Pour sa 15ème édition, le Motocultor Festival proposait de se retrouver du 15 au 18 août 2024 au centre de la Bretagne, plus précisément à Carhaix-Plouguer (Karaez en breton), sur le même site que celui des Vieilles Charrues). Thrashocore vous fait part de quelques anecdotes, de ses tops et de ses flops pour cette version 2024.
109 formations et 4 scènes ; cela demande un peu d’organisation ! Pour vous expliquer le fonctionnement, 2 scènes jouent en même temps, pendant que les 2 autres sont en préparation pour les concerts d’après. Certaines sont en plein air, celles appelées
main stage, tandis que les 2 autres sont sous de vastes chapiteaux. Le site étant à taille humaine, les 5 minutes de battement entre chaque groupe sont largement suffisantes pour aller d’une scène à l’autre, surtout que les
shows s’arrêtent généralement quelques minutes avant l’heure indiquée. C’est donc un premier bon point, car il est possible d’assister au
live suivant sans courir ni en rater le début. Bon, comme 2 groupes sont toujours programmés en même temps, ce n’est bien sûr quand même pas théoriquement faisable de tous les voir. On peut au maximum profiter de la moitié de l’affiche, sauf si on fait le début de l’un et la fin pour un autre, ce qui reste jouable.
Petit truc pour le
Thrasho lecteur qui aurait la flemme d’étudier à la loupe la répartition des artistes par lieu, sachez que la majorité du Metal extrême se trouve sur la Supositor Stage.
Parlons styles justement. Ce qui nous intéresse le plus (Black, Death, Grindcore, Thrash) représente un petit tiers de le programmation, viennent ensuite les 20% de Rock, Stoner Rock & Punk Rock, 12% de Hardcore, Metalcore & Deathcore, ensuite chacun environ 5% pour le Post-Metal/Postcore, Heavy & Power Metal, et Pagan/Folk. Le gros reste étant très varié : Indus, Gothic, Electro, Rap... De mon côté, j’ai vu 44 groupes dont la moitié de Metal extrême, pas mal de Post-quelque chose et un peu de Folk/Pagan. Je vais essayer de tous les citer en développant quand il y a matière, surtout pour ceux qui auront le plus retenu mon attention. Par facilité de lecture, je vous propose de les aborder en 5 rubriques (1. Valeurs sûres qui assurent / 2. Bonnes surprises et découvertes coup de cœur / 3. Déceptions et pas mon goût / 4. J’ai aussi vu… / 5. Pas vus), chacune déclinée par courant musical.
1. VALEURS SÛRES QUI ASSURENT
Grindcore & Death Metal
INHUMATE et
KRONOS
Ces formations des 90’s, pour lesquelles je n’avais aucun doute, sont mes deux plus grosses claques du festival. Leurs performances sont d’autant plus notables que les mecs réussissent à mettre le feu en passant le midi ! Comme ces entités viennent toutes deux du Grand Est, je précise que je n’ai aucun lien avec cette partie de la France, je ne suis donc pas influencé par un éventuel chauvinisme régional ;-). Un autre point commun entre les deux est la reconnaissance honnête qu’ils vouent à leur public : « On ne serait rien sans vous » les entendons-nous dire. Ce qui les différencie est le point dans leur carrière puisqu’
INHUMATE a annoncé arrêter en 2025 (voir
l’interview) alors que
KRONOS s’est reformé l’année dernière.
Les dernières occasions d’entendre
live les Alsaciens sont donc à chérir et je me place au 1er rang afin de ne rien rater du spectacle. La
main stage du Motocultor change des petites salles dans lesquelles je les ai vus et ils en profitent. Christophe (le chanteur) arpente le bois de long en large, saute sur et cogne ses partenaires, alors que Fred (à la basse) a tout loisir de courir autour de la batterie. Ils ne font pas les timides pour leur 1ère en Bretagne et ça se voit qu’ils se font plaisir. Les grimaces légendaires de Christophe sont accompagnées de ses rires/pleurs de schizophrène et ça saute dans tous les sens. Petite pause pour expliquer qu’on les prend pour des
freaks mais qu’ils s’en foutent, avant de faire appel au dieu du Grindcore pour faire stopper la pluie (l’excellent titre « Grind God », extrait de l’album « Growth »). C’est vrai que le crachin fait des siennes et que
circle pit et
pogos se déroulent sur terrain glissant. Mais bon, je vois que cela ne dérange pas tout le monde puisqu’un mec s’amuse à se jeter au sol pour glisser dans la boue. Il est maintenant temps que Christophe demande la préparation d’un
wall of death et qu’il descende en se positionnant au milieu des deux camps. Il ajoute avec bravoure et amusement « C’est moi la cible ». Je vous laisse imaginer la suite… (la vidéo est disponible sur leur page Facebook pour les curieux). Des compères à revoir tant que cela est encore possible, qui sont longuement applaudis.
Photo d’INHUMATE
Déjà pas mal de buveurs de bière se présentent quand le quintette vosgien enclenche la diffusion d’un
sample de chœurs avec ambiance martiale et épique. Cela en donne des frissons et fait rappliquer les autres festivaliers qui errent un peu partout sur le site. On sait ce que cela donne lorsque le Titan se déchaîne (cf.
live report à l’Empreinte). Ce que je découvre ce jour, c’est que leurs solos de guitare et de basse galvanisants remettent d’aplomb, soignent la gueule de bois et redonnent la gniaque. Ainsi je suis témoin de
circle pit et de
pogos à 12h30, le dimanche (4ème jour)… ! On nous annonce à présent une chanson douce mais c’est pour nous balancer une compo limite Grindcore ; un kakémono s’en pète la gueule ! Le chanteur et tous les musiciens sont bons, c’est carré. Ils nous ont délivré une prestation parfaite, monstrueuse et exceptionnelle !
Photo de KRONOS par Seiko Cat's (@seiko_cats)
DEICIDE et
INCANTATION
Du monde pour accueillir ces vétérans américains du Death Metal. Le batteur de
DEICIDE se lève pour symboliser une croix retournée avec ses baguettes et c’est parti pour une heure de blasphème. Ils commencent avec « When Satan Rules His World » de « Once Upon the Cross », ce qui me touche particulièrement comme je les ai découverts avec cet album de 1995. De ce disque, ils jouent également « They Are the Children of the Underworld », ainsi que le titre « Once Upon the Cross ». Il faut tout de même promouvoir «
« Banished by Sin » donc les Floridiens nous en servent quelques extraits, dont « Sever the Tongue ». Comme s’il le fallait, je remarque que la voix mythique de Glen est renforcée par le soutien de celles des deux guitaristes, ce qui déculpe sa puissance. Il n’en faut pas plus pour déclencher
pogos,
circle pit (pas besoin de quémander) et jets de gobelets, surtout quand ils nous ressortent d’encore plus vieux classiques (qu’est-ce que ça bouge sur « Sacrificial Suicide ») tels que le « Dead by Dawn » qui transcende toute l’audience. Du haut niveau !
J’ai moins poncé la discographie d’
INCANTATION mais leur
show du jour me donne envie de sérieusement me repencher dessus. L’intro « Book of the Dead » donne le « la » et puis ça commence à jouer, très lent et… lourd ! Des extraits des classiques « Mortal Throne of Nazarene » et « Diabolical Conquest » font que ça se met rapidement à tourner et
pogoter dans le
pit. Il a beau être 15h00 et on a beau toujours se trouver sous le crachin, l’agitation des festivaliers continue pendant les 40 minutes du
set (avec quelques gamelles à cause de la boue). Les quatre Américains restent statiques, c’est la seule chose que je pourrais leur reprocher. Peut-être en fait aussi la façon dont ils s’adressent à nous : « French frogs » et « French motherfuckers ». En tout cas musicalement, il n’y a rien à dire, c’est ma came et c’est bien fait, les solos du guitariste
lead sont d’ailleurs excellents.
DEICIDE le jeudi,
INCANTATION le vendredi, on est gâté. Dans le genre du second, il ne manquerait plus qu’
ASPHYX et
AUTOPSY pour être comblé !
Photo d’INCANTATION
Black Metal
ROTTING CHRIST
Dimanche, jour de la messe. Sauf qu’il est 21h00 et que le quartet grec instaure une ambiance plutôt messe noire pour poser le cadre. Leur 1ère à Carhaix semblait attendue car un
wall of death se met en place rapidement, avec un volontaire placé seul au milieu pour attendre le déferlement (quel courage !). « Like Father, Like son », troisième piste de
« Pro Xristou » (leur dernière fournée qui date de mai) est jouée pour nous en exclusivité, ce qui entraîne un second et plus grand
wall of death, suivi d’un imposant
circle pit. C’est dur d’être déçu, leurs compositions sont quand même bien foutues, c’est diaboliquement rythmé et écrasant en
live. Je suis néanmoins à deux doigts de les faire glisser de la rubrique « Valeurs sûres qui assurent » comme ils font frapper des mains, ce que je ne trouve pas
evil du tout et pas cohérent avec l’image
dark du groupe... Mis à part ce détail, je recommande et faites-vous plaisir, ils vont entamer une tournée avec plusieurs dates en France en octobre !
GRIFFON
À l’image des anciens de
ROTTING CHRIST, les jeunes Parisiens entament leur
show avec une ambiance religieuse. Quand je dis « jeunes » c’est dû à la comparaison car ils ont quand même déjà plus de 10 ans d’existence, leurs productions sont de qualité et leurs concerts une bonne expérience. D’où leur place assumée dans cette rubrique des « Valeurs sûres qui assurent ».
Pour ce dimanche, ils se présentent habillés de façon similaire au
concert des 10 ans, et la
setlist est d’ailleurs comparable. La grande différence réside dans le nombre de spectateurs puisqu’ils passent d’un événement volontairement confidentiel sur une péniche de moins de 100 personnes à La Prairie de Kerampuilh et ses milliers de festivaliers ! La taille de la Supositor Stage permet à l’expressif et déchirant Aharon (le chanteur) de se déplacer davantage et lorsqu’il le fait de façon assez lente, je relève que cette démarche n’est pas sans rappeler celle d’un certain Gaahl. Tout comme pour
DEICIDE, les guitaristes accompagnent le vocaliste, ce qui fait tout son effet. Je regrette juste que les passages parlés ne soient pas tout le temps très audibles. Le refrain «
Et maudite soit la guerre (faisant d’ailleurs écho au message des Ukrainiens de
1914 vus le vendredi) du
single « L’homme du Tarn » fait mouche à nouveau et ça
headbangue devant. Un succès mérité au regard du niveau de leurs compos et du concept développé (réflexion sur l’organisation sociale et politique des communautés humaines via une approche historique.). Les 40 petites minutes sont passées inaperçues et ça m’a ensuite bien fait plaisir de voir la longue queue à la séance de dédicaces.
Photo de GRIFFON par Seiko Cat's (@seiko_cats)
2. BONNES SURPRISES ET DECOUVERTES COUP DE CŒUR
Black, Death & Doom
C’est sur un fond d’hurlements de loups que le Black Metal à capuche d’
UADA se met en place. Après une longue musique d’ambiance, les Américains nous jouent « Snakes & Vultures », le
single de leur 2ème album dont le clip avait fait pas mal de vues sur les réseaux sociaux. Mélodique et entraînant, je l’avais encore en tête le lendemain sous la douche, un bon signe ;-). C’est tellement mélodique que deux filles à côté de moi se mettent à danser. On entend de longs passages instrumentaux mid-tempo typiques de cette scène du Pacific Northwest mais aussi des accélérations, qui provoquent les premiers
pogos et
slams du festival.
Photo de UADA par Pauline Félix
Les Ukrainiens de
1914 se pointent en tenue rappelant le début du siècle dernier et plusieurs de leurs titres sont introduits par des sons de champs de bataille. C’est normal car leur truc, c’est la Première Guerre mondiale. Malheureusement ils savent de quoi ils parlent quand il s’agit de guerre et d’ailleurs, ils sortent leur drapeau national (une personne du public en exhibe également un) et partagent quelques commentaires « Fuck war, imperialism, Russia & Poutine ». Le batteur nous remercie en français pour le soutien de notre pays à son peuple. Peu après, un petit attroupement se crée lorsque le chanteur descend frayer la foule pour lentement déambuler parmi nous. Pour revenir à la musique, leur Black Metal teinté de Doom me fait un très bon effet. Il n’est bien sûr pas propice aux
pogos mais ça
slamme quand même.
Photo de 1914 par Oliver Maiden
Le quatuor
RüYYn installe immédiatement une ambiance très noire et va étancher ma soif de Black Metal. Un soin est apporté à la partie visuelle : les membres se présentent maquillés de noir avec une bande dorée qui traverse leur visage de haut en bas, et la scène est animée et décorée (des flammes surgissent de chaque côté de la batterie et leur
backdrop ainsi deux kakémonos reprennent leur logo ou un grand « Y », le tout doré sur fond noir). Niveau
setlist, on me souffle qu’il s’agirait de l’intégralité de leur album
« Chapter II: The Flames, the Fallen, the Fury », opus qui inclut une batterie rouleau compresseur et un long moment instrumental qui plait visiblement bien en
live. Beaucoup de charisme en ressort, je crois qu’on est un peu hypnotisé, à tel point que les festivaliers en restent immobiles. Un vrai coup de cœur de mon côté, je demanderais juste à l’organisation de les programmer le soir pour une prochaine fois, afin d’accentuer l’ambiance occulte et malsaine car c’était moins adapté en milieu d’après-midi.
Photo de RüYYn par Aurelie P - Photography
Les Brésiliennes de
CRYPTA annoncent la couleur en français : « On est venu pour jouer du Death Metal ». Cet effort est apprécié, ainsi que leur prestance scénique. Comme sur les photos officielles, elles sont parées d’un ensemble cuir noir et bandeau rouge. Elles sont mobiles, à l’évidence heureuses d’être ici et leurs grimaces gagnent vite notre sympathie. Les deux guitaristes assurent avec leurs nombreux solos bien inspirés, et les passages lourds et sombres leur assurent la ferveur du public. La chanteuse-bassiste arrive à faire
clapper des mains pendant un
break, un
circle pit part sans que rien ne soit demandé et on ne compte pas les
slams. Un ultime
circle pit s’observe à l’annonce du dernier titre... Elles ont beau être souriantes, ces filles sont
badass !
Photo de CRYPTA par Pauline Félix
Bien que le Stoner Doom ne soit pas mon style de prédilection, j’ai quand même eu de bonnes expériences de concert dans cette famille, par exemple
MARS RED SKY. Allons donc essayer
STONED JESUS dont le nom me dit quelque chose. De toute façon, l’alternative sur ce créneau horaire est du Power Metal et là, c’est sûr que ça ne me plaira pas. Je me surprends à réellement accrocher, peut-être grâce à des rythmes Blues et des plans
groovy ? La basse frétillante qui accompagne des boucles énergiques juste un poil psychées doit aussi y être pour quelque chose. Tiens, c’est le son de ces Ukrainiens que je me passerai dorénavant quand je voudrais me détendre. À propos de leur nationalité, ils nous font part évidemment de la situation politique de leur pays, en précisant qu’une boîte de collecte sera présente au stand Merch. À un tout autre sujet, un peu plus tard, ils nous demandent si on veut écouter une chanson vraiment ancienne et les blagueurs nous jouent le début de « Smoke on the Water », juste avant de passer sur une de leurs compositions qui donne dans le vieux
BLACK SABBATH. Le dernier titre « I'm the Mountain » doit être connu car son début suscite l’enthousiasme collectif et une bonne partie du chapiteau le reprend en chœur ; c’est touchant.
Scène Post
Je suis assez fan de
RUSSIAN CIRCLES et j’étais même monté les voir à Lille pour l’anniversaire d’un pote, mais je reconnais que je n’ai pas sérieusement creusé beaucoup plus loin le Post-Metal (Post-Black mis à part). Le Motocultor nous propose 8 groupes de ce style et j’ai réussi à en voir 7. Je vous parle dans cette rubrique des 4 qui m’ont le plus positivement marqué.
SHY, LOW apparaît sur le tout premier créneau du premier jour et je me dis qu’aller se faire bercer par les sons lancinants du quintet pourrait être une bonne entrée en matière (remarquez, ça aurait pu être aussi un beau
finish). Le chapiteau de la Bruce Dickinscène n’est déjà pas loin d’être complet quand la musique totalement instrumentale des Américains commence à nous envelopper. Les trois guitares, l’énorme basse ainsi qu’une certaine inclinaison Jazz dans l’esprit y sont indéniablement pour quelque chose. Une entame à la batterie est applaudie. Les musiciens sont mobiles et visiblement contents d’être là, c’est cool. On ne s’ennuie pas, les rythmes se révèlent être entraînants et variés, j’approuve à 100%. Samedi en tout début d’après-midi, ce sont les Belges de
POTHAMUS qui me font bien démarrer la journée. Ce n’est pas le cas pour tout le monde puisque je vois quelques personnes quitter la Massey Ferguscène à l’issue du premier morceau ; peut-être que le côté hypnotisant de leur Post-Sludge atmosphérique est de trop ? En ce qui me concerne, c’est un point fort et j’accroche, je suis en particulier sensible au chant qui peut être éthéré (sinon c’est grosse voix), couplé à une batterie pachydermique et martiale. Le trio gère particulièrement bien l’espace : le guitariste-chanteur et le bassiste se font face avec énergie, devant un batteur surélevé au milieu, légèrement en retrait. À peine une heure après la fin de leur
show, ce sont les Danois de
LLNN qui investissent la même scène. Tout de noir vêtus, leur spécificité réside dans l’utilisation d’un clavier qui - via ses nappes - apporte une ambiance
dark venant s’ajouter à la saturation de la guitare. Que dire de plus, le chanteur-guitariste très énervé est un moment rejoint par celui de ses compatriotes d’
HEXIS (formation de Blackened Hardcore qui a joué la veille), c’est carré et j’ai l’impression que le quartet est notamment inspiré par une thématique cosmique. Je ne connaissais pas ce type de Postcore, ça donne envie d’approfondir. Enfin,
BLACK BILE, que j’ai pris en cours de route, remplit presque un chapiteau bien que nous soyons le dimanche midi. Il s’agit de Post-Doom lorientais comportant en son sein une chanteuse, aussi bien à l’aise en cris Postcore qu’en voix claire juste et agréable. Je me note que la touche personnelle du guitariste
lead fait également la différence par rapport à d’autres formations. Pour vous faire une idée plus précise de ce qu’offre le quintet, je vais me permettre de rapporter les propos de festivaliers placés derrière moi qui disent situer
BLACK BILE entre les Suédois de
DRACONIAN et les Belges d’
AMENRA.
De bonnes découvertes, merci au Motocultor Festival d’avoir ravivé mon intérêt pour le Post-Metal !
Photo de SHY LOW par Pauline Félix
Pagan/Folk
Bonne idée de nous programmer des entités Pagan/Folk comme le public métalleux en est souvent friand. Le vendredi après-midi, j’en enchaîne deux qui valent le détour. Pour l’une comme pour l’autre, on a affaire à de la musique païenne, sombre, rythmée et menée par une chanteuse percussionniste qui sait faire réagir son auditoire. Par ailleurs, les deux formations sont françaises et ont été créées assez récemment. Leurs différences vont quant à elles se trouver dans les références historiques et le choix des technologies musicales utilisées. Ainsi
EIHWAR porte son regard vers le nord de l’Europe et n’hésite pas à inclure des boucles électroniques, au point de nommer son style du « Viking War Trance », lorsque
WIDILMA se spécialise sur la culture celte et présente une approche plus traditionaliste de son « Folk néolithique ».
Les Vikings réussissent le tour de force de nous captiver tout en n’étant que deux. La shaman Asrunn au chant et percussion traditionnelle vêtue de quelques peaux de bêtes et coiffée d’un crâne de loup, ainsi que Mark au second plan, habillée en noir, portant un casque guerrier et en charge des sons synthétiques. La prestation d’Asrunn mérite qu’on s’y arrête quelques instants. Tout d’abord, elle est aussi à l’aise à se poser tranquillement pour accompagner les sonorités scandinaves de sa voix claire type « Heavenly voices » (un peu à la
DEAD CAN DANCE pour vous donner une idée) que pour se mouvoir en dansant de façon presque primitive et dont il se dégage une certaine sensualité. Mystique et rituel. Et j’ajouterais qu’en dépit de la récence du projet, elle n’a déjà plus grand-chose à apprendre d’une Alissa White-Gluz pour animer son public : « le Motoc vous êtes là ? … Alors faites du bruit ! », « À 3, on saute ! », elle fait applaudir, etc. Vers la fin du
set, Mark se saisit d’une guitare acoustique et est rejoint par Asrunn qui vient chanter paisiblement près de lui ; un rendu moins dansant qui n’en reste pas moins agréable. Leur passage sous la tente pleine à craquer de la Bruce Dickinscène est une énorme succès, ça n’arrête pas de frapper des mains et il faut jouer des coudes (ainsi que des épaules) pour tenter de bien se placer. Une sacré aubaine pour les Toulousains venus remplacer d’autres artistes au pied levé. Je suis sûr que leur t-shirts sont bien partis.
Huit personnes composent la troupe emmenée par Kohann et Konan Mevel. La chanteuse-percussionniste, deux autres percussionnistes, un guitariste-flutiste et… quatre mystérieux personnages immobiles avec cape noire et masque blanc, placés en arc de cercle face à nous les poings joints. On se demande ce qu’ils font là puis on finit par les oublier (j’en louperai leur sortie de scène). En tout cas, leur présence contribue à créer cette atmosphère ésotérique, surtout lorsqu’ils reviennent pour entourer la chanteuse qui se change, enfile un casque mystique et une étole avant d’entamer un rituel. Cela consiste à maquiller et jeter de la poudre à deux reprises sur un percussionniste venu se mettre à genoux. Autant
EIHWAR était fougueux, autant les Bretons de
WIDILMA sont envoûtants, j’en veux pour autre exemple quelques festivalières qui suivent le rythme en bougeant leurs épaules comme dans les soirées gothiques, ainsi que l’intonation du carnyx (long cor de musique celtique utilisé pour impressionner l'ennemi). Une anecdote à partager est lorsque l’assemblée s’est mise à hurler « Ahouuuuu… » en réponse à la demande de Kohann qui nous lance « Soyez nos loups ce soir ». Comment ne pas régir à ça ?!
Applaudissements chaleureux et gros succès pour la photo de fin.
Deux très bonnes découvertes !
3. DECEPTIONS ET PAS MON GOÛT
Black Metal
J’ai l’impression qu’ils retrouvent un peu de jus vers la fin mais qu’est-ce que je m’ennuie pendant ces 50 minutes. Il faut dire que pour moi,
SACRAMENTUM c’est c’est
« Far Away from the Sun » et le fabuleux poster de sa pochette bleu glacial au-dessus du lit de ma chambre d’ado. De très bons souvenirs peut-être trop cristallisés pour ne pas être déçu ? Ou alors ne se seraient-ils pas remis de leur « pause » entre 2002 et 2018 ? Quoi qu’il en soit, je reste de marbre face au petit cérémonial du chanteur qui se balade de part et d’autre de la scène en mimant des gestes étranges en direction du public, avant de se verser un calice de sang sur le visage et le corps. Rien n’accroche non plus mes oreilles, à l’exception de cris et applaudissements qui indiquent que d’autres festivalier sont plus rentrés que moi dans le
show du quintet suédois. À noter le passage rapide de Mantas de
VENOM INC qui vient faire un petit coucou. Mon autre déception est
DODHEIMSGARD même si je n’avais pas d’attentes car je sais que ce qu’ils font maintenant s’est éloigné de « Monumental Possession » dont le style me convenait davantage. J’avais essayé le récent
« Black Medium Current » sans comprendre l’enthousiasme généré autour de cette sortie et je me suis dit « allez, je saisirai peut-être mieux dans une version
live ? Bah non, et au contraire. La voix non Metal du chanteur est bof bof, sa veste à paillettes me laisse perplexe et excusez mon ignorance mais je ne vois pas du tout où il veut en venir quand il escalade le pilier, qu’il se laisse tomber en arrière et qu’il se met un voile sur la tête. Musicalement, les parties Black Metal passent mais celles plus barrées et mélangées à de l’électro ne donnent pas un bon mix à mon goût. Au bout d’une demi-heure, je quitte une Supositor Stage loin d’être bondée pour aller me procurer une gourmandise locale (une crêpe !).
Death Metal & Deathcore
Je tente le Death Metal ultra mélodique de
SLOW FALL mais ce n’est vraiment pas ma came : beaucoup trop de clavier et de chant clair type Metalcore. En plus, j’assiste à ça entre
INHUMATE et
INCANTATION donc vous imaginez le « choc » ! J’abandonne après 3 chansons. Quant à
BORN OF OSIRIS, j’ai en tête que c’est du Deathcore et comme ce style constitue un centre d’intérêt pour moi ces dernières années, j’y vais avec un certain enthousiasme. Bien mal m’en prend. Car en plus d’aller voir du Deathcore alors que
DECAPITATED passe sur le même créneau et de me faire virer de Thrashocore pour cela (;-)), je déchante vite. En effet, le son Djent ultra syncopé et répétitif des Américains est séduisant de prime abord mais au bout de 10 minutes, j’aimerais leur demander de s’arrêter (ça fait singerie de
MESHUGGAH). Le mix avec des sons électroniques type Metal industriel ne me plait pas non plus et ça m’agace que le chanteur nous demande sans cesse de sauter. Enfin, les petites phrases en chant clair sont loin de rattraper l’affaire, donc c’est non. Je prends congé pour finalement aller voir les Polonais.
Autres styles
Il n’y a pas foule dimanche à 11h45 quand la formation de Post-Hardcore
FRAIL BODY se voit confier la délicate mission d’ouvrir la journée. Les décibels de ce trio d’excités ne me font pas vibrer, même si leurs passages calmes sont bien inspirés. Je ne suis pas davantage sensible au Stoner Rock de
DUEL, vu en tout début d’après-midi. Je prends des risques avec des styles dont je ne suis pas toujours amateur mais ça permet de bonnes surprises dans le lot et puis je viens aussi pour découvrir, je ne suis pas là pour niaiser comme dirait l’autre. Donc même si je n’écoute pas (/ plus) de Heavy traditionnel avec voix perchée dans les aigus, je me décide cependant pour le spectacle (écran géant qui diffuse des scènes de bataille au Moyen Âge, effets pyrotechniques…) de
KK’S PRIEST. La mise en scène ne pourra rien faire pour me convaincre et je suis consterné par la mégalomanie de l’ancien de
JUDAS PRIEST qui questionne « What’s my name ? » pour entendre des milliers de personnes scander « Ripper » en réponse. Les Anglais ont quand même de l’impact sur certains (beaucoup en fait) car je vois un couple s’emballer pendant un solo ;-). Sans transition, qui est chaud pour tenter de la J-pop avec
growl et cris aigus comme dans le Deathcore ? Moi ! Bon, la chorégraphie des filles de
BROKEN BY THE SCREAM a dû demander beaucoup de répétitions, les effets lumineux sont précis, c’est un
show bien rodé et divertissant… pour 3-4 chansons, car on se rend compte ensuite que ce n’est pas intéressant en vrai. Enfin,
JINJER. Une vrai aubaine pour l’organisation de les avoir à l’affiche quand je vois le pouvoir d’attraction que ces Ukrainiens exercent. C’est incroyable le nombre de jeunes gens qui débarquent sur le site le samedi juste avant le concert de 21h00. Ils paient leur
pass pour la journée entière mais ne viennent que pour
JINJER. Ce n’est pas ce que j’écoute mais je reconnais que leur chanteuse Tatiana est impressionnante (dans le genre d’Alissa White-Gluz pour la citer à nouveau) ainsi que le batteur avec toutes ses cymbales. Je reste là un quart d’heure sur la pelouse noire de monde pour essayer et ça confirme que leur Groove Metal n’est pas mon truc même si honnêtement certaines accélérations bastonnent.
Photo de BROKEN BY THE SCREAM par Pauline Félix
4. J’AI AUSSI VU…
Sans pour autant les faire apparaître dans mon top, j’ai néanmoins apprécié les concerts suivants qui ont été soit des découvertes
live (ou découvertes tout court), soit des confirmations que les gars tiennent la route.
Black, Death, Grindcore & Thrash
« Le Requiem » introduit la représentation de
GORGOROTH, ce qui est adapté pour créer une ambiance sombre et solennelle. Après, c’est rare que je ressente ça mais dès qu’ils commencent à jouer, je trouve qu’on entend beaucoup trop la basse. Je ne fais plus trop attention ensuite, je ne sais pas si c’est parce que je me suis habitué ou si c’est parce qu’ils ont fait un réglage. À l’exception de ce point, les adorateurs de satan délivrent un bon
show et j’apprécie ressentir les impacts de la caisse claire résonner dans mon corps. Même sonorité classique à la fin pour se quitter sur une note funéraire. Sympa mais rien d’exceptionnel. Pour ceux qui suivent, je m’étais échappé de
BORN OF OSIRIS pour
DECAPITATED qui joue sur le créneau horaire identique. Un
circle pit a déjà pris place et c’est bonne ambiance, mais j’ai meilleur souvenir de leur passage parisien de fin 2022. Je dis ça, je n’ai pu observer que 10-15 minutes donc j’ai peut-être raté une première partie tonitruante. Allez, c’est en passant d’une
main stage à l’autre que je me retrouve devant les
TERRORIZER reformés en 2023, tandis que la plupart des festivaliers se dirigent vers la zone restauration. Les autres présents sont les porteurs de t-shirt Obscene Extreme (ainsi que les mecs dépourvus de t-shirt) qui sautent le dîner pour une séance de lutte (c’est vraiment le terme le plus approprié) et un hommage à rendre aux pionniers du son Death/Grind californien. Outre un pied de micro recouvert d’un squelette et de quelques organes qui donnent le ton, ce sont surtout les légendaire Pete Sandoval et David Vincent (plus connus pour leur carrière au sein de
MORBID ANGEL) - excusez du peu ! - qui attirent notre attention. Ça déglingue tout et au bout de 20 minutes, je vois déjà un mec apposer son verre de bière fraîche sur les côtes de sa femme alors qu’un autre quitte le
pit en boitant. Je crois que les Américains peuvent être fiers :-) En parlant d’anciens groupes de Death Metal US, je dois mentionner
LEFT TO DIE qui comprend en son sein deux ex-membres de
DEATH (Rick Rozz et Terry Butler) et qui nous offrent des reprises de la première période de la discographie du groupe mythique. Ses inconditionnels sont poings levés dès les premiers riffs et les
pogos ne tardent pas à pointer leur nez. Tout aussi légendaires et encore plus anciens, les Anglais de
VENOM INC. sont également à l’affiche. Leur
line-up est riche de musiciens passés par le
VENOM originel : actuellement Mantas et Demolition Man. Je précise bien car pour la petite histoire, un mec imbibé qui me tchatche pendant que j’écoute religieusement me challenge fortement sur l’identité du groupe devant nous qu’il pense être
DEICIDE, lol ! Le trio embarque tout le monde avec des
hits tels que « Black Metal », « Countess Bathory » ou encore « Welcome to Hell » en rappel (que demande le peuple ?) mais aussi leurs propres compositions qui résonnent très
MOTÖRHEAD.
VENOM a inspiré un paquet de formations Thrash ; parlons de celles qui participent au festival. La première que je suis allé écouter se nomme
HAVOK. Ce sont des Américains (leur niveau de français leur permet de nous gratifier d’un joli « Merci beaucoup mother fuckers ») et ils nous expliquent être bien contents de leur retour en Europe après 6 années. Ils n’avaient en effet pas pu effectuer de tournée promotionnelle de leur album pour cause de confinements répétés. Le crachin breton n’empêche pas les festivaliers de s’amasser devant la Supositor Stage et le quatuor nous balance du Thrash sympatoche avec solos de guitare & bonne basse. En omettant un ampli qui lâche le temps de quelques secondes, pas de soucis, le groupe bouge bien, fait lever les poings, l’ambiance est là, avec en plus un public réceptif et démonstratif (beaucoup de
slams, gros
circle pit et un premier
wall of death en ce jeudi à 18h50. Leurs confrères et compatriotes programmés le samedi sont plus connus puisqu’il s’agit des célèbres
EXODUS dont Gary Holt qui a beaucoup joué pour
SLAYER figure au
line up. Le chanteur demande qu’on aide ceux qui tomberaient dans le feu de l’action et il ne peut pas choisir un meilleur moment pour le dire car un énorme
circle pit se crée très rapidement et c’est d’ailleurs là qu’on perd notre fidèle lecteur Sikoo, aspiré par l’impitoyable tourbillon parti de la fosse. Les Américains commencent à fêter les 40 ans de leur 1er album « Bonded by Blood » et les extraits (dont les refrains sont repris par les fans) qu’ils ont sélectionnés pour ce début de soirée sont un triomphe. Après des
slams qui donnent du boulot aux agents de sécurité, Gary fait monter un petit garçon, lui passe sa guitare et son médiator en le laissant gratter l’instrument. C’est vraiment gentil, je crois que le gamin s’en souviendra toute sa vie ! Le groupe de Thrash qui m’a plu le dimanche est allemand cette fois, son patronyme est
EXUMER et je suis bien content d’avoir pu profiter des 20 dernières minutes de leur concert. On a une basse enveloppante ainsi que des solos à la
SLAYER et les échanges avec le public sont bons. Le préposé au micro nous entraîne à lui répondre « …Fire & Damnation » après qu’il a lancé « We Were Born… », de leur opus de 2012. Puis, il nous demande si on est fatigué mais c’est évidemment juste de la rhétorique car le
circle pit qu’il a sous ses yeux appelle une réponse claire comme de l’eau de roche. Ça bouge à nouveau pour « Possessed by Fire », l’ultime chanson de leur
setlist, en hommage à leur tout premier album (de 1986 !). Il va falloir que je me réécoute ça à la maison. Enfin, un mot à propos de
SOULFLY. Je ne sais pas si je dois les mettre avec le Thrash ou bien dans
Autres styles alors je les pose un peu entre les deux. Ce qui me surprend avant tout, c’est de les voir programmés sous une tente ! Entre les nombreux fans du groupe et ceux qui - comme moi - viennent pour voir l’ancien chanteur de
SEPULTURA, je pense qu’une
main stage serait plus adaptée. Car en effet il y a foule et je suis bien compressé en étant au premier rang ! C’est même la guerre avec
circle pits et
slams en quasi-continu, à l’écoute d’un choix de chansons qui fait la part belle à l’album éponyme de 1998. Je note que les musiciens montrent leur respect aux anciens puisque le bassiste porte un t-shirt
POSSESSED, et le guitariste un de
DEICIDE, quand Max exhibe un patch
DISCHARGE.
Photo de GORGOROTH par Pauline Félix
Photo de DECAPITATED par Seiko Cat's (@seiko_cats)
Photo de LEFT TO DIE par Oliver Maiden
Autres styles
Je prends
NIGHT VERSES en cours de route, un trio canadien de Post-Metal progressif instrumental qui fait des incursions en territoire floydien en plus de proposer des rythmes typiques du style Post. Pour les morceaux les plus musclés, le batteur se hisse et cogne violemment toms et cymbales en retombant, pas mal. Également original, le combo américain
LITURGY me fait au final une bonne impression et j’hésite à les ajouter à la partie « Découvertes coup de cœur ». Pourtant le début de sa performance n’a rien d’impressionnant : ses membres ne sont pas
lookés, il n’y a aucune mise en scène ni d’échange avec le public. Il ne se dégage de prime abord pas grand-chose de ce quartet et le cri aussi particulier que peu harmonieux de la chanteuse fait quitter plusieurs fois des festivaliers. Comme les musiciens sont inexpressifs, j’en suis à me demander s’ils prennent leur pied ou bien s’ils s’ennuient. Mais au fur à mesure, on voit qu’ils se défoncent et leur niveau de charisme commence à augmenter, surtout quand ils finissent par donner dans le chaotique énervé. Voilà, ça se rythme progressivement pour finir par gagner la reconnaissance d’un public qui reste calme et attentif mais qui sait montrer son appréciation quand le dernier titre se finit. Quant à la qualification de leur musique, on a déjà utilisé « Pure Transcendantal Music » (en plus c’est souvent instrumental) sur Thrashocore. Pourquoi pas, je préfère cela à Avant-garde Black Metal car je trouve le tout trop éloigné du Métal noir pour être classé dans ce genre. Cette fois complètement instrumental, c’est l’aimable quatuor
PLINI qui vient remettre
SATRIANI au goût du jour, dans une version 2024, c’est-à-dire un poil moins mélodique et plus musclé (ça fait du bruit quand le batteur envoie). Pour autant, ils nous disent être conscients de sonner moins « Heavy » que le reste de l’affiche du Motocultor (ce qui n’est pas tout à fait correct) et que ce qu’ils veulent, c’est nous donner le sourire (« Sit down & smile, have food if you want… »).
EMMA RUTH RUNDLE et
KALANDRA font mentir
PLINI car c’est vraiment de la musique très tranquille. Emma se présente seule au chant et à la guitare acoustique. De l’Americana ultra paisible qui constitue un intermède agréable entre du Thrash et du Black Metal, bien que cela soit un peu long sur la durée. La chanteuse de
KALANDRA est quant à elle accompagnée de musiciens pour une Pop/Folk assez planante, comportant néanmoins des moments plus enlevés. En Folk/Pagan bien plus énergique et partiellement basée sur les percussions, les Néerlandais de
SOWULO instaurent une atmosphère plus sombre. On est dans le noir, avec uniquement un éclairage diffus, majoritairement bleu, obscurci par de la fumée. Un acolyte a l’apparence d’un sorcier et l’usage d’un carnyx (comme dans
WIDILMA) renforce un aspect mystique et folklorique, au point qu’un gredin affuble la troupe bien applaudie de « bande de golems » ;-). On retrouve un côté Folk dans la bonne heure de spectacle de
NEKO LIGHT ORCHESTRA. Ils nous expliquent qu’ils sont plutôt habitués à un format de plus de deux heures mais qu’ils adaptent les compositions pour cet environnement festival, une première. La particularité de cet orchestre d’instruments de musique classique (complétés d’une guitare électrique et d’une basse) est de reprendre les thèmes de bandes originales de films, et notamment des univers du « Seigneur des anneaux » et du « Trône de fer » pour ce soir. On se balade entre Westeros et la Terre du milieu, avec des arrêts dans la Comté des Hobbits puis dans le monde du Mordor, ce qui plait évidemment aux métalleux. Une pause à « La taverne » où les violons se mettent en mode bar irlandais et ça danse ! Ce rafraîchissement enchaîne avec un moment percussions bien prenant, avant que nous nous retrouvions plongés dans l’ambiance orientale des plaines des cavaliers nomades Dothraki. Cela a beau être musicalement éloigné du Metal, les deux sagas sont extrêmement présentes dans nos imaginaires donc je pense que c’est une bonne idée de les avoir au Motocultor. D’ailleurs, les échanges avec le public sont généreux et les explications des différents univers traités sont appréciés. Allez, un
medley pour finir et se sentir paré à partir à la bataille avec les elfes du seigneur des anneaux !
Concluons ce chapitre avec des concepts plus bruyants. Tout d’abord,
JESUS PIECE qui mélange son Hardcore avec du Metal. Ce qui fait mal : deux gars aux micros, certains
breakdowns et les quelques parties
down tempos que j’apprécie tant dans une frange de l’écosystème Deathcore. Et je ne suis pas le seul à me délecter, à voir le très grand
circle pit dès le deuxième titre, ainsi que les deux
walls of death qui suivent. Maintenant
MESHUGGAH qui passe de 22h00 à 23h00 le dimanche à la Dave Mustage. À peine les Suédois arrivent-ils que mon voisin de gauche est déjà en train de se prosterner. Que faire d’autre devant un tel niveau de maîtrise et de technicité ? La dernière fois que je les ai vus, c’était au Divan du Monde en l’an 2000 et j’avoue que je n’ai pas suivi depuis. Donc je peux difficilement commenter et c’est pour cela que je ne les mets pas dans la rubrique des « Valeurs sûres qui assurent » mais je constate qu’ils sont toujours au
top. Tiens, je reconnais quand même « Future Breed Machine » de « Destroy, Erase, Improve » et ça fait bien plaisir ! D’ailleurs, ça
slamme pas mal. Ils marquent une pause (applaudie) avant de repartir et je note que la résonnance des premières secondes de leur dernier tube soulève les quelques milliers de spectateurs des deux scènes plein air (après prise de renseignements, on parle de « Demiurge » de leur album « Koloss » de 2012). Rien à dire, ils n’ont pas volé leur succès.
Photo de NIGHT VERSES par Pauline Félix
Photo de NEKO LIGHT ORCHESTRA par Pauline Félix
Photo de JESUS PIECE par Pauline Félix
Photo de MESHUGGAH par Pauline Félix
5. PAS VUS
Il reste 65 formations que je n’ai pas vues. C’est la dure règle des scènes simultanées, de la nécessité de faire des pauses et de ne pas pouvoir couvrir une plage horaire
midi - 2h00 du mat’ quatre jours de suite (on vieillit !). Ceci-dit, tout ne m’intéressait pas non plus, ainsi j’avais rayé du
running order la plupart du Stoner Rock, Rock progressif, Punk Rock et Power Metal, sans parler du Metalcore, Neo Metal et des musiques Rap ou Electro. Mais j’aurais bien assisté à
UNEARTH qui semble mélanger Death Metal et Hardcore, surtout que ce que j’en ai aperçu depuis l’espace presse envoyait du lourd, avec un
circle pit qui semblait vicieux. Pareil pour
HEXIS en Blackened Hardcore pour lequel j’ai eu un très bon retour. Pour
ABORTED,
THE BLACK DAHLIA MURDER et
FAUN (Neo Folk médiéval) qui me bottaient, ce sera pour une prochaine fois !
Outre la programmation musicale largement détaillée, on me souffle que les lecteurs veulent savoir ce qu’il y a à manger au Motocultor. Voici donc : crêpes, thaïlandais/vietnamien, cafés, hot-dogs, raclette, hamburgers, sénégalais, sandwichs, tartiflette, libanais, churros, glaces (artisanales & sans colorant), pizzas, japonais et Mémé patate (« la patate la meilleure du monde de l’ouest »). Parlons également du public, visiblement constitué de véritables Métalleux. Bien sûr, quelques rigolos se font remarquer (accoutrements de Bioman, poule, banane géante, etc.) mais pas un flot de touristes venus à Disneyland (je suis sûr que vous avez la réf.). Les quelques visiteurs qui n’ont pas la tête de l’emploi sont à mon avis les riverains invités par le festival. Tiens, pas mal de mecs en kilts aussi, ça doit être un truc local, tout comme le mec qui slamme pendant HAVOK pour exhiber un drapeau breton.
Au niveau hygiène/propreté-sécurité et organisation, ce sont sur ces points que des progrès étaient attendus et c’est très positif. Il y a eu effort sur l’orga du camping, plus de WC et une équipe de nettoyage renforcée avec une plus importante fréquence de passage. Par ailleurs, une équipe avec médecin, infirmiers et secouristes était présente. Enfin, impossible de rater la communication pour que les filles ne se laissent pas enquiquiner par d’éventuels gros lourdauds, et sensibiliser ces derniers. Une maraude à cette fin patrouillait à ce propos. Tout cela fait que les lieux sont adaptés à recevoir des festivaliers venus en famille, on a d’ailleurs vu des enfants assez jeunes.
Je voudrais aussi souligner le boulot des agents de sécurité qui effectuent un travail remarquable. Ils réceptionnent les slammeurs devant la scène afin que ceux-ci ne chutent pas en arrivant après les barrières. Malheureusement, comme j’ai pu en être témoin quand j’étais au premier rang pour SOULFLY, ça arrive qu’ils se prennent des coups en attrapant les fans, j’en ai même vu un tomber à cause de ça. Donc merci à eux.
Un ajustement pour être parfait serait la signalétique des scènes car leurs noms n’apparaissent pas, donc difficile de s’y retrouver au début. Lors de la conférence de presse, ils nous expliquent en être conscients mais qu’ils avaient d’autres priorités cette année, donc à suivre. Le petit truc que je peux quand même vous donner est que lorsque cela termine par « -stage » (Dave Mustage et Supositor Stage), c’est en plein air, tandis que celles qui finissent par « -scène » sont situées sous les chapiteaux (Massey Ferguscène et Bruce Dickinscène). À savoir qu’il est possible de voir les groupes en dehors des scènes, car les plus grands fans pouvaient rencontrer leurs idoles grâce aux 42 séances de dédicaces.
Musicalement, vous avez lu qu’il y en a pour tous les goûts. Le seul sous-genre absent de la programmation que j’affectionne est le Funeral Doom et je trouverais ça « mortel » d’en avoir l’année prochaine (ou au-moins du Doom/Death). Imaginez BELL WITCH, MOURNFUL CONGREGATION - ou bien HIDDEN IN ETERNITY ou encore ATARAXIE s’ils veulent du français - un soir à minuit ou une heure du mat’ sous une tente…
Ce qui est sympa – et ce sera la dernière anecdote avant que l’on se quitte – c’est que l’ambiance du festival continue d’une certaine façon, même quand c’est terminé. Je m’explique : on était un sacré paquet à se reconnaître le lundi à la station essence sur l’autoroute juste avant Rennes. Au point qu’une dame d’un âge respectable confie à son amie : « Il y a un réunion de Gothiques ici » ;-).
Pour finir, sachez que les têtes d’affiche, les dates et les billets de l’édition 2025 sont déjà disponibles, donc vous pouvez aller voir tout ça sur le site du Motocultor.
Enfin, merci aux différents photographes qui m’ont permis d’illustrer ce live report de leur clichés.
5 COMMENTAIRE(S)
03/09/2024 08:18
01/09/2024 18:45
01/09/2024 13:31
01/09/2024 13:09
J'étais présent le dimanche. Le site des charrues est vraiment top : circulation fluide, les scènes pas trop loin les unes des autres, rien à dire là dessus.
Globalement le son était très bon sur toutes les scènes,
J'étais venu d'abord pour Meshuggah et je n'ais pas été déçu. J'en ai pris plein la gueule, excellent concert.
Le reste c'était que du bonus pour moi avec des groupes que je connaissais déjà et d'autres pas du tout. Faisant trop peu de concerts,j'ai profité un max de ma journée.
Ce que j'ai apprécié : Decapitated, Monkey3 que je découvrais, très sympa, floydien à souhait, peut être un peu trop. Red Fang, The Halo Effect (qui m'a donné envie de fouiner dans la disco de Dark Tranquility), Hirax.
Ce que j'ai moins aimé : Gorgoroth, son dégeu au possible trop de basses, trop de double pédale je me suis barré assez rapidement car pas intéressé à la base. Rotting Christ pas ma came du tout et Clutch, chiant à mourir.
Dans l'ensemble c'était une belle journée. J'ai trouvé que l'organisation était bien meilleure qu'il y a quelques années. L'offre concernant la restauration était très variée mais cher selon moi. La bière de chez Dilettante, une valeur sûre.
Report très basique, désolé. Je ne suis pas habitué à cet exercice.
01/09/2024 10:46