Le Big Four tombe en ruine et fait peine à voir. Voyez ce tableau désastreux : Metallica, boulanger milliardaire qui multiplie les pains sur scène, compose des albums auxquels il ne croit plus lui-même et qu'il n'est plus capable d'interpréter correctement. Slayer tente de s'auto plagier, rêve même d'y parvenir, mais devient l'ombre de son ombre, fatigué. Megadeth fait illusion en augmentant le tempo, la classe d'antan en moins et Anthrax, intermittent de plus en plus miné, essaie vainement de ne pas mourir dans une dignité toute relative. Le Big Four tombe en ruine et n'a finalement que ce qu'il mérite. Erigé sur une injustice terrible il tourne aujourd'hui au désastre et devient une parodie, des semi retraités à la recherche d'une jeunesse qu'ils ont largement usés. Le Big Four aurait du être Bif Five ou ne pas exister.
Exclu depuis le début, Exodus a vu ses confrères prospérer en proposant un style dont il est l'un des plus éminent fondateur. Toujours dans l'ombre, toujours à la traîne dans les charts, toujours à l'écart, le groupe n'aura jamais intégré ce cercle fermé qu'il aurait pourtant pu constituer à lui seul fort d'un
« Bonded By Blood » simplement historique. Les années passent et justice se fait. Pendant que les 4 autres tournent entre eux, du haut de leur majors, sur leur scène gigantesque loin des jeunes loups aux dents longues qui pourraient les menacer, Exodus reste campé dans la fosse, se frotte à la jeune génération et met tout le monde d'accord, de riffs en riffs, d'albums en albums, de prestations en prestations. On a la classe ou on l'a pas !
Le résultat est là, « Death Magnetic » vous attriste, « World Painted Blood » vous ennuie, « We've come for you » vous…vous l'avez oublié, « Endgame » vous a procuré un peu de plaisir,un peu…et « Exhibit B » vous colle simplement une grosse tarte ! Pour ceux qui en doutaient encore, le père Holt a encore plus d'un riff dans sa besace et il en inonde avec une classe folle chaque morceau de cette nouvelle galette. Tout en vélocité, tout en férocité, il donne un cours magistral, une leçon de thrash nerveux, typé et racé qui mérite le respect et suscite l'admiration. Comme d'habitude les compos sont d'une limpidité exemplaire, chaque plan s'emboîte dans l'autre avec une évidence insolente, tout semble logique et la longueur des titres (7 minutes de moyenne) ne gêne aucunement l'écoute de la rondelle. Certains vous diront le contraire, ne les écoutez pas !
Exhibit B est la suite logique d'Exhibit A ( si si !!), pas d'évolution majeure en vue mais un carnage en règle qui ne laisse que très peu de chances à la concurrence, la vieille comme la jeune. Plus sombre que son prédécesseur, plus agressif aussi me semble t-il, l'album frôle la perfection tant chaque musicien maîtrise son sujet. La paire Holt / Altus nous régale, le solo héroique de Gary sur « Beyond The Pale » ou la passe d'armes magistrale et déjantée entre les deux instrumentistes sur le surpuissant « Hammer and Life » raviront l'amateur de 6 cordes qui aura comme d'habitude avec Exodus son lot de petites gâteries guitaristiques dans chaque morceau. La prod aux petits oignons d'Andy Sneap (ça vous surprend ?) permet à la basse de mettre de grosses beignes métalliques et Rob Dukes, hargneux comme rarement, fournit une prestation remarquable. Ses modulations sur les refrains de « Downfall » ou « Hammer and Life » sont autant de preuves de l'étendue du talent du bonhomme. La haine qu'il dégage sur « Class Dismissed » et cette colère à peine contrôlée qu'il hurle sur « Burn Hollywood Burn » sont simplement inquiétantes.
Exhibit B frôle la perfection, la frôle seulement car « Democide », titre au tempo moins enlevé, vient un peu trop calmer nos hardeurs. Alors que la bataille fait rage, que l'auditeur en prend plein sa tête et en redemande le groupe calme le jeu avec ce morceau moyen et mou du genou que rien ne vient réellement sauver, même Dukes est à la ramasse sur le refrain bancal et poussif. Heureusement tout rentre dans l'ordre juste derrière avec le magnifique « The Sun Is My Destroyer », grosse pièce thrash quasi épique de plus de 9 minutes sur laquelle Peter Tagtgren vient hurler la chansonnette pour brutaliser encore un peu la galette. Plus rien n'arrêtera le groupe jusqu'à la fin de l'album que les derniers arpèges mélancoliques du trappu « Good Riddance » concluront en beauté.
25 ans après le fondateur
« Bonded By Blood », Exodus est solidement installé sur le devant d'une scène thrash qui n'en fini pas de renaître de ses cendres encore fumantes. Une scène Thrash qui semble t-il n'a plus besoin que de ce Big One historique pour prêcher la bonne parole et montrer à tout le monde LA voie à suivre. Le groupe, contrairement à d'autres, est assurément plus proche de son zénith que de la retraite et pourrait bien avoir accouché de l'album de l'année.
8 COMMENTAIRE(S)
12/08/2011 16:51
23/03/2011 10:54
25/01/2011 09:42
Au cours d'une année suffisament fournie en albums exceptionnels, "Exhibit B" n'aurait pas eu sa place parmi les meilleurs mais vu le faible niveau affiché en 2011, on va dire qu'il a validé son ticket in extremis! Concernant le Big Four, seul Metallica a vraiment tenu son rang (cf mon report).
24/01/2011 19:42
Pas grand chose à rajouter par rapport à l'avis de Thomas ci-dessous que je rejoins avec un chant un chouïa limité sur le durée qui induit une espèce de redondance tant et si bien que passé le 8e morceau on perd un peu d'identité pour ceux qui suivent.
De là à le mettre album de l'année par contre... C'est bien uniquement pour le plaisir d'afficher votre position affirmée de la déconfiture du Big Four.
05/07/2010 07:32
04/07/2010 19:51
Suite logique du A en effet, si t'accrochais pas au précédent t'accroches pas à celui-là. Perso j'aime pas Dukes... Zetro reviens. :-D
02/07/2010 21:50
Moi je préfère Altus avec Exodus, un peu plus chaotique et surtout moins heavy.
02/07/2010 21:27