Deceased - Children Of The Morgue
Chronique
Deceased Children Of The Morgue
Malgré le temps qui passe et presque quatre décennies au compteur le combo d’Arlington reste encore aujourd’hui d’une productivité à la fois très régulière et fréquente, et dont la qualité ne s’est pratiquement jamais démentie... chose rare après une telle durée d’existence, qui prouve donc que malgré son statut d’éternel second couteau l’entité mérite clairement mieux que cela. Si cependant elle semble volontiers s’en accommoder il faut reconnaître qu’elle a très rarement loupé son passage en studio, et que chacun de ses disques contient ce qu’il faut de bons morceaux pour qu’on apprécie le moment présent en sa compagnie... chose encore présente ici avec ce onzième album qui ne va pas dépareiller parmi les précédents. Cependant il faut chaleureusement saluer le retour à des compositions originales, vu que les deux précédents opus (ainsi que l’Ep publié l’année dernière) étaient entièrement composés de reprises de formations plus ou moins reconnues... et de fait il fallait remonter à 2018 et le très bon
« Ghostly White » pour retrouver trace de nouveaux titres. Si depuis cette galette les Américains ont vu la disparition accidentelle de leur batteur Dave Castillo, celui-ci a depuis été brillamment remplacé par le redoutable Amos Rifkin (ex-FATHER BEFOULED) qui a depuis largement fait ses preuves. De fait ce changement n’a pas eu d’impact sur cet enregistrement qui va se glisser facilement au niveau de ses prédécesseurs, et dont les cinquante-cinq minutes que l’on y trouve (et qui auraient pu rebuter au départ du fait cette durée à rallonge) vont passer comme une lettre à la poste.
Preuve en est encore une fois dès la fin de l’introduction avec l’impeccable « Children Of The Morgue », qui va donner directement envie de secouer la tête et de taper du pied vu qu’on va retrouver cette touche Punk et cradingue typiquement AUTOPSY, portée par une vitesse majoritairement et quasiment en continu... seulement ralentie par de courts passages en mid-tempo redoutables. Bref c’est simple, direct et efficace et c’est tout ce qu’on aime... et ce même si cette ouverture a un peu tendance à s’éterniser inutilement, néanmoins cela n’a aucun impact sur sa puissance tant en permanence on a envie de tout envoyer bouler au milieu de cet océan glauquissime qui suinte l’humidité de partout. Si l’on a pu voir que le dynamisme est comme d’habitude fort présent celui-ci va encore s’accentuer progressivement dans l’avancée de cette galette, comme avec l’inquiétant « Terrornaut » où tout le panel rythmique est de sortie et mis en valeur pour une ambiance religieuse occulte particulièrement affirmée, et où l’on ressent quelques plans horrifiques qui n’auraient pas fait tache dans les films de la Hammer. Si depuis sa création la formation de Virginie semble avoir bouffé à foison de cet âge d’or cinématographique (Peter Cushing et Christopher Lee ne sont effectivement jamais très loin) ce nouveau cru en est parsemé avec énormément de subtilité, à l’instar de l’équilibré et entraînant « The Reaper Is Nesting » et surtout du tentaculaire et dense « The Grave Digger » d’une noirceur totale et suffocante où l’on est pris immédiatement par son côté rondouillard et sautillant où l’allure ne faiblit jamais. Portée par un vrai sens du riff cette plage se place clairement dans le haut du panier de cette livraison, même si la suite ne va pas avoir à rougir tant elle se montre d’un niveau plus qu’élevé... comme le frontal et rudimentaire « Eerie Wavelenghts » taillé pour la scène, ou le dynamique « Fed To Mother Earth » au groove incandescent et qui ne laisse personne de marbre dans son équilibre des forces en présence.
Et histoire de terminer les hostilités comme il se doit la bande va nous balancer l’expéditif et débridé « Brooding Lament » où ça ne va pas débander un seul instant, tout en proposant quelques accents Hardcore d’un très bon acabit pour offrir un moment furieux et sans concessions, qui montre sa facette la plus radicale... avant que « Farewell (Taken To Forever) » ne vienne remettre une dernière couche de joie en reprenant l’ensemble des rythmiques proposées où l’on n’a pas vu le temps passer. Car tout cela file à vive allure sans sensation véritable de redondance... un tour de force dans un registre si dépouillé, et rares sont les noms hormis DECEASED à y parvenir aisément (et régulièrement) avec un tel brio. Du coup même si tout ça ne fera pas avancer le schmilblick d’un iota on se laissera quand même embarquer avec délectation dans cet univers obscur et opaque, qui pue les caveaux et la putréfaction en mélangeant habilement les différents styles extrêmes. Une bonne dose de Death par ci, un chouia de Heavy par là et une pincée de Thrash pour saupoudrer le tout et on obtient ainsi la recette miracle de Kingsley Fowley et ses acolytes qui dure depuis 1985 et ne semble pas prête de s’essouffler. Nul doute donc que ces enfants de la morgue passeront facilement l’épreuve du temps, vu qu’ils se situent en bonne place dans le haut du panier de la discographie de ses géniteurs (qui pourtant ne manquent pas de bons éléments antérieurs), preuve donc de la réussite indéniable de ce cru 2024 qui procurera de quoi s’occuper goulument sur une période assez conséquente en filant la pêche comme un sourire jusqu’aux oreilles.
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1 COMMENTAIRE(S)
citer | Keyser 28/10/2024 20:09 | note: 6.5/10 | Album correct qui passe tranquille mais assez loin de la qualité exceptionnelle du précédent et globalement plutôt dans la 2ème moitié de leur excellente disco. |
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1 COMMENTAIRE(S)
28/10/2024 20:09