Bodyfarm - Ultimate Abomination
Chronique
Bodyfarm Ultimate Abomination
On le sait il n’est jamais simple de continuer à faire vivre un nom après la disparition de son leader, c’est ce à quoi a été confronté le combo suite à la mort de Thomas Wouters quelques semaines seulement avant la sortie du testamentaire
« Dreadlord » à la saveur toute particulière. Loin de se laisser abattre les survivants ont décidé de continuer l’aventure comme le souhaitait leur ami, même si entre-temps le batteur historique a décidé de mettre les voiles pour de nouvelles aventures (remplacé par l’ancien WESENWILLE David Schermann) et qu’un nouvel hurleur expérimenté a été officiellement intégré autour des rescapés Alex Seegers et Bram Hilhorst (ce dernier étant désormais l’unique membre originel). Si tous ces changements pouvaient laisser planer le doute quant au maintien de la qualité musicale du groupe il n’en est heureusement rien, car durant pratiquement trois quart-d’heure on va retrouver la patte si reconnaissable des Bataves menée la plupart du temps à un train d’enfer et à l’accroche implacable et constante. Car force est de reconnaître que les gars se sont ici surpassés et ce cinquième opus lorgne carrément sur les plates-bandes de l’excellentissime
« Battle Breed », tant son inspiration est ici au taquet ne faiblissant pratiquement jamais et permettant ainsi à cette nouvelle ère d’être au sommet d’une discographie désormais conséquente.
On va d’ailleurs se rendre compte dès la première plage que les mecs ont décidé de marquer de suite leur territoire avec le très court et implacable « Torment » qui sert de parfait défouloir, tant la cadence ne ralentit jamais (on y voit même l’ajout de quelques blasts) et aidée en cela par un sens du riff impeccable et une tonicité de tous les instants. Totalement classique dans son écriture ça reste néanmoins parfaitement efficace et donne une furieuse envie de faire un carton dans la fosse de par cette cavalcade continue à la fluidité constante, dont on a pu déjà entendre ce rendu sur d’autres compositions des Néerlandais mais qui ne donnent pas la sensation de redite. D’ailleurs ce schéma basé sur la vitesse majoritaire et le dynamisme imposant va se reproduire à plusieurs reprises sur cette galette, sans que cela ne se répète vu que chacune des plages possède son petit truc pour bien être différenciée… que ce soit le groove intensif de « Symbolical Warfare » (qui place quelques plans mid-tempo imparables et bien situés), la densité et l’entrain de « Charlatan Messiah » ou l’explosif et débridé « Blasting Tyranny » qui mène la danse sur les chapeaux de roue. Si tout cela ne révolutionne en rien les idées de la bande ça fait le boulot exactement comme on le souhaite, sans chichis ni durée à rallonge mais avec une énergie et une accroche communicative, et ce même quand elle sort légèrement de sa zone de confort. Sans s’éloigner du Death légèrement rétro qui fait son charme celle-ci va aussi mettre au jour quelques influences extérieures qui trouvent facilement leur place au sein de leur style de prédilection, et ainsi dévoiler un rendu encore plus homogène et intéressant qui met à mal tout risque de linéarité.
En effet on va entendre des accents martiaux totalitaires sur le redoutable « Empire Of Iniquity » (qui sent bon par moments ses regrettés compatriotes de HAIL OF BULLETS), et montre que son mid-tempo est épique et entêtant afin d’être en parfaite condition pour le combat à venir. Si ça reste encore relativement proche musicalement avec « Soul Damnation » on lorgne ici carrément vers le Thrash du côté des guitares, qui n’hésitent pas également à intégrer une certaine dose de mélodie juste comme il faut afin de montrer que les musiciens savent aussi jouer dans un versant moins sauvage et posé. D’ailleurs afin de terminer en beauté tout ça c’est le sombre « Sacrilege Of The Fallen » qui va avoir droit de cité avec son ambiance typiquement Black, aussi bien rythmiquement que dans les relents obscurs qui s’en dégage à chaque instant quand le bridage intervient de façon légère. Cependant si tous ces bons moments sont majoritaires il y’a quelques baisses de régime notables et surtout habituelles chez les Flamands, comme cela apparaît sur le redondant et poussif « The Wicked Red » qui ne décolle jamais et a du mal à se terminer… à l’instar de « The Swamp » beaucoup trop long et ennuyeux.
Heureusement il ne s’agira que des seuls défauts de ce long-format affûté qui va faire un carton sur scène comme au sein de son auditoire, celui-ci passant de belles heures d’écoute en perspective à apprécier chaque détail et instrument. Prouvant en tout cas que la disparition de son cofondateur n’a pas eu d’impact sur son écriture et sa motivation BODYFARM continue de s’imposer comme une valeur sûre de son pays (qui pourtant en regorge), avec l’assurance systématique d’avoir dans les oreilles du bon son à l’ancienne qui fout une pêche d’enfer et un rictus de satisfaction. Autant dire que là où il est l’ancien chanteur-guitariste peut être fier du travail accompli (autant de son vivant qu’aujourd’hui), vu qu’il perdure désormais au-delà de sa personne partie trop jeune en voyant son remplaçant et ses anciens complices continuer son œuvre avec brio et surtout un infini respect.
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