Je la sentais venir celle-là! J'avais en effet l'intime conviction que Machine Head allait se planter avec ce huitième album sorti le mois dernier,
Bloodstone & Diamonds. Et ça n'a pas loupé! Je n'arrive jamais à retenir son nom d'ailleurs, un signe qui ne trompe pas! Même la belle pochette mettant en valeur le logo classe du groupe qui faisait oublier l'étron ornant
Unto The Locust n'a pas réussi à me rassurer. Est-ce à cause du départ en mauvais termes du bassiste de toujours, le sympathique Adam Duce, remplacé par un inconnu, Jared MacEachern? Est-ce Robb Fynn qui m'énerve de plus en plus dans ses déclarations? Est-ce le changement de label de leur maison de toujours Roadrunner Records vers l'usine Nuclear Blast? Ou est-ce les extraits très moyens qui m'ont mis la puce à l'oreille? Sans doute un peu des trois. Machine Head avait de toute façon déjà baissé en qualité sur un
Unto The Locust très décrié entre autres pour son côté ultra-mélodique mais que j'avais tout de même adoubé malgré un niveau très inférieur à
The Blackening, pierre angulaire de la discographie post-2000 des Américains qui semblent avoir du mal à s'en remettre. Cette fois-ci par contre, je ne vais pas me gêner pour tirer à boulets rouges sur ce
Bloodstone & Diamonds qui rappelle les heures sombres de la formation californienne.
Un
Supercharger bis? Non, pas vraiment. Pas en terme de style musical en tout cas. Car Machine Head reprend là où on l'avait laissé, à savoir sur un power/thrash mélodique plus concentré sur la mélodie que sur l'agressivité. Sauf que là, c'est encore pire. C'est en effet à un Machine Head tout sucré que l'on a affaire ici. Et quand le côté mélodique très prononcé d'
Unto The Locust restait fouillé et intéressant, inspiré de ses influences prestigieuses des années 1980, celui de
Bloodstone & Diamonds s'avère peu recherché, très moderne dans l'esprit (comprendre superficiel). L'hypogonadisme couplé à une inspiration en berne rend ainsi ce nouveau disque des plus ennuyants. On se fait chier bordel!
Le pire, c'est que Robb Flynn pense qu'il a plein de choses à dire et que c'est intéressant. Il nous refourgue du coup un album de plus d'une heure. 71 putain de minutes exactement! Trois fois trop long vu la médiocrité de la chose! Voyez-vous, le frontman a du mal désormais à pondre des titres efficaces de moins de 6 minutes (appelons ça le syndrome Metallica). Il se sent donc obligé de rallonger artificiellement la durée des ses compositions qui s'en sortiraient mieux amputées de 2-3 minutes. Au delà du fait d'être interminable,
Bloodstone & Diamonds est également indigeste, pompeux, grandiloquent. Violon(celle), piano, orchestrations et autres arrangements, samples divers et variés, Robb Flynn en fout partout comme sur "Now We Die", "Sail Into The Black", "In Comes The Flood" ou l'instrumental "Imaginal Cells" qui lui passe toutefois beaucoup mieux car de courte durée et intéressant de par sa thématique sur l'humanité et sa survie.
Idem pour le chant. Si les vocaux hurlés du guitariste restent de qualité, le bonhomme a la fâcheuse manie de chanter en voix claire sur tous les morceaux, et pas que sur les refrains. Non seulement ça sonne formaté mais en plus la plupart des parties chantées s'avèrent d'une mièvrerie assez extraordinaire ("Ghosts Will Haunt My Bones", "Beneath The Silt", "In Comes The Flood" décidément une des plus mauvaises pistes malgré son puissant sample d'intro et outro patriotique (pour mieux balancer sur les Etats-Unis!), "Damage Inside" pour lui faire de la concurrence, "Game Over" pour compléter le trio perdant, etc.). Ça fait longtemps que Flynn insiste pour utiliser sa voix claire et personne ne s'en plaint quand il s'agit de tueries comme "Halo", "Descend The Shades Of Night" ou "Darkness Within". Mais ici, c'est presque chaque fois raté, forcé, poussif et niais à mourir. Il n'y a guère que sur "Sail Into The Black" que l'on retrouve le leader vraiment émouvant. Du moins sur sa première partie triste et sombre, gâchée ensuite par un riff plombé nullissime tout juste rattrapé par une lead en tremolo pas trop mal, avant de retomber dans ses travers pompeux. On a qu'une envie c'est de le claquer pour qu'il se réveille! J'ai même des envies de meurtre sur "Damage Inside", sorte d'interlude (trois minutes tout de même!) sur lequel il ne fait que chouiner.
Et les riffs dans tout ça? Eh bien ce n'est pas non plus merveilleux. Déjà qu'
Unto The Locust abusait un peu trop de ces gros riffs plombés simplistes en power chords, l'abus se révèle encore plus marquant sur
Bloodstone & Diamonds même si ces riffs ont toujours fait partie du style de MH et que certains passent bien (un peu de groove simple et efficace, ça ne fait pas de mal parfois). Sauf que la sur-utilisation rend même les bonnes choses soûlantes. Et puis ne cherchez pas les mecs, vous n'arriverez jamais à refaire le coup de "Davidian"! Certains de ces riffs sonnent en plus limite comme des mosh-parts metalcore ("Ghosts Will Haunt My Bones" à 5'33, "Take Me Throught The Fire" à 3'47)! Même les riffs "normaux" ne se montrent pas très inspirés de toute façon. On sent un groupe qui, sûr de ses acquis, n'a pas fouillé bien loin, reprenant les mêmes recettes avec moins d'allant qu'auparavant. On notera tout de même celui gras, groovy et puissant de "Beneath The Silt", différent des autres, qui m'a fait penser au Mastodon de
Leviathan. Malheureusement la suite laisse à désirer, laissant ce riff original comme seul point positif du morceau. Autre surprise, celle-là plus amère, qu'on trouve sur "Game Over" avant la deuxième minute et qui reviendra une ou deux fois. Le riff, la rythmique et le chant entraînants easy-listening rappellent... Sum 41 ou tout autre groupe de punk-rock à roulettes!? Facepalm de rigueur. Point d'orgue du manque d'inspiration, d'audace et de couilles d'un Machine Head en très petite forme, cette longue traversée du désert de "Eyes Of The Dead" à "Game Over" digne d'un combo de troisième zone. Triste!
Voilà qu'il déteint sur moi le Robb à taper une chronique à rallonge sur un album qui n'en vaut pas la peine. Mais Machine Head reste un des groupes les plus importants pour moi, un de ceux qui m'a mis dans le bain. Ça ne me fait donc pas plaisir de critiquer la bande à Flynn mais il y a un moment où il faut savoir dire les choses. Le fan déçu que je suis ne s'en prive pas tant les motifs de satisfaction sur ce
Bloodstone & Diamonds se font rares. Mais on en trouve quand même et ne pas en parler ne serait pas honnête. Parce que finalement, les extraits moyens dont je parlais dans mon introduction ("Killers & Kings" et "Night Of Long Knives") se placent parmi les meilleurs morceaux. Ou plutôt les moins mauvais. Les plus proches du style des Californiens que l'on aime en fait, certes plus mélodique qu'au milieu des années 1990 quand le combo détruisait tout sur son passage, mais toujours avec de la violence et de l'agressivité dans le ton, n'oubliant pas les racines thrash du groupe (enfin le pauvre Dave McClain peut se lâcher un peu!). Quelques passages thrashy coolos se trouvent aussi sur "Eyes Of The Dead" mais celui-ci ne tient pas la durée. Au bout du compte, je ne mettrais dans la liste des morceaux convenables que "Now We Die" (malgré le gavage évoqué plus haut), "Killers & Kings", "Night Of Long Knives", "Sail Into The Black" (pour sa première moitié surtout), "Imaginal Cells" ainsi que le final "Take Me Through The Fire" dont j'apprécie le riff mid-tempo plombé légèrement mélodique ainsi que le refrain efficace (les "hey hey hey" par contre, c'est pour le live hein, en studio ça fait juste kéké!). Six sur douze en étant gentil. Cela montre que si
Bloodstone & Diamonds n'est pas une merde infâme, la mauvaise odeur n'est jamais loin.
Trop long, trop mou, trop chargé, trop peu inspiré,
Bloodstone & Diamonds ne peut être en effet qu'une déception. La plus grosse de l'année en ce qui me concerne par rapport à mon vécu avec le groupe. Après tout, ce sont toujours les personnes les plus proches qui vous déçoivent le plus, non? L'album se veut épique et ambitieux mais il sonne surtout creux. Robb Flynn devrait dégonfler son melon et revenir à l'essentiel à mon avis, ça ne lui ferait pas de mal! Là il se perd en voulant trop en faire, que ce soit le chant clair mielleux désormais automatique ou les multiples arrangements dispensables de morceaux à la fois vides et encombrés. Comme valeur sûre, on se raccrochera alors au chant énervé du frontman qui a encore la patate quand il veut, ainsi qu'aux solos toujours au top de l'ex-paire de Violence Flynn/Demmel, rares éclairs de génie dans cet océan de médiocrité qui reçoivent toute notre sympathie, tout comme les quelques morceaux et passages plus burnés. Machine Head aurait dû suivre le code des bonnes manières. Quand on n'a rien d'intéressant à dire, on ferme sa gueule!
4 COMMENTAIRE(S)
28/09/2017 14:03
23/01/2016 21:06
6.5/10
24/02/2015 21:40
Enormément de longueurs inutiles, loin d'être aussi efficace que les autres, j'ai beau l'avoir écouté plusieurs fois avec l'intime conviction que j'allais avoir une illumination à un moment donné, une sorte de déclic qui me ferait vraiment prendre conscience qu'on a quelque chose de bien plus intéressant que ce qu'on pense avoir au premier abord, et bien non, ça ne prend tout simplement pas. Fort fort déçu, j'espère que Flynn ne va pas s'embourber davantage dans ces titres à rallonge, sur Blackening c'était magistral, sur Locust plutôt bon, mais là c'est juste ennuyant, ça tourne en rond, pas grand chose de mémorable, et ça c'est un sacré comble pour un tel groupe.
29/12/2014 14:40
Comme pour toi, MH est un groupe de coeur qui m'a mis dans le bain avec The More Things Change. Je suis même plus sévère que toi, tellement je suis déçu, d'une part par l'album mais également par leur dernière prestation live à laquelle j'ai pu assister. Pour ma part, je m'arrête aux deux premiers morceaux. J'ai horreur de l'intro de "Night Of Long Knives" et elle ne m'a pas convaincu du tout en live... Le reste de la foule non plus ; elle n'a pas bougé d'un seul poil...