide sur les passages plus lents et soulevant des blasts ultra efficaces sur les passages qui le demandent. Et bien sûr, le riffing et les soli restent très intenses : ENSLAVED déverse un maelström mélodique explosif copinant parfois avec une dissonance classieuse et racée (sur les breaks intimistes de « Thoughts Like The Hammers » ou de « Death in the Eyes of Dawn » par exemple), éléments sans cesse remis en cause par le rythme du disque renouvelant à merveille l'ensemble et faisant passer la grosse heure de l'album pour une minute. Ce rythme est animé par de multiples cassures de rythmes sculptant soit des ralentissements rituels et profonds, comme la superbe transition lancée par le clavier sur « Forsaken » amenant le gros break lent final et les dernières minutes fatales du disque... soit des accélérations fulgurantes comme le refrain de « Veilburner », le blast final salvateur de « RIITIIR » ou encore celui qui lance le terrible morceau « Storm of Memories » sur le chemin de la grandeur. A quelques reprises, Ice Dale gratifie l'auditeur d'un solo, classique ou avec tapping ultra planant et jamais dans la surenchère, à l'image de celui qu'il envoie dans « Materal », phénoménal de beauté. Alors oui, certains gougnafiers pourraient presque trouver ça un peu surfait, trop propre ou trop parfait pour être réel, mais il n'en est rien : la maîtrise et l'humilité priment toujours chez ces Norvégiens qui ne nous décevront pas de sitôt !

De même, si la basse a toujours été un des points forts d'ENSLAVED de par la présence intemporelle de Kjellson dans le groupe, elle est ici en habits d'apparat. Ronde et piquante, présente sur chaque riff de Ice Dale et superbement mise en valeur par le son cristallin de la production aux petits oignons, elle apporte toute la classe que savent diffuser les grands bassistes, comme le montre le pont basse / batterie le terriblissime morceau « Roots of the Mountain », véritable apogée de l'album et osmose parfaite entre ce Black Metal bien vindicatif que savent encore très bien faire les Norvégien et ces passages atmosphériques ultra poignant qu'ils s'approprient d'albums en albums. C'est également sur « Roots of the Mountain » que les deux voix s'articulent le mieux, mélangeant à la perfection agressivité et mélancolie. RETENEZ MOI ! Mais bon dieu RETENEZ MOI de m'émerveiller sur le moindre coup de cymbale, sur la moindre note touchante ! Kjellson brille également sur l'introduction très psychédélique de « Storm of Memories » qui voit son rythme alambiqué porté à bout de bras par une basse bien survoltée ou encore sur le morceau éponyme « RIITIIR » ou sa partie est tout simplement démente. Notre homme contribue donc parfaitement à la richesse de ce disque, renforçant la limpidité du son, notamment dans les graves où la production s'impose comme parfaitement juste.

Vous dire que je manque de mots pour qualifier les huit perles de ce disque excellent s'avère donc un mensonge éhonté de ma part (ben ouais vu le pavé que tu viens de sortir, ça aurait pas été crédible crème d'emplâtre!) tant je dois courber l'échine devant cette qualité présente à tous les niveaux, aujourd'hui encore, chez des Norvégiens qui savent plus que jamais comment se renouveler malgré les grandes choses qui ont été réalisées précédemment. Même les quelques longueurs, péché mignon d'ENSLAVED sur ces sorties atmosphériques (pour RIITIIR, on pensera au début de « Materal » notamment) s'effacent immédiatement dans la mémoire une fois l'écoute terminée... je ne colle que très rarement un 9 à un album récent, mais là il faut se rendre à l'évidence les petits amis : RIITIIR s'impose comme un vrai chef-d’œuvre, dépassant d'assez loin les précédentes sortie du combo au moins jusqu'à Isa (2004) et mérite donc largement cette note canon et cette déclaration d'amour de ma part, agenouillé une épée à la main devant ces « rites de l'homme » menés avec une dévotion sans pareille. Si le groupe avait su se maintenir à un excellent niveau avec un précédent disque plus violent, il monte d'un cran en renforçant l'aspect atmosphérique de sa musique, la rendant personnelle et maintenant envers et contre tous cette richesse caractéristique. Maintenant, si vous me permettez, j'y retourne!

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Enslaved
Black Metal Progressif
2012 - Nuclear Blast Records
notes
Chroniqueur : 9/10
Lecteurs : (29)  8.83/10
Webzines : (50)  8.55/10

plus d'infos sur
Enslaved
Enslaved
Black metal progressif - 1991 - Norvège
  

vidéos
Thoughts Like Hammers
Thoughts Like Hammers
Enslaved

Extrait de "RIITIIR"
  

tracklist
01.   Thoughts Like Hammers  (09:30)
02.   Death In The Eyes Of Dawn  (08:17)
03.   Veilburner  (06:46)
04.   Roots Of The Mountain  (09:17)
05.   RIITIIR  (05:26)
06.   Materal  (07:48)
07.   Storm Of Memories  (08:58)
08.   Forsaken  (11:15)

Durée : 67:13

line up
parution
1 Octobre 2012

voir aussi
Enslaved
Enslaved
In Times

2015 - Nuclear Blast Records
  
Enslaved
Enslaved
Utgard

2020 - Nuclear Blast Records
  
Enslaved
Enslaved
Monumension

2001 - Osmose Productions
  
Enslaved
Enslaved
Axioma Ethica Odini

2010 - Indie Recordings
  
Enslaved
Enslaved
Heimdal

2023 - Nuclear Blast Records
  

Essayez aussi
Barús
Barús
Drowned

2018 - Memento Mori
  
Kaleikr
Kaleikr
Heart of Lead

2019 - Debemur Morti Productions
  
Ars Moriendi
Ars Moriendi
La singulière noirceur d'un astre

2014 - Archaic Sound
  
Code
Code
Augur Nox

2013 - Agonia Records
  
Zemial
Zemial
Nykta

2013 - Hells Headbangers Records
  

Album de l'année
Soulfly
Prophecy
Lire la chronique
Suicidal Angels
Profane Prayer
Lire la chronique
Fatal Collapse
Fatal Collapse
Lire la chronique
Reavers
Violator (EP)
Lire la chronique
Forbidden
Twisted Into Form
Lire la chronique
European Assault 2024
Diocletian + Hexekration Ri...
Lire le live report
Darkest Hour
Perpetual | Terminal
Lire la chronique
Terravore
Spiral of Downfall
Lire la chronique
Diabolus In Musica - Exposition Philharmonie de Paris
Lire le dossier
Forbidden
Forbidden Evil
Lire la chronique
Brodequin
Harbinger Of Woe
Lire la chronique
Invocator
Excursion Demise
Lire la chronique
Necromanteum EU/UK Tour 2024
Aborted + Carnifex + Revoca...
Lire le live report
Headless Hunter
The Undertaker
Lire la chronique
Exa
Left in Shards
Lire la chronique
Master
Saints Dispelled
Lire la chronique
Cryptosis + Cynic + Obscura
Lire le live report
Deliver the Suffering
Unleash the Chaos (EP)
Lire la chronique
Dissimulator
Lower Form Resistance
Lire la chronique
The Focus of a Valediction European Tour 2024
Cryptosis + Cynic + Obscura
Lire le live report
No Mercy
Widespread Bloodshed... Lov...
Lire la chronique
Nuclear Eric 50th anniversary show
Blackened + Funeral Desekra...
Lire le live report
No Return
Self Mutilation
Lire la chronique
Campaign for Musical Destruction Tour 2024
Master + Napalm Death + Pri...
Lire le live report
Monolyth + Përl + Nemost
Lire le live report
Electrocutioner
False Idols
Lire la chronique
Kaos 696 Winter War 2024
Helldrifter + Impiety + Nihilo
Lire le live report
Acid Force
World Targets In Megadeaths
Lire la chronique
Eradikated
Descendants
Lire la chronique
Bilan 2023
Lire le bilan
The Bleeding
Monokrator
Lire la chronique