Un nom de groupe vraiment tout pourri, un titre d’album à l’avenant, une pochette qui concatène la totalité des poncifs du genre
thrash crossover accumulés depuis les années 80… Sur le papier il semble difficile de prendre les Ukrainiens de
REABILITATOR trop au sérieux, même s’ils ont le mérite de ne pas mentir sur la marchandise : un simple coup d’œil sur l’illustration ainsi que les photos promotionnelles et tu sais ce qui t’attend avec une marge d’erreur avoisinant le zéro absolu. Mais après tout,
Fucking Thrasher est le quatrième LP du trio, il fut un temps sur le reconnu label espagnol
Xtreem Music, ça ne doit pas être si terrible que ça !
Effectivement, dès les premières écoutes, je
kiffe. Le style s’avère certes ultra simpliste mais son côté énervé spasmodique emporte rapidement l’adhésion grâce à ses influences
TANKARD,
GAMA BOMB,
LICH KING (la similarité graphique du logo) et son petit clin d’œil malin au « The Heretic Anthem » de
SLIPKNOT lors du final de « Agent 777 », il est bien amené, sans lourdeur excessive… Pour le reste, la formation déroule un tapis rouge de gala sur lequel il vaudra mieux regarder où l’on met les pieds, n’étant jamais à l’abri de s’entailler sur un tesson de bouteille, une seringue, un clou. L’ensemble sent évidemment la mauvaise bière de table, les cheveux gras, les aisselles moites ainsi que les pieds restés trop longtemps dans une paire de Rangers mais peut-on sincèrement reprocher à ces jeunes messieurs de sacrifier l’hygiène corporelle à la passion métallique ? Je ne le pense pas.
Bon, j’admets que les presque quarante minutes sont peut-être un poil trop longues compte-tenu du fait qu’il n’y a quasiment aucune variation : les potards sont à dix
non-stop, les solos exécutés à l’arrache (une technique toujours efficace dès lors que l’on est capable de tartiner le bas du manche en vitesse rapide), le chant aboyé mi-ivrogne mi-maton, nous ne sommes clairement pas face à un album de
techno thrash alambiqué et les préoccupations restent aussi sommaires qu’essentielles : le monde qui part en couilles, les fils de pute qui nous entourent, tu sens que derrière l’apparente bonhommie de ce
thrash metal rustique il y a un propos qui va au-delà des problèmes de bières tièdes ou de la dernière MST contractée par le batteur. D’ailleurs, ce fond légèrement social politisé apporte une dimension supplémentaire au disque, le sérieux des thématiques finissant par déteindre sur la musique qui incite certes à se défouler mais sans l’abrutissement adolescent que l’on retrouve parfois dans ce genre de LP qui n’aspire qu’au
fun.
Donc… Je ne serai pas en mesure de comparer cette sortie aux trois précédentes mais tu connais, les formations évoluant dans ce registre ont rarement de gros trous d’air aussi la qualité doit être égale à
Global Degeneration (2012),
Social Programming (2016) ou
Mentally Defected (2022), l’artwork étant similaire. Par conséquent, si ton besoin immédiat est d’écouter urgemment un
thrash féroce, urbain (d’où les références
crossover, surtout pour le chant ou certains riffs typés
punk hardcore), qui te donne envie d’allumer un cocktail Molotov afin de le balancer sur l’institution de ton choix, alors tu es entre de bonnes mains avec
REABILITATOR qui ne propose rien d’autre que l’insurrection, la baston, l’entraide fraternelle des peuples opprimés. Un chic moment, sans prétention.
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07/11/2025 08:34