Après la sortie de
Beyond Any Human Conception Of Knowledge... en 2020, les Bretons d’Hexecutor se sont montrés relativement discrets à tel point que je n’avais pas capté que Joey Demönömaniac (guitare) avait quitté les rangs de la formation en 2023 pour partir s’installer en Pologne (et au passage rejoindre les rangs de SexMag). Alors naturellement, je vous avoue que j’ai un petit peu grimacé en apprenant la nouvelle, me demandant comment Hexecutor réussirait à pallier l’absence de son excellent guitariste. Heureusement, le groupe rennais a su trouver soulier à son pied en intégrant dans ses rangs le plus discret Aymeric Mallet aka Ricky Malevolent (Stonewitch, ex-Fall Of Seraphs, ex-Acarus Sarcopt, ex-Manzer, ex-Sacral Night...). Si sur scène ce dernier peut sembler moins flamboyant, il n’a sur disque absolument rien à envier à son prédécesseur. La preuve avec ce nouvel album.
Intitulé
...Where Spirit Withers In Its Flesh Constraint, ce troisième longue durée renoue avec quelques collaborateurs de longue date. Ainsi, l’illustration est l’œuvre une fois de plus du talentueux Jon Whiplash qui signe ici une réalisation inspirée du titre « Les Lavandières De La Nuit ». Sans surprise également, c’est toujours sous les couleurs du label allemand Dying Victims Productions que se font ces retrouvailles. Finalement, outre l’arrivée d’Aymeric Mallet au sein d’Hexecutor, le seul changement à signaler concerne la production puisque ce troisième album a été enregistré cette fois-ci au Heldscalla Studio sous la houlette du producteur Raphael Henry. Le résultat est une production parfaitement équilibrée et plutôt abrasive mais à l’aspect tout de même un poil plus dépouillé que celle de son direct prédécesseur. Une sorte de retour en arrière (sans effets négatifs) puisque d’une certaine manière celle-ci fait le pont entre la production de
Poison, Lust And Damnation et celle de
Beyond Any Human Conception Of Knowledge....
D’ailleurs, comme pour nous signifier que malgré ces longs mois d’absence ce troisième album est à envisager comme la suite directe de son prédécesseur, c’est sur le titre
"Beyond Any Human Conception Of Knowledge..." qu’Hexecutor entame ce retour aux affaires. Plus qu’un simple clin d’œil, ces sept minutes vont confirmer d’emblée que la formule avancée précédemment était effectivement la bonne et qu’étant désormais arrivé à maturité, Hexecutor n’a plus qu’à dérouler à l’identique une formule parfaitement maitrisée. Alors c’est vrai,
...Where Spirit Withers In Its Flesh Constraint réserve certainement beaucoup moins de surprises que son prédécesseur mais la qualité et la variété de ces huit nouvelles compositions vont suffire à faire oublier ce qui n’est qu’après tout qu’un simple détail sans grande importance.
En effet,
Beyond Any Human Conception Of Knowledge... voit les Bretons renouer avec ce Thrash hystérique qui a fait sa renommée sur disque comme sur scène. Un Thrash virulent aux influences allemandes toujours aussi prononcées (Destruction et Kreator en tête de liste) aux côtés desquelles le groupe a choisi depuis quelques années de faire cohabiter des sonorités Heavy Metal et Black Metal de plus en plus prononcées. S’il est donc une fois de plus mené bon train avec son lot d’accélérations et autres cavalcades endiablées
("Beyond Any Human Conception Of Knowledge..." à 1:55, "Dogue Noir", titre éclair bouclé en moins de trois minutes (une première pour les Rennais depuis ce split avec Manzer sorti en 2016), "Les Lavandières De La Nuit" à 2:56, "Youdig - Perfides Frontières" à 2:52, les premiers instants de "Paol Goz"...), de riffs et de solos ultra-speed
("Beyond Any Human Conception Of Knowledge..." à 2:24, "Dogue Noir" à 0:39, "Kerdis Bras" à 3:32, les premières secondes de « Conomor Le Maudit » puis plus loin à compter de 6:17, "Marion Tromel" à 3:33...) et de lignes de chant tout aussi nerveuses et compulsives (ce qui est clairement la marque de fabrique de Jey Deflagratör avec ce côté arraché et ses inspirations Black Metal évidentes (en plus d’un accent français à couper au couteau)),
...Where Spirit Withers In Its Flesh Constraint est également truffé de séquences bien plus mélodiques à la fibre Heavy Metal des plus flagrantes
("Beyond Any Human Conception Of Knowledge..." à 5:53, "Dogue Noir" à 1:23, une bonne partie de "Les Lavandières De La Nuit" et "Kerdis Bras", toutes ces parties moins tendues sur lesquelles viennent se poser des solos virtuoses de haute volée comme sur "Youdig - Perfides Frontières" à 1:23 et 2:11, "Paol Goz" à 1:28 et 3:43, "Kerdis Bras" à 2:42, "Marion Tromel" à 4:45...) et de passages également assez frais, notamment dans cette manière particulière, parfois un brin bancale, d’amener certaines lignes de chant (le phrasé cadencé de "Les Lavandières De La Nuit", celui presque conté et à bout de souffle de "Youdig - Perfides Frontières" (notamment à compter de 2:00), certains moments sur "Paol Goz" mais aussi et surtout sur l’excellent "Kerdis Bras" où la voix monte et descend au gré des variations de la mélodie principale... Bref, si on ne parlera pas de buffet pour évoquer la musique des Rennais d’Hexecutor, il convient néanmoins d’insister sur son caractère particulièrement varié qui en fait grâce à un sens affûté de la composition un album particulièrement intéressant.
Enfin, en bon Breton un tantinet chauvin dès qu’il s’agit de sa région, de son histoire et de ses légendes, je ne peux que saluer une fois encore l’intérêt porté par Hexecutor à certaines figures et autres récits ayant marqué l’histoire et l’imaginaire de la plus belle région de France (que dis-je, du monde !). De ces portes de l’Enfer (Youdig) au fameux Ankou (ce spectre représentant la mort) en passant par ces inquiétantes et fantomatiques Kannerezed Noz (ces fameuses lavandières des monts d’Arée synonymes bien souvent de grands malheurs), Paol Goz ou le vieux Guillaume qui incarne l’une des figures du Diable, le cairn de Barnenez (Kerdis Bras) ou bien encore Marie-Louise Tromel dite Marion du Faouët à la tête de la Compagnie Finefont avec laquelle elle va détrousser le plus souvent bien des riches marchands alors en retour de foires ou de pardons... Bref, le groupe parvient une fois de plus à puiser dans ses racines afin de mettre en avant des thématiques originales tout en restant très proche de ce que l’on peut entendre plus communément dans le Thrash, le Black Metal voir le Heavy Metal.
Une chouette illustration, des compositions toujours aussi solides avec notamment de sérieuses prédispositions mélodiques (à ceux qui pouvaient en douter, Aymeric Mallet vient probablement de balayer par ces huit titres toutes vos craintes) et une identité très marquée (en dépit d’une approche résolument très inspirée par la vieille école), Hexecutor réussit une fois de plus avec ce nouvel album à mettre tout le monde d’accord (façon de parler, j’imagine qu’il y en a bien quelques-uns pour ronchonner et affirmer que j’ai tort). Certes,
...Where Spirit Withers In Its Flesh Constraint n’est peut-être pas aussi surprenant que son prédécesseur qui voyait le groupe lever le pied au profit de séquences plus mélodiques et personnelles (chose que l’on retrouve également ici) mais il n’empêche que ce troisième album ne manque pas non plus de fraîcheur grâce en grande partie à certaines lignes de chant assez originales (en plus de cet accent français bien trempé et de quelques placements pouvant paraître parfois un brin hasardeux) et à des envies d’instants plus calmes comme exprimés par exemple sur les excellents "Les Lavandières De La Nuit" et "Kerdis Bras". Bref, une fois encore les Bretons visent juste et nous on se régale comme devant un Kouign-amann.
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