Ruinous - Graves Of Ceaseless Death
Chronique
Ruinous Graves Of Ceaseless Death
Décidemment le blondinet Alex Bouks ne supporte pas l’inactivité, en effet celui-ci traîne dans le milieu Death Américain depuis tellement longtemps qu’il pourrait facilement faire office de vétéran au sein de celui-ci. Puisqu’après avoir fondé GOREAPHOBIA, usé sa guitare au sein d’INCANTATION, et s’être fait recruter tout récemment par IMMOLATION, le voilà qui trouve encore le moyen de se lancer dans un nouveau projet avec deux acolytes de renom qu’il a côtoyé au sein de FUNEBRARUM, le chanteur/guitariste Matt Medeiros et le batteur Shawn Eldridge (actuellement dans ABYSMAL GATES). Autant dire qu’avec un bagage et un vécu pareil du trio on sait à l’avance à quoi s’attendre au niveau musical, c’est-à-dire du bon gros Metal de la mort qui tâche et qui suinte l’humidité par tous les pores. Après une signature chez Dark Descent (qui confirme la qualité générale de son catalogue), les voilà déjà avec un premier opus sorti dans la foulée de leur création (sans être passés par la case démo ou EP), où les mecs frappent fort et nous envoient la dernière grosse baffe de l’année.
Car en un peu plus de trois-quarts d’heure on se retrouve balloté entre passages rapides furibards et parties lourdes et lentes aux influences Doom, le tout avec une construction et un jeu relativement simples et à l’accroche immédiate, comme on peut le constater avec « The Tombs Of Blasphemy » qui envoie du bois d’entrée avec sa vitesse, sa double qui sait se mettre en valeur et ses quelques blasts bien troussés pour aérer et diversifier tout l’ensemble, où n’oublient pas de se mêler un peu de mid-tempo pour headbanguer comme il faut et offrir une grosse variété à cette première compo. D’ailleurs sur la plupart de celles qui vont suivre le trio va appliquer la même recette, d’abord avec l’excellent « Dragmarks », suivi de « Plague Maiden » aux breaks joués sur les toms (et où l’on remarque encore plus le mixage très en avant de la batterie) et où le solo joué sur un tempo très ralenti fait mouche. « Torn Forever From The Light » qui conclut le disque reprend tous ses éléments pour offrir un mélange affuté et efficace, dont le rendu explosera encore plus lors des concerts, mais là-aussi la bande a su se faire brillante car le reste va soit à l’essentiel soit dans quelquechose de plus travaillé et poussé.
Pour ce premier point on peut citer directement « Transfixed On The Gate » qui ne fait pas dans la dentelle et se retrouve joué à fond tout du long, sans lever le pied une seule seconde, et qui montre que même sans grands ralentissements ou nombreuses variations l’ensemble garde sa cohérence et sa ligne de conduite, à l’instar de « Ravenous Eternal » qui en moins de trois minutes même la concurrence à distance respectable grâce à un sprint effréné sans lassitude aucune. Mais quand on base prioritairement son style et son jeu sur la vitesse il faut savoir se calmer et ralentir, et c’est également la force de cette galette qui montre toute sa lourdeur et sa noirceur intégrale. Celle-ci se montre omniprésente avec « Procession Of Ceaseless Sorrows » qui s’ouvre sur un riff d’une froideur extrême couplée à un son bien gras et dégoulinant, avant que la batterie ne rentre en piste via un tempo doomesque à souhait qui ne changera pratiquement pas sur la durée, hormis une très légère poussée sur la fin. On ne peut encore une fois qu’applaudir le résultat tant les gars évitent la monotonie, tout comme avec « Through Stygian Catacombs » pièce-maîtresse de l’album avec ses onze minutes qui vont filer comme l’éclair passant sans difficultés du doom le plus massif aux blasts les plus rapides, tout en n’oubliant pas les montées progressives, les passages de double ravageurs et les nombreux changements de tempos. Malgré sa durée qui peut rebuter ce petit bijou s’écoute sans peine et jamais l’impression de s’ennuyer ne se fait sentir.
Avec sa production en reverb’ impeccable où chaque instrument est bien audible, et ses nombreux changements de chants entre voix growlées d’outre-tombe et criardes imposantes, l’ensemble se révèle une excellente surprise très sombre qui peut presque rivaliser avec ses ainés nationaux. Bien que ça ne sorte pas des sentiers battus et balisés des formations où a joué son géniteur par le passé, RUINOUS nous offre quand même un vrai bon moment où l’on sent que la bande se fait plaisir et prend son pied à jouer ses compositions qui ne révolutionnent en rien le genre, mais qui fait le boulot comme il se doit avec passion et intégrité.
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