Parfois, cela fait du bien de lever le groin de l’auge
death metal pour se tourner vers des horizons plus chaleureux, surtout lorsqu’il s’agit de renouer avec l’un de mes chanteurs favoris en matière de
heavy, à savoir l’excellent
John Bush, principalement reconnu pour ses prestations de haute volée au sein d’
ARMORED SAINT et d’
ANTHRAX. Ce dernier avait retrouvé un vrai souffle suite à son arrivée, preuve en est l’éternel
« Sound of White Noise » ou encore le plus décrié
« Stomp 442 », tournée que j’aurai la chance de voir cette année-là (1995 ou 1996) en Espagne avec les
GALACTIC COWBOYS en première partie.
Il y a donc l’ami
Bush qui chante dans
CATEGORY 7, très bien. Mais il y aussi :
Jack Gibson (
EXODUS, etc.) à la basse,
Jason Bittner (
OVERKILL, etc.) derrière la batterie,
Phil « encore lui ! » Demmel (
KERRY KING,
MACHINE HEAD, etc.) à la guitare et enfin un certain
Mike Orlando à la seconde gratte. Que du putain de beau linge ! Et pour moi la vraie question, puisque je viens de m’infliger le
KERRY KING, sera : ce premier album éponyme de vieux briscards est-il meilleur ? Peut-être parce que les questions d’égo ne sont pas entrées en ligne de compte, la formation ne s’appelle pas comme l’un de ses membres mais selon la catégorisation (échelle de Fujita) des cyclones, en l’occurrence pour le 7 : tempête mondiale. Une catégorie théorique dont les dégâts seraient incommensurables et où les vents pourraient atteindre le mur du son. Ah, je vois que quelqu’un lève le doigt pour faire une blague sur les vents et le son, ça sera pour une autre fois, désolé.
Me concernant, je suis
hypé dès les premières mesures d’« In Stitches ». Davantage
heavy rock que purement
thrash metal, le truc file de suite la méga pêche : batterie dynamique, incursions solos sublimes, riffs
groovy, mélodies vocales superbes mais également beaucoup de puissance grâce à une basse qui cogne fort, vibre, danse et ravit les oreilles les plus exigeantes. C’est vrai, cela fait énormément penser au style d’
ANTHRAX du temps où
John y officiait mais l’osmose m’y semble meilleure, de même que le niveau technique ainsi que les lignes de chant, hyper accrocheuses. Des hymnes en
live, à n’en point douter.
Certes, les amateurs de grosses bastonnades
thrash risquent de déchanter. Les compositions sont abordables, peut-être pas par n’importe quel fan de
rock même s’il faudrait être sourd pour ne pas kiffer le solo de « Land I Used to Love », mais ici abordable ne signifie pas mièvre, ou cucul la praline, d’autant que les musiciens parviennent à planter des éléments carrément complexes dans des chansons d’une apparente simplicité, ce qui me paraît être l’exploit principal de ce disque, en plus d’être une collection de hits en puissance. En revanche, ceux qui sont allergiques à la voix de
Bush, et il y en a certainement, auront bien du mal à passer outre car il est très présent (c’est un album de chansons) et évolue exactement dans le registre et les intonations qu’on lui connait. C’est quand même fou qu’à soixante ans le mec ait toujours cette même fraîcheur vocale, sa voix n'a pas bougé depuis la première fois que je l’ai entendu s’égosiller sur « Only ». Au-delà même des aspects vocaux, je comprendrais aussi que l’on puisse trouver un morceau tel qu’« Exhausted » un peu trop guilleret, aussi préciserai-je que cela s’entend que les musiciens prennent du bon temps, que le plaisir semble primer sur le reste et que l’objectif n’est clairement pas d’accoucher d’un truc de gros durs, les musiciens n’ayant de toute façon plus grand-chose à prouver de côté-là.
Par conséquent, une fois l’album lancé, il n’y a rien d’autre à faire que se laisser porter par les bourrasques, par la grosse patate de
Jason Bittner qui dope chaque composition avec toute la sobriété des gens expérimentés. De plus, s’il fallait encore vous rassurer ou vous convaincre de jeter une oreille sur l’engin, il n’y a ici ni ballade ni refrain chiant à la « Nothing » ou « American Pompeii » et même si les lignes vocales sont parfois un peu semblables, la musique elle ne s’auto-recycle pas : dans un registre simple elle s’efforce d’apporter un peu de nouveauté, de positivité, le tout sonnant moderne sans pour autant donner l’impression d’avoir dans nos oreilles des vieux qui chercheraient à tout prix à sonner jeune. Pour moi, il n’y a pas photo, c’est le disque de l’été, celui qui te rafraîchira quand tu ne pourras pas te baigner, celui qui étanchera ta soif quand il ne sera pas encore l’heure de l’apéritif dans ton fuseau, celui qui te redonnera le sourire quand tu seras tout seul, celui enfin qui te convaincra de réécouter « Perpetual Motion » fort, très fort, tout simplement parce que c’est un super morceau.
2 COMMENTAIRE(S)
31/07/2024 14:28
31/07/2024 13:49