Loudblast - Altering Fates And Destinies
Chronique
Loudblast Altering Fates And Destinies
On peut dire ce qu’on veut sur LOUDBLAST... du positif comme du négatif, mais force est de reconnaître qu’il est rare de voir une formation Française encore active presque quarante ans après ses débuts (et ce quasiment sans interruption), et aussi que chacune de ses sorties soit encore aujourd’hui scrutée avec attention. Car si le combo mené par l’inépuisable Stéphane Buriez a connu son âge d’or dans les années 90 celui-ci a su régulièrement se réinventer musicalement en compagnie de nouveaux membres expérimentés, proposant ainsi depuis une dizaine d’années des compositions plus lourdes et surtout beaucoup sombres et techniques que par le passé... ce qui lui permet de brouiller les pistes tout en s’attirant un nouveau public. Ayant vu l’intégration à la seconde guitare du très demandé Nicklaus Bergen le groupe livre ici son neuvième album pile poil dans la lignée d’un
« Manifesto » tentaculaire et oppressant, mais qui va demander beaucoup plus de temps et d’attention que d’habitude avant d’être pleinement assimilé, tant les vétérans y repoussent ici plus loin leurs limites musicales… même si tout ça ne va pas sans faire sans difficultés.
En effet si la force du combo a toujours été de proposer des morceaux facilement mémorisables cela était différent sur sa précédente réalisation, qui tout en gardant ce côté direct sur certains d’entre eux voyait l’ajout d’éléments extérieurs et de parties plus planantes et barrées, qui avaient parfois tendance à casser la dynamique générale. Et si au départ de ce « Altering Fates And Destinies » tout va partir sur des chapeaux de roues avec le simple et rapide « From Beyond II (The Return) » à l’écriture sobre et absolument redoutable pour se défouler, le tempo va ensuite particulièrement s’alourdir avec plus ou moins de réussite. Pour le moment on reste convaincu par cette galette quand arrive dans la foulée l’excellent et opaque « Putrid Age Of Decay » brumeux au possible, et qui offre des parties remuantes du plus bel effet en jouant sur l’alternance entre bridage intense et mid-tempo court mais redoutable. Cette conception va également se retrouver un peu plus loin sur le tout aussi réussi « Miserable Failure » écrasant et opaque, mais d’où émerge un solo mélodique qui créé de l’espoir au milieu de ce néant absolu. Jouant donc sur les deux tableaux ces plages représentent parfaitement les deux meilleures facettes de ce long-format, qui vont se retrouver régulièrement par la suite via notamment « He Who Slumbers » aux accents éthérés de bon aloi et complétés par quelques accents tribaux au milieu d’une rythmique lourde d’où émerge quelques sympathiques accélérations. Si l’on va être étonné de prime abord par le suffocant et doomesque « Dark Allegiance » les choses sont néanmoins encore largement positives, notamment avec cette étonnante et agréable fin acoustique conjuguée à ces changements réguliers de rythmes qui surprennent l’auditeur en amenant une dimension hypnotique surprenante et addictive, d’autant plus avec cette hausse du niveau de jeu qui reste néanmoins fluide et sans excès.
Cependant à parfois vouloir en faire trop l’entité se perd un peu en chemin, il suffit d’écouter « Crystal Skin » pour s’en convaincre vu que ça n’arrive jamais à décoller ni à s’extraire de toute cette masse graisseuse et brumeuse qui l’entoure, et ce malgré les tentatives d’accélération pour pouvoir s’en dégager. Mais si cependant il y avait là quelques bonnes choses à retenir en revanche on n’arrivera jamais à véritablement entrer dans le trip de « Son Of Nameless Mist », qui malgré ses arpèges froids au démarrage part un peu dans tous les sens... et finit ainsi par faire décrocher même les plus motivés. Ce constat sera partagé sur le court « Cursed And Veil » qui nous balance tout son panel technique quitte à aller trop loin dans le délire, et c’est dommage car il y avait de l’idée au départ… un ressenti partagé sur le trop long « Fortress » inquiétant et nostalgique, mais où hélas le tempo bridé et presque Doom finit par créer une certaine léthargie qui aurait été moins présente si l’ensemble avait été raccourci.
Heureusement tout cela reste minoritaire et c’est tant mieux, il suffit de se pencher sur l’excellent et immédiat « Inhale The Void » pour s’en apercevoir, vu qu’ici ça reprend toute la variété rythmique ainsi que le style des années 90 en y ajoutant une légère touche actuelle qui passe facilement, et font ainsi de ce moment un des meilleurs de cet enregistrement. D’ailleurs on se satisfera aussi tranquillement de « The Path To The End » comme de « Forbidden Pleasure » qui vont à l’essentiel sans chercher à faire en trop, et surtout en montrant un vrai dynamisme retrouvé et que l’on aurait aimé entendre plus fréquemment. Car oui il est vrai que la bande se complait parfois à prendre un train de sénateur de manière trop marquée, même si cela reste quand même assez fluide et agréable malgré les fautes de goût évoquées en amont, en revanche il est certain qu’à l’instar de « Planet Pandemonium » en son temps ce nouveau cru ne manquera pas de diviser les fans, et qu’il est sans nul doute le plus difficile d’accès jamais sorti par ses soins. Il va donc falloir se mettre en condition pour pleinement appréhender cette œuvre dense et profonde comme osée mais cohérente… qui montre que désormais sa tête-pensante fait ce qu’elle veut sans se soucier des modes, et surtout sans jamais jouer la carte nostalgique de manière exagérée. A voir si désormais cette nouvelle livraison passera aisément le cap des années comme les précédentes, mais en tout cas on ne peut que s’incliner devant cette œuvre collective de vieux briscards toujours en forme qui continuent de tracer leur sillon, malgré les aléas et les récurrents changements de personnel autour de son emblématique leader qui continue à marquer l’histoire du Metal hexagonal, avec une détermination toujours intacte. Et rien que pour ça on ne peut que le féliciter et l’encourager à continuer car le jour où il prendra sa retraite on ne pourra que le regretter, tant l’empreinte qu’il aura laissée sera indélébile malgré quelques légers coups de mous ou réalisations moins marquantes comme ici… même si elle sera peut-être réhabilitée dans le futur, l’avenir le dira.
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1 COMMENTAIRE(S)
citer | La première écoute ne me charme pas tellement mais comme c'est Loudblast, il aura droit à plusieurs chances ! |
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1 COMMENTAIRE(S)
27/12/2024 12:01