Mine de rien cela faisait longtemps que MACHINE HEAD n’avait pas été aussi rapide pour sortir un nouvel album, car si depuis
« The Blackening » le combo restait relativement régulier dans le rythme de ses publications il fallait compter en moyenne dans les quatre ans pour le voir revenir sur le devant de la scène. Ayant retrouvé du poil de la bête avec le très bon
« Of Kingdom And Crown » celui-ci a donc eu envie de repasser au plus vite par le chemin des studios afin de continuer sur cette bonne dynamique, où est venu en outre se greffer le guitariste Reece Scruggs (en lieu et place d’un Vogg dont le planning chargé avec DECAPITATED a eu raison de sa disponibilité à plein temps) qui a quitté un HAVOK déclinant pour amener toute son expérience autour de l’omniprésent Robb Flynn. Cependant avec le quatuor on n’est jamais à l’abri de rien, surtout depuis une décennie où il nous a plus souvent habitués à de la déception qu’à de grands moments de joie, vu qu’hormis la surprise portée par son précédent chapitre depuis
« Bloodstone & Diamonds » on a la sensation persistante d’avoir affaire à un géant sur le déclin qui n’arrive plus à être efficace sur un disque complet. Et malheureusement il était dit que ce regain de forme ne serait que provisoire, car ce onzième opus est un ratage intégral qui n’a rien à envier au désastreux
« Catharsis » où le chanteur-guitariste semble plus que jamais totalement déconnecté de son auditoire et en perte complète d’imagination, vu qu’on va avoir droit durant quarante et une minutes à une succession de titres foireux et sans idées, plombés en prime par des effets synthétiques immondes qui lorgnent même vers le Metalcore de bas-étage.
Ça n’était donc franchement pas la peine de pondre le long-format le plus court de sa longue carrière pour accoucher de ce genre de truc innommable, où les morceaux malgré leurs courtes durées respectives se montrent hyper répétitifs vu que ça recycle les mêmes plans en permanence et où les riffs bâclés côtoient des leads rudimentaires inintéressants, complétés par une batterie qui fait le minimum syndical et ne se foule vraiment pas. Nulle trace donc de grandes épopées à rallonge, d’introductions qui préparaient le terrain dignement ou encore d’hymnes imparables taillés pour la scène... vu qu’ici il va être très difficile de faire ressortir quoi que ce soit... même avec la meilleure volonté. En effet dès les premiers instants de « Atomic Revelations » il va y avoir de quoi déchanter, car après quelques notes de piano en guise d’ouverture c’est à un mélange traditionnel de passages rapides comme lents auquel on va avoir droit... tout cela avec forcément l’indéboulonnable chant clair et ambiances éthérées d’un goût franchement douteux. Avec en prime un sentiment de retour en arrière à l’époque
« The Burning Red » et
« Supercharger » (que l’on va d’ailleurs régulièrement ressentir ensuite) on n’est vraiment pas convaincu par ce départ franchement mitigé, qui ne va hélas pas s’arranger par la suite vu que c’est le prévisible et ennuyeux « Unbound » qui débarque ensuite sans plus de réussite, avant que l’infâme « Outsider » ne finisse par donner envie de se taper la tête contre les murs. Sans doute parmi ce que l’entité a écrit de pire depuis ses débuts cette plage froide et au modernisme dégueulasse nous offre un virage presque dansant de par son mid-tempo assez étonnant mais finalement foireux, où les accents électroniques dignes de formations comme EMMURE ou BRING ME THE HORIZON annihilent toute volonté de compassion. Tout cela à l’instar de « Not Long For This World » triste et rampant où la rythmique ne décolle jamais, et voit là encore ces éléments surproduits venir gâcher le peu de bonnes choses ici présentes et qu’on aurait pu mettre en avant.
Pourtant il faut croire que le combo n’est pas encore totalement léthargique et en état de mort cérébrale, vu qu’il arrive à écrire des choses intéressantes comme « These Scars Won’t Define Us » qui sans être grandiose nous replonge vers son passé glorieux en proposant plus de sobriété qui lui sied parfaitement, combinée à une écriture directe où ça joue vite et sans prise de tête. Et c’est ça qu’on aurait aimé entendre plus fréquemment car même si ça n’a rien de génial ça arrive encore à être efficace, et ça n’est déjà pas si mal dans cet océan boueux où les choses ne vont pas être franchement mieux sur cette seconde partie (hormis le Punk et enlevé « Shards Of Shattered Dreams » qui aurait pu avoir sa place sur « The More Things Change... » et va proposer une ultime dose de défouloir). En effet il se faut farcir d’entrée l’immonde « Bonescraper » au modernisme exacerbé et aux chœurs dégueulasses où l’on aimerait que le frontman ferme sa gueule, vu que comme d’habitude il en fait des tonnes et cela épuise le fan même le plus ouvert d’esprit... surtout avec cette relative accessibilité musicale qui irrite au plus haut point. Si « Addicted To Pain » pouvait laisser croire à un léger regain d’intérêt de par son démarrage relativement convaincant et énervé, cela ne va pas durer longtemps avant qu’on ne replonge dans un ennui absolu... surtout avec toujours ce sentiment de revenir à la période de la bande avec Ahrue Luster où le mauvais goût vestimentaire et capillaire complétait celui musical. Et tout ça n’est rien comparé à « Bleeding Me Dry » qui va tomber dans des abîmes de médiocrité, tant on se demande où les gars ont voulu en venir avec ce truc qui ne ressemble à rien... car avec son début synthétique et planant d’où émerge une boîte à rythmes la suite va mettre du temps à se mettre en place, avant qu’on ne retrouve enfin le véritable son des Californiens... mais il sera hélas trop tard. Lorgnant vers la science-fiction et le cosmos ceux-ci offrent sans aucun doute la chose la plus improbable de cette galette qui se termine avec « Scorn » froid et doux qui rappelle étrangement la clôture du rouge brûlant, avec un certain charme mais sans qu’on ait néanmoins de quoi s’emballer.
Excessive de partout et s’auto-parodiant jusqu’à en perdre toute dignité la machine de tête livre ici un enregistrement tellement ambitieux, prétentieux et à part par rapport aux autres qu’il loupe totalement sa cible tout en préférant largement miser sur l’alternance facile du mode couplet-refrain indigne de son niveau. Cela sans compter ce ressenti persistant que tout a été écrit à l’arrache sur un coin de table (et bâclé au moment de le mettre en boîte), ce qui ne laisse jamais l’occasion aux passages instrumentaux de s’exprimer correctement et d’avoir en outre le ressenti que c’est du réchauffé en permanence (à l’instar de la pochette signée Seth Siro Anton qui a du mal à se renouveler artistiquement). Bref tout cela est joué sans conviction par une équipe de mercenaires (dont l’apport personnel est pratiquement invisible) autour du dernier membre originel qui a de plus en plus de mal à garder des troupes unies autour de lui, et cela n’a rien de surprenant quand on voit la direction artistique actuelle (difficilement supportable pour quiconque) et qu’on connaît le caractère du bonhomme au quotidien.
Si parfois on peut avoir pitié de certains ratages ici on ne pardonnera rien... car outre nous infliger ces cohortes d’effets en tous genres présents de façon continue l’ensemble sonne tellement faux et balisé pour essayer de plaire au plus grand nombre qu’il en est ridicule. Et si tout cela ne suffisait pas on ne ressent aucune passion ni folie dans l’exécution générale, surtout que vocalement c’est loin d’être la grande forme tant il semble parfois à bout de souffle... au propre comme au figuré. Torché et balancé au public sans qu’on n’ait le temps de comprendre ce qui nous arrive (surtout que ça donne l’impression de ne jamais vouloir se terminer) ce truc indéfendable confirme l’état comateux de son général en chef qui ne sait plus où se placer pour continuer à rameuter du monde... quitte à perdre définitivement ceux qui lui sont restés fidèle jusqu’à aujourd’hui. On ne peut donc que lui conseiller de revenir aux fondamentaux comme il avait su le faire à l’époque avec
« Through The Ashes Of Empires », mais en a-t-il seulement l’envie voire même la capacité ? Si la question reste en suspens en revanche il est certain ou presque que de voir arriver dans le futur un nouveau
« Burn My Eyes » ou
« The Blackening » semble à l’heure actuelle hautement improbable, ce qui prouve qu’à tellement retourner sa veste en bon opportuniste il l’a faite craquer de tous côtés... au risque désormais de tout perdre.
3 COMMENTAIRE(S)
02/07/2025 18:23
Encore plus avec mes groupes de coeur, même inconsistants comme MH.
Et le teenager en moi était hypé par "Unbound" et "Bonescrapper", les premiers singles, que j'ai quand même trouvé coolos comme titres.
Le vinyl était dans mon panier d'achat pour arriver day one à la maison.
Mais le matin de la sortie, par acquis de conscience, j'ai écouté l'album en stream en entier.
Commande de vinyl annulée.
En effet c'est d'la merde, sorti des 2 titres précité qui sont les seuls audibles pour moi.
3/10 aussi.
02/07/2025 14:31
mdr !
02/07/2025 13:33
- Unbound : le riff du début c'est du Gojira non ? Et la voix claire c'est de la merde non ?
- Outsider : la voix claire c'est de la merde non ? Et ce genre de riff tribal, je pensais que ça avait disparu depuis "Roots"
- Bonescraper : c'est triste de vouloir singer la scène metalcore / deathcore quand on a une carrière pareille. Le refrain, digne d'un groupe de lycée jouant au bal de fin d'année.
Je vais m'économiser une écoute, merci ! :-)