chargement...

haut de page
Remontez pour accéder au menu
178 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer
Behemoth - I... » Katalepsy - ... »

Paysage D'Hiver - Im Wald

Chronique

Paysage D'Hiver Im Wald
Mon avatar te laisse deviner à quel point j’aime Paysage d’Hiver. Comme son alter ego spatial Darkspace, les ambiances développées depuis l’origine par le combo suisse m’ont toujours envoûté, littéralement happé. L’univers de Wintherr me parle ; ses paysages désolés dessinent chez moi des images parfaitement expressives ; sa musique radicale – et le son qui l’accompagne – traduit des émotions en totale osmose avec le contenu proposé.

Comme je chéris tous les albums du groupe – et tous ses artworks sublimes, proposés en grand format, dans leur belle enveloppe noire par Kunsthall Produktionen – je vois toujours apparaitre un nouvel effort avec joie. Im Wald, le dernier venu donc, m’a de suite interpellé par une pochette, précisément, différente du style habituellement retenu. Si le noir et blanc reste de rigueur, le trait pastel / fusain s’est un peu atténué au profit d’une toile plus précise. Ce n’est pas le seul changement. La musique, d’une certaine manière, s’est également rendue plus accessible, comme le son, moins harsh que par le passé.

Im Winterwald et Über den Bäumen reprennent ainsi tous les codes stylistiques du groupe : la voix noyée dans le mix, l’impression constante de traverser un blizzard, les guitares acérées qui saturent l’espace sonore sans répit et toujours ces mélodies qui évoluent en même temps que la structure, qui semblent se mouvoir à mesure de l’avancée de la croûte terrestre. Tous les atours du groupe sont ainsi présents d’entrée : l’oppression, le caractère ultra hypnotique des titres, la sensation de solitude, la contemplation aussi. Mais – et c’est là tout le paradoxe de ce nouvel album – Paysage d’Hiver a rendu son univers plus accessible. Les mélodies sont plus aisément identifiables (elles se détachent parfaitement de la structure sur Alt par exemple). Les variations sont moins subtiles, moins fondues dans la masse que sur ses précédents efforts.

La rythmique, souvent chaotique, est également plus nette, plus « ordonnée ». C’est très clair sur Alt par exemple, où l’on distingue les éléments qui composent le titre, où l’on parvient presque à les décortiquer. De la sorte, il me semble que cet album est plus varié que ces prédécesseurs. Moins monolithique, d’une certaine façon, relative somme toute, les morceaux forment moins un bloc de granit, rapprochant un peu le combo suisse d’un autre groupe amateur de balade dans la tempête : Bekëth Nexëhmü. Au chaos oppressant – qui demeure en partie – Paysage d’Hiver a apporté une touche subtile de clarté. La folie permanente du groupe s’est ainsi enrichie d’une dimension un brin aérienne tout à fait louable.

Les interludes sont encore de la partie, longs par nature, dans un album qui l’est lui-même, on y reviendra. Ils participent parfaitement de l’immersion et de la contemplation dont je parlais juste avant. Le bruit du vent dans les arbres, la tempête qui se déchaine sur Schneeglitzern alors que de douces notes s’égrènent par ailleurs, offrent un rendu plein de sérénité et de désespoir mêlés. Wurzel, Eulengesang et Verweilen reprennent les mêmes codes un peu plus loin, jouant davantage sur l’attaque des guitares et le ton menaçant que sur la fragilité des ambiances pour le premier, alors que le second et le troisième, au contraire, laissent le blizzard se déchainer, se contentant de quelques notes détachées mimant la solitude absolue du promeneur prisonnier des glaces.

Avec Stimmen im Wald (le sixième morceau), on bascule vers la seconde partie de l’album, avec des chœurs inédits qui ouvrent le titre et qui accompagnent / soutiennent la rythmique par la suite. Le propos est plus « dur », plus violent, les mélodies sont relayées en arrière-plan, sans pour autant que l’emphase ne soit chassée car, de fait, à partir de là, l’album gagne en majesté. L’équilibre entre tous ces éléments est parfaitement établi, comme toujours chez Paysage d’Hiver, ce d’autant que le groupe ré-abuse, dès ce titre, des ponts centraux ultra ambiancés qui coupent et enrichissent le morceau. Ce titre atypique prépare la venue de Flug, autre morceau de transition, très long lui aussi (près de 12’) et qui ouvre sur de longues minutes de dissonances désespérées, traduisant l’isolement de l’homme perdu dans son jour blanc. Intégralement instrumental, le propos reste très dense, très intense mais gagne, comme sur Stimmen…, en atouts épiques et conquérants. Sublimes, ces titres – et Le Rêve Lucide qui les suit, dopé par un violon aussi magnifique que chaotique – dévoilent le voyage onirique dans lequel le combo suisse nous embarque. Toute la quintessence du groupe y est réunie en osmose : l’intensité, les mélodies qui tapissent le fond sonore, la reptation majestueuse de la structure, les ponts aériens/hypnotiques, les intros qui renvoient l’image d’un corps avançant dans la neige, sans espoir, tout ce qui fait la grâce et le cachet du groupe.

Enfin, dès Kälteschauer et ses plus de 12’, on bascule vers la troisième et dernière partie de Im Wald. Le groupe opère un retour aux sources, le son se fait plus harsh, l’ambiance plus radicale, la voix est tellement noyée dans le mix qu’elle semble disparaître au gré du vent, emportée par les rafales de neige. L’impression, comme toujours, est saisissante. Weiter, immer weiter et surtout So hallt es wider, pièce maîtresse de près de 20 minutes, ralentissent le tempo pour poser des atmosphères définitives, qui sonnent comme la fin du voyage. Le corps, épuisé, attend l’étreinte glaciale ; son esprit n’est déjà plus parmi les vivants, happé par l’Âme des montagnes. Le promeneur n’est plus ; il a intégré le paysage et contemple à son tour l’immensité blanche. So hallt es wider : il fait écho… ne saurait mieux dire.

Il m’a fallu du temps, beaucoup de temps et d’écoutes pour apprivoiser cette bête de plus de 2 heures. Et le temps m’a donné raison. Cet album est magnifique pour qui saura s’y immerger, pour qui saura s’y perdre et se laisser emporter. Synthétisant tout ce qui fait la grandeur de Paysage d’Hiver, Im Wald est plus encore : le témoignage d’une carrière sans fausse note.

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Paysage D'Hiver
notes
Chroniqueur : 9/10
Lecteurs : (4)  9.13/10
Webzines : (3)  7.39/10

plus d'infos sur
Paysage D'Hiver
Paysage D'Hiver
Black metal - 1997 - Suisse
  

tracklist
CD 1:
01.   Im Winterwald  (09:33)
02.   Über Den Bäumen  (10:28)
03.   Schneeglitzern  (04:08)
04.   Alt  (10:23)
05.   Wurzel  (03:18)
06.   Stimmen Im Wald  (09:54)
07.   Flug  (11:37)

CD 2:
01.   Le Rêve Lucide  (12:28)
02.   Eulengesang  (03:06)
03.   Kälteschauer  (12:21)
04.   Verweilen  (02:20)
05.   Weiter, Immer Weiter  (11:19)
06.   So Hallt Es Wider  (19:24)

Durée : 120:19

line up
  • Wintherr / Chant, Guitare, Basse, Batterie, Synthétiseur

parution
26 Juin 2020

voir aussi
Paysage D'Hiver
Paysage D'Hiver
Geister

2021 - Kunsthall Produktionen
  
Paysage D'Hiver
Paysage D'Hiver
Das Tor

2013 - Kunsthall Produktionen
  
Drudkh / Paysage D'Hiver
Drudkh / Paysage D'Hiver
Somewhere Sadness Wanders (Split-CD)

2017 - Underground Activists
  

Essayez aussi
Sodality
Sodality
Gothic

2020 - Dauthus 1899
  
Candelabrum
Candelabrum
Necrotelepathy

2016 - Altare Productions
  
Obscurité
Obscurité
Contemplation

2014 - Ossuaire Records
  
Slidhr
Slidhr
The Futile Fires Of Man

2018 - Ván Records
  
Lifvsleda
Lifvsleda
Sepulkral Dedikation

2022 - Norma Evangelium Diaboli
  

Album de l'année
Tankard
Kings Of Beer
Lire la chronique
Phantom
Handed To Execution
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Mai 2024
Jouer à la Photo mystère
Assylum
Far Beyond Madness
Lire la chronique
Karabiner
Unbeaten (EP)
Lire la chronique
Aborted
Vault Of Horrors
Lire la chronique
Atrophy
Asylum
Lire la chronique
Battlecreek
Maze of the Mind
Lire la chronique
Le DSBM, c'est RASOIR ou tu as ça dans les VEINES ?
Lire le podcast
Suicidal Angels
Profane Prayer
Lire la chronique
Fatal Collapse
Fatal Collapse
Lire la chronique
Reavers
Violator (EP)
Lire la chronique
Forbidden
Twisted Into Form
Lire la chronique
European Assault 2024
Diocletian + Hexekration Ri...
Lire le live report
Darkest Hour
Perpetual | Terminal
Lire la chronique
Terravore
Spiral of Downfall
Lire la chronique
Diabolus In Musica - Exposition Philharmonie de Paris
Lire le dossier
Forbidden
Forbidden Evil
Lire la chronique
Brodequin
Harbinger Of Woe
Lire la chronique
Invocator
Excursion Demise
Lire la chronique
Necromanteum EU/UK Tour 2024
Aborted + Carnifex + Revoca...
Lire le live report
Headless Hunter
The Undertaker
Lire la chronique
Exa
Left in Shards
Lire la chronique
Master
Saints Dispelled
Lire la chronique
Cryptosis + Cynic + Obscura
Lire le live report
Deliver the Suffering
Unleash the Chaos (EP)
Lire la chronique
Dissimulator
Lower Form Resistance
Lire la chronique
The Focus of a Valediction European Tour 2024
Cryptosis + Cynic + Obscura
Lire le live report
No Mercy
Widespread Bloodshed... Lov...
Lire la chronique
Nuclear Eric 50th anniversary show
Blackened + Funeral Desekra...
Lire le live report
No Return
Self Mutilation
Lire la chronique