Ant Majora, surtout connu pour son rôle de guitariste au sein des brutaux
STABWOUND s’est récemment lancé dans un projet solo où il s’occupe donc de tout :
MUDSLIDER. Il en découle un premier album, «
Eerie Visions », où vont se côtoyer le
thrash, le
death ainsi qu’un fond de
heavy metal. Un premier effort ambitieux : neuf compositions, une quarantaine de minutes, pour un brassage de styles pas toujours évidents à concilier.
Œuvre opaque s’il en est, il m’a fallu de nombreuses écoutes pour commencer à en percer les première couches et passer outre mes impressions initiales, plutôt mitigées. Il faut dire que les influences annoncées, allant de
CORONER,
ATHEIST ou
DEATH en passant par
MEGADETH et
DARK ANGEL s’avèrent difficiles à reconnaître, si tant est qu’elles apparaissent réellement dans la musique de ce nouveau
one-mand band. Les Suisses, oui, à travers la froideur de l’ensemble ou au fil d’un titre tel que « Hanako-san », pour le reste, cela me semble rester davantage au niveau de l’esprit que dans une matérialisation concrète de riffs ou de structures. Cela dit, tant mieux, cela permet au moins d’apprendre à connaître la « vraie » personnalité du Normand, ce qui est toujours plus intéressant que de devoir se coltiner un énième hommage aux idoles de jeunesse.
Le
heavy, sans doute le style le plus discret de l’album, est tout de même à l’honneur via les riffs d’un « Green Childre of Woolpit », ce qui apporte des accroches tangibles ainsi qu’une saveur très particulière à l’ensemble, au sein duquel il est parfois compliqué de pénétrer pleinement. En effet, en adoptant un tempo moyen, en n’allant jamais vraiment sur le terrain du rétro et en développant une ambiance principalement pesante, on ne peut pas dire que l’on soit sur des chansons particulièrement entraînantes, à l’exception de « Mercyless Death », une reprise.
Le reste baigne dans une atmosphère fangeuse, à la croisée des genres sans jamais en embrasser véritablement un, cette capacité à ne pas user de poncifs rendant finalement l’analyse d’autant plus complexe. Ce n’est pas une question de jeu, les solos sont extras, l’homme maîtrise sa guitare, j’apprécie également la voix radicalement raclée, la batterie fait son boulot sobrement, j’entends même de purs passages
hard-rock dans le riffing de « Mad Glasser of Mattoon » ou de « Sasquatch’s Lair », le brassage d’idées est quand même assez dingue.
En définitive, n’est-ce pas là la conclusion la plus logique de cet «
Eerie Visions » ? Un goût pour le
hard et le
heavy rock des années 80, masqué derrière une exécution thrash (les allers-retours saccadés, le chant qui flirte avec le
black, sur « The Grinning Man » par exemple) ainsi qu’un son boueux (« Doppelgänger ») qui contribue grandement à cette ambiance étrange qui émerge du fond des marais… Insaisissable.
Voilà une sortie foncièrement étrange sur laquelle je suis bien en peine de me prononcer. Stylistiquement parlant, j’ai l’impression que rien n’est fait pour brosser l’auditeur dans le sens du poil, il y a une forme de froideur neurasthénique qui maintient l’auditeur à bonne distance et, pourtant, on ne peut s’empêcher de finir par trouver au LP tout un tas de qualités musicales, à commencer par ses riffs alambiqués qui, effectivement, plongent leurs racines dans le siècle dernier. Peut-être plus une curiosité qu’un grand disque, cela reste cependant l’une des belles découvertes de l’année et la promesse d’un futur intrigant.
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