ORMAGODEN de Grenoble ? Je n’en ai jamais entendu parler. Vous également ? Cela ne devrait rapidement plus être le cas tant ce premier album intitulé
Purphoros, faisant suite à l’EP
The Den of Sin de 2020, m’a littéralement bluffé et ce malgré quelques écarts que j’imputerai généreusement à la jeunesse de la formation. Explications.
D’abord, un mot sur les membres du quatuor. Si le musicien le plus expérimenté semble être le batteur
Léo Mouchonay, car mentionné chez
AVALAND,
SANGDRAGON ou
NIGHTMARE pour le
live, la maîtrise des autres instruments se révèle absolument parfaite, avec notamment la présence d’un soliste de fou ainsi que d’un bassiste bavard comme on l’aime (« Riding the Warhead »), c’est-à-dire proposant des lignes travaillées, souvent indépendantes de la batterie et des lignes de guitares. Une fois cela agencé, nous obtenons dix compositions s’approchant d’une merveille de
heavy thrash metal létal, couplé à un subtil côté
hard rock sur-vitaminé dans les vocaux ainsi que dans le
feeling de certains riffs et solos, celui de « All Must Disappear » par exemple, ce qui ne gâche rien, bien au contraire. Jusque-là, c’est le pied.
Il y a évidement quelques influences marquées, en premier lieu
MEGADETH et dans une moindre mesure
METALLICA. Cependant, du moins au cours des quatre premières compositions, la formation n’est jamais dans la posture de l’imitateur. À l’inverse, elle sait développer puis affirmer une personnalité fougueuse dont le modernisme de la production sait intelligemment exploiter les références de l’ancien temps, à commencer par la voix dont les intonations proches de
Dave Mustaine sont flagrantes sur « Riding the Warhead ». Bon, on s’en doutait déjà que ce membre émérite du
Big Four trouvait chez les Grenoblois une oreille attentive, c’est juste que ce timbre ne m’apparaît pas comme totalement naturel puisqu’il est absent de « Vultures Await the Flesh » par exemple. Le nasillard serait présent en permanence, je ne dirais rien mais le fait qu’il se déclenche de façon aléatoire m’interroge.
De même, ce jeu à deux guitares qui se répondent se montre digne des meilleures paires de
riffeurs, la scène actuelle ne produit plus vraiment ce genre de schéma héroïque et c’est sincèrement un plaisir de chaque instant que d’entendre une telle complémentarité technique. Les rythmiques montrent déjà un niveau de dingue mais cela n’est rien en comparaison de la leçon que mettent systématiquement les
leads. Du très bon travail donc : ça joue vite, juste, avec un bon état d’esprit… Moi, à ce stade de la découverte, ma seule envie est de voir la troupe en concert.
Pourtant, de la cinquième à la neuvième piste, je me vois contraint de modérer un poil mon enthousiasme. En effet, jusqu’alors les références étaient audibles sans étouffer l’identité naissante d’
ORMAGODEN autant les types se font bouffer sur les cinq derniers morceaux à cause de tics trop flagrants, mis à part « Master of Deceit » voire « Deaf and Blind », je l’admets afin de nuancer ma critique.
Pourquoi est-ce que je dis cela ? Prenons « Trinity », une très bonne chanson au demeurant. Elle débute sur un arpège rappelant celui de « Quicksand Jesus »
SKID ROW, mimétisme possiblement involontaire, mais lorsque le tempo part à 01:30 (une nouvelle fois à la suite d’un superbe solo), tout évoque alors « In My Darkest Hour » (
So Far, So Good… So What?) : le riff, la ligne de chant, l’intonation, le rythme, je décèle également une étrange similitude avec « For Whom the Bells Tolls » à cause des accords lâchés, je suis déjà moins convaincu par ce qu’offre la formation.
Ensuite, j’ai du mal à comprendre ce que « Purphoros » puis « The Downfall » viennent faire ici. Le style change radicalement, la voix se fait plus hargneuse et la musique ressemble à du
GOJIRA. Pourquoi ? Cela tranche singulièrement avec tout ce qui a été proposé jusqu’alors et pose la question de l’homogénéité stylistique de l’œuvre, d’autant que ce sont les chansons les plus longues du LP avec six minutes au compteur. Si la mainmise de
MEGADETH trouve des explications, je trouve en revanche déplacé, voire décevant, l’appel du pied aux frères
Duplantier. C’est trop en décalage, à mille lieux de là où
ORMAGODEN excelle.
Ces critiques pourront certes passer pour du chipotage car les reproches à émettre vis-à-vis de ce premier long format sont mineurs et, dans tous les cas, largement minoritaires face aux atouts dévoilés par les Français. Quelle pêche ! Quel plaisir palpable qui se dégage de chaque note ! Et, surtout, quel boulot pour que le rendu soit aussi propre, précis, ces mecs te redonnent goût aux parties enlevées de guitares, chapeau. Mais ce n’est pas tout d’être talentueux, j’espère donc que la suite ne contiendra aucun morceau photocopié car ces compositeurs n’en ont pas besoin pour briller, leur inspiration se suffit amplement à elle-même. Tous mes encouragements !
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