Après Metallica, c'est sur un autre de mes groupes cultes que je vais m'étendre: Machine Head. Mais pas de bond de 30 ans en arrière ici, simplement un petit saut de 3 mois quand le gang de Oakland a enfin sorti son septième album,
Unto The Locust. Non contents d'avoir à leur actif deux albums cultes des années 1990,
Burn My Eyes et
The More Things Change..., les Californiens avaient livré en 2007 un nouveau chef-d'œuvre du nom de
The Blackening. Rien de moins qu'un des plus grands albums de la dernière décennie. Dire que la bande de Flynn était attendue relève dès lors de l'euphémisme. Une attente de 4 ans et demi enfin terminée grâce à ce nouvel opus débarqué sur Roadrunner Records, le label de Machine Head depuis ses débuts. Mais déjà une première déception avec cette pochette des plus laides représentant un insecte ailé humanoïde, sorte de
La Mouche version sauterelle ("Locust" en anglais). On est loin de la classe de l'artwork noir et blanc de
The Blackening! Une déception visuelle qui augure du pire musicalement?
Heureusement non, quoique ce
Unto The Locust s'avère, avouons le tout de suite, en dessous de son illustre prédécesseur et même du très bon
Through The Ashes Of Empires. Notamment en raison d'un manque de surprise et de risque. Machine Head poursuit donc logiquement sur la voix tracée par
The Blackening, en gardant une longueur de morceaux conséquente (7 minutes en moyenne, excusez du peu!) et en forçant encore davantage le trait sur l'aspect mélodique.
Unto The Locust est en effet l'opus le plus mélodique de la formation qui n'a de toute façon jamais caché son amour pour le heavy metal. Si vous êtes allergique au chant clair de Robb Flynn, vous pouvez donc d'ores et déjà passer votre chemin car le frontman ne l'a jamais autant utilisé, que ce soit sur les refrains ou les couplets. Personnellement, j'aime beaucoup sa voix claire mais si elle passe souvent très bien (le beau refrain de "Be Still And Know", la magnifique power ballade "Darkness Within" ou encore la puissante et poignante "Who We Are" dont l'intro est chantée par... les enfants de Flynn et Demmel!), elle connaît aussi quelques ratés comme sur "Locust" (qui nous renvoie par certains côtés à
Supercharger, pas vraiment une bonne chose!), "This Is The End" et "Pearls Before The Swine" (trop mielleux). La performance globale de l'Américain demeure toutefois plus qu'honorable, surtout grâce à sa voix hurlée puissante et fédératrice qui n'a rien perdu de sa verve et qui reste par chance majoritaire. On appréciera également les lyrics puisque Robb a toujours fait partie des meilleurs paroliers de la scène metal, sachant tout aussi bien véhiculer la rage qu'apporter plus de sensibilité. À écouter en premier les paroles émouvantes de "Darkness Within", l'un des plus beaux titres composés par le quatuor.
Il n'y a pas qu'au chant que
Unto The Locust se fait plus mélodique. Les guitares sont également à la fête. Ce sont même elles qui portent l'opus, comme tout bon album de metal devrait le faire de toute façon. Et là on sent qu'il y a du travail derrière tant
Unto The Locust se retrouve gavé de riffs à mélodies facilement mémorisables, de belles leads et de solos enthousiastes. Si les solos sont tous excellents comme d'habitude chez Machine Head, l'ex-paire de Vio-Lence Flynn/Demmel faisant à nouveau des merveilles ("Be Still And Know" à 3'14, la partie de ping-pong de "Locust" vers 4'30, "This Is The End" à 4'50, "Darkness Within" à 3'20 ou encore "Who We Are" à 3'46), j'aurais cependant préféré des riffs moins portés sur la chose et plus rentre-dedans malgré leurs qualités indéniables.
Heureusement tout de même, du frontal, il y en a encore. MH reste du power/thrash après tout, même plus nuancé. Et à ce niveau, le morceau d'ouverture, "I Am Hell (Sonata In C#)", divisé en trois parties, nous remplit de joie. Après une longue introduction sur laquelle des "Sangre Sani" sont chantés à répétition, remplacés à la première minute par un gros riff plombé, le rythme s'emballe surprenamment, et Dave McClain d'envoyer du tchouka-tchouka thrashy avec une ferveur qui fait plaisir à entendre. Bien sûr, le titre reste comme les autres très mélodique mais il y avait longtemps qu'on n'avait pas entendu Machine Head bourrer de la sorte et jouer aussi vite! McClain est d'ailleurs à créditer d'une très bonne prestation, peut-être même bien la meilleure et la plus variée de l'ex-Sacred Reich. J'aime notamment beaucoup son jeu dynamique sur "This Is The End". Dommage néanmoins qu'il ne blaste pas après le tremolo rapide et mélodique à 0'52, ça l'aurait fait grave! Un vrai reproche par contre, le son de la batterie, un peu trop plastique, en particulier les toms. Rien à redire toutefois sur le reste de la production (prise en main par Robb Flynn épaulé de Juan Urteaga), claire et puissante, parfaite pour le style. Le mix permet en plus de distinguer clairement la basse de Adam Duce qui, si elle n'entreprend rien d'extraordinaire, fait quand même du bon boulot (l'intro de "Locust" entre autres).
Voyez donc que
Unto The Locust est bourré de qualités. Ça, je ne dirai pas le contraire. Malgré cela, il y a plusieurs choses qui me chiffonnent, bien plus que les quelques petites critiques émises plus haut. Pour la première fois, on sent que Machine Head se répète. "I Am Hell" est un excellent titre d'ouverture, bien punchy, mais le riff à 2'08 qui démarre vraiment le morceau ressemble fortement au riff principal d'"Aesthetics Of Hate", un riff que le groupe reprend d'ailleurs à d'autres endroits avec quelques modifications légères. Alors on sait qu'il est bon ce riff mais pas la peine de le coller partout! Dans le même ordre d'idée, les Américains ont souvent tendance à lâcher (en fin de morceau en général) les gros riffs bien lourds qui ont fait leur succès. C'est cool, surtout en live, mais ça devient un peu rasoir et surtout, ils n'atteignent pas le niveau d'un "Davidian" ou d'un "Imperium". Autre déception, le morceau "Pearls Before The Swine", plutôt banal. Mis à part un solo bien branlé et un jeu de batterie savoureux (j'adore pendant le solo justement!), pas grand chose à se mettre dans l'oreille. Il reste correct mais on a connu le groupe plus inspiré. Et l'inspiration, malgré le travail certain accompli, est dans l'ensemble moindre. Je terminerai sur les trois bonus tracks de l'édition digipak dont le premier m'avait poussé à la prendre. Une reprise de "The Sentinel", morceau tiré de mon album préféré de Judas Priest,
Defenders Of The Faith. Résultat clairement en-dessous de mes attentes puisque MH se contente de reprendre le morceau note pour note (en plus boosté bien sûr) et que Robb Flynn, malgré un "b" de plus et de réels efforts, fait pâle figure face à la performance originelle de Rob Halford, surtout sur le refrain. La cover de Rush ("Witch Hunt"), elle, est molle et chiante comme l'originale (je sens que je vais me faire des amis là!) avec un Flynn qui singe le chant de Geddy Lee pour un résultat plutôt bancal. Le dernier bonus s'avère bien plus sympathique puisqu'il s'agit d'une version acoustique de "Darkness Within", le meilleur morceau de
Unto The Locust avec "I Am Hell", ce qui le rend encore plus touchant.
Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit,
Unto The Locust est un bon album. Très bon même la plupart du temps. S'il s'agissait du premier jet d'un nouveau groupe, je me serais prosterné devant lui. Mais c'est écrit Machine Head dessus, avec une police pas terrible d'ailleurs (on dirait un vulgaire groupe de néo)! Et en comparaison avec les deux dernières offrandes des Californiens, surtout l'immense
The Blackening, il se fait un peu léger le petit nouveau. Mais un MH même en baisse de régime, ça reste bien au-dessus de la moyenne et il ne faudrait pas non plus bouder notre plaisir. Après tout, peu de groupes sont capables de composer de tels titres bourrés de mélodies mémorables, de solos lumineux, d'accélérations entraînantes et de chants à la fois puissants et émouvants. Et il n'y a pas non plus beaucoup de formations pour lesquelles un 7.5/10 est une note décevante. Comme quoi même dans la déception, Machine Head s'en tire à bon compte. Il sont quand même forts, ces cons!
13 COMMENTAIRE(S)
12/12/2011 19:01
12/12/2011 11:58
12/12/2011 01:26
Je les ai vu a Paris et il me sembles qu'ils ont joué que trois morceaux de BME et TMTC, ca fait vraiment peu sachant que pour beaucoup, ce sont les meilleurs !!
11/12/2011 22:30
Personnellement j'aime beaucoup MH, sauf le chant clair de Robb, que je trouve vraiment immonde sur cet opus.
Ajouté à ça le fait que j'ai l'impression d'avoir déjà entendue la majeur partie des Riff qui composent ce Unto The Locust, je ne pouvait être que très déçu...
Comme le souligne Thomas et Seb, j'aimerait bien que MH recommence à être un peu plus rentre-dedans.
12/12/2011 01:22
Les 5 premiers titres sont plutôt bon mais comme pour "The Blackening", ça traine un peu trop en longueur , des passages qui sont inutiles à mon gout.
C'est encore plus pénible quand c'est en live ...
Sinon les deux derniers morceaux c'est le vide total !! Zero inspiration , je sais pas ce qu'ils ont branlés mais je les ecoute jamais ....
M'enfin ca reste un album correct mais qui est déjà placardé compte tenu des dernières sorties qui me bottent bien plus que cet Unto the Locust !!
Tout comme Thomas, je pense qu'un retour aux sources à une musique plus simpliste et direct leur ferait un bien fou !!!
11/12/2011 19:02
Clairement en dessous de Blackening ou TTAOE, mais franchement, il reste très bon, taillé pour la scène et merde, quoi ! Machine Head est une machine de guerre.
MH rules, et pis c'est tout.
11/12/2011 18:37
11/12/2011 18:21
Riffing ennuyeux et déjà entendu sur d'autre galette du groupe, chant abominable sur certain refrain, etc....
Je retourne m'écouté "Through The Ashes of Empire" pour la peine...
Encore une déception pour 2011...
11/12/2011 18:12
11/12/2011 18:09
11/12/2011 18:09
11/12/2011 18:07
Je pensais à une blague en écoutant l'intro du premier morceau: et bien c'est pas drôle ou alors aux dépends des zicos !! Je ne suis pas fan comme Keyser pour décortiquer chaque morceau et y trouver une bonne idée de temps en temps...
11/12/2011 18:24