Loudblast + The CNK + Destinity + Stoneburst + 314 Project

L'affiche est éclectique ce soir au CCO de Villeurbanne, mais ce n'est pas au nom d'un bancal débat sur la diversité très en vogue à l'heure actuelle que je me rends au concert mais plutôt pour combler une lacune impardonnable pour tout métalleux français qui se respecte, à savoir connaître les dinosaures de Loudblast et leur leader charismatique monsieur Stéphane Buriez !

Malheureusement l'heure quelque peu tardive de mon arrivée ne me permet pas d'assister à la prestation de 314 Project, side project de musiciens d'autres formations (God Damn, Mithridatic..) mais il faut bien l'avouer cela ne m'attriste pas plus que ça étant très peu en phase avec le hardcore !

Je fais alors mon entrée sur le dernier morceau de Stoneburst, jouant une reprise de Prodigy me souffle-t'on, le morceau est bon, le groupe bien en place... ah ben c'est fini. Première constatation le CCO est à moitié vide (à moitié plein pour les optimistes) d'où mon empressement à aller prendre une moitié de litre de bière, pleine cette fois, pour rétablir l'équilibre !

Il ne reste donc plus que les trois groupes majeurs de cette soirée et le premier à monter sur scène est Destinity, combo lyonnais que tout le monde ici, ou presque, connaît très bien. Le groupe envoie la purée avec un Thrash Death aux forts accents suédois qui donne envie de secouer la tête en rythme sur des palm mute usés jusqu'à la corde par quantité de groupes bons ou moins bons. Oui mais voila ça se gate, car si les morceaux débutent tous très bien, voila arriver le refrain en chant clair comme un cheveux sur la soupe, et cela sur TOUS les morceaux excepté Synthetic Existence qui date de 2005... Voila une bien triste évolution, de mon point de vue, pour un groupe qui a d'abord pratiqué un black symphonique intéressant, flirté avec un brutal death convaincant et aujourd'hui mélange le peu qu'il reste de ces époques avec le, unanimement conspué (en tout cas sur Thrasho), metalcore ! A cela s'ajoute des problèmes de son, apparemment liés au limiteur, une piètre explication quand on aura vu les deux groupes suivants, et c'est certainement plus du côté de l'ingé-son qu'il faut rechercher le problème car la batterie manque cruellement de "pêche", la double pédale étant quasiment inexistante dans le mix et le son des guitares fluctue bizarrement. Et toujours la même recette au fil des écoutes, début entraînant, chant clair pas forcément très bien exécuté qui plus est, solo tous irréprochables et fin entraînante. La bonne humeur et la sympathie des musiciens ne suffiront pas pour moi à les racheter de leurs égarements clairement opportunistes. Dommage !

Puis vient le tour de CNK, nouveau groupe de Hreidmarr, ex Anorexia Nervosa pour ceux qui auraient séché les cours de black metal, nouveau groupe, nouvelle ambiance ! Ici les guitares ne sont qu'anecdotiques, suivant le jeu d'un batteur qui prouve qu'il n'est pas obligé d'avoir dix toms différents et cinquante cymbales pour faire des choses intéressantes le tout sur des samples issus de la musique classique. Pour définir le genre, exercice un petit peu casse-gueule vu le groupe, je me risquerais donc à proposer l'appellation d'origine controlée Classical Indus Black. Une définition qui sied plutôt bien je pense à nos bouchers tout de blanc vêtus avec des uniformes allemands époque seconde guerre mondiale, du meilleur effet, et qui nous proposent des chansons militant pour la sauvegarde des boucheries chevalines. Comment-ça vous ne voyez pas le rapport ? En fait moi non plus, je trouve que le groupe multiplie les fautes de goût à tous les niveaux : costumes IIIème Reich pseudo provocants, discours sur la viande de cheval, samples classiques, "beats" electro et kalachnikov en main pour le dernier morceau... et Hreidmarr qui s'excuse du massacre sur une chanson qui à défaut de ne pas avoir perçu qu'elle était mal jouée m'a profondément donné envie de dormir. Je pense que le concert fût à l'image d'un groupe qui ne sait plus trop où il en est et qui à force de partir tout azimut se perd en chemin. Les anciens morceaux passent toujours très bien, je pense à Cosa Nostra Klub en particulier, mais semblent aujourd'hui décalés parmi des nouvelles compositions ayant presque complètement éclipsé cet aspect classique. Les bons moments retombent trop souvent à plat à cause de certaines longueurs et font de cette prestation une petite déception comparée à celle qu'ils avaient délivré un ou 2 ans plus tôt au Transbordeur.

Bon mais voila enfin le tour du groupe qui m'aura décidé à me déplacer en ce dimanche soir, en espérant que le niveau soit relevé car jusqu'à présent le constat est plutôt faible. Je ne vous ferai pas patienter plus longtemps en vous annonçant que Loudblast est la tête d'affiche de ce soir et on comprend aisément pourquoi tant le groupe est meilleur au niveau du jeu de scène, au niveau du son ou même des compositions. Mon jeune âge m'empêche malheureusement de reconnaître les anciens standards du groupe et c'est donc en total néophyte que j'assiste au show énergique de ces anciens combattants qui proposent un Thrash Death mid-tempo taillé pour la scène. Le groupe a un style bien à lui et, est une véritable machine à headbang avec ses riffs incisifs qui régalent l'assistance haranguée par maître Buriez dont le savoir faire est indéniable. Je peux tout de même affirmer aux anciens aficionados du combo qu'ils ne seront pas déçus avec leur nouvel album car je n'ai pas noté de changement radical entre les anciennes compositions et celles annoncées comme étant les dernières. Je pense par contre que ce type de metal a très peu de chance de faire des émules parmi la jeune génération car c'est un véritable voyage dans le passé que nous propose le groupe avec un son old-school et une manière de jouer, notamment à la batterie qui surprend aujourd'hui pour un groupe de death. En effet, les seuls blasts que nous aurons ce soir seront ceux scandés par la foule, "Loudblast, Loudblast...", le jeu du batteur étant assez peu rapide et manifestement très peu recherché ce qui est à mon avis (et oui la jeune génération c'est moi !) le principal défaut du groupe. Je joue le jeu de la critique jusqu'au bout même si malgré ce petit point noir j'ai vraiment apprécié la performance de Loudblast et rien que ça, ça valait le déplacement !