Enfin le retour du fameux logo à l’échafaud après un premier album dont celui-ci était tristement absent… Sujet de discorde parmi certains aficionados de ces brigadiers du Rock, le groupe breton aura finalement retrouvé la raison, renouant ainsi avec une partie de son identité, au moins visuelle.
Intitulé
Beyond Any Human Conception Of Knowledge, ce deuxième album sorti il y a quelques jours seulement marque le retour d’Hexecutor après quatre ans d’absence et un
Poison, Lust And Damnation ayant déjà fait très fortes impressions. Alors forcément, les Rennais étaient un petit peu attendus au tournant. Surtout après une si longue période d’absence...
Ce retour aux affaires, Hexecutor le signe sous la houlette du label allemand Dying Victims Productions (label sur lequel avait été rééditée il y a deux ans la démo
Hangmen Of Roazhon et qui en 2017 signait également l’édition LP du premier méfait longue durée des Bretons). Une structure particulièrement solide que les amateurs de Thrash, Speed et Heavy Metal connaissent bien puisqu'en plus d’accueillir d’autres groupes français dans son écurie (Dethroned (RIP), Mortal Scepter, Savagery et Sacrifizer) on lui doit également une tripotée de sorties toutes plus recommandables les unes que les autres (Deathstorm, Midas, Hexenbrett, Tøronto, Blackevil ou Megaton Sword parmi les plus récentes). Fort d’un rayonnement bien plus important que le pourtant respectable label de Shaxul, il est à souhaiter que le nom d’Hexecutor s’exporte désormais davantage. Le groupe le mérite et ce deuxième album est là pour en attester.
Alors que l’illustration de ce nouvel album a été confiée pour la deuxième fois consécutive à un Jon Whiplash en très grande forme (les connaisseurs apprécieront sûrement ici la référence au Necronomicon d’Evil Dead), l’enregistrement s’est quant à lui déroulé à Rennes sous la direction de Romain Baousson avec l’aide de Wenceslas Carrieu de Cadaveric Fumes et Necrowretch. Sujet à quelques critiques, la production de
Poison, Lust And Damnation n’a jamais vraiment fait l’unanimité, certains lui reprochant effectivement son côté maigrelet et peu engageant. Un point que le groupe a semble-t-il entendu dans la mesure où, tout en restant extrêmement naturelle et à l’écoute des spécificités d'Hexecutor (ce riffing mélodique ultra speed reconnaissable entre mille et ce piqué si particulier comme par exemple sur les premières secondes de "Ker Ys"), celle-ci a effectivement gagné en puissance, en clarté et en impact. De quoi contenter probablement tout le monde d’autant que le groupe en a profité pour revoir sensiblement sa copie.
Si Hexecutor pratique toujours un Thrash très chaotique fortement inspiré par la scène Speed des années 80 ainsi que par la première vague Black Metal,
Beyond Any Human Conception Of Knowledge est également l’occasion pour le groupe breton d’affirmer tout son amour pour le Heavy Metal, le Hard Rock et tous ces grands guitaristes qui ont marqué l’Histoire du Rock. Si les premières écoutes ne surprennent pas outre-mesure, l’amateur éclairé retrouvant d’emblée ce qui faisait le charme des précédentes sorties de la formation (cette entrée remarquée sur fond de rototom), on se rend compte tout de même assez rapidement que sans parler de mettre de l’eau dans son vin, le groupe n’a pas hésité à nuancer son propos, calmant ainsi le jeu à l’aide de séquences plus mélodiques au caractère épique parfois bien trempé (la dernière partie de "Buried Alive With Her White Silk Dress" menée par ce lead redoutable, "Ker Ys" et ce passage entamé à 0:57 qui ne sera pas sans ravir les amateurs d’Iron Maiden, "Eternal Impenitence" titre plutôt orienté mid-tempo qui brille par ses nombreux solos et ses claviers discrets, "Tiger Of The Seven Seas", son introduction très inspirée par la musique classique et tous ces excellents solos qui suivront (mention spéciale à cette séquence débutée à 3:35), "Belzebuth's Apocryphal Mark" et son break que l’on imagine repris à l’unisson dans quelques sombres tavernes de flibustiers malouins, l’excellent "Brecheliant", titre instrumental de haute-volée qui donnera probablement la chair de poule à tous ceux ayant déjà foulé ces terres sacrées et ainsi de suite jusqu'au dernier titre). Tout ce travail mélodique, on le doit à Jey Deflagratör et Joey Demönömaniac, deux guitaristes complémentaires (on appréciera les moments où les solos s'enchaînent à gauche puis à droite dans l’oreille, comme dans un jeu de question/réponse) qui ont bien compris que la technique n’était rien sans inspiration ni feeling. Peu avare de leurs instruments, ce sont bien ces deux garçons qui portent la musique d'Hexecutor en dispensant, outre ces riffs Speed/Thrash particulièrement dynamiques et efficaces, quantité de solos incroyablement bien ficelés (le premier de l’album sur "Buried Alive With Her White Silk Dress" à 2:27 ne laisse d’emblée aucun doute sur le talent des Bretons en la matière), qu’ils revêtent ce caractère épique, plus sombre ou largement inspiré de la musique classique comme c’est par exemple le cas sur "Danse Macabre" à partir de 3:01. Bien sûr, S. Chainsaw-Maeströr (basse) et Putrid Vön Rötten (batterie) ne déméritent pas un seul instant mais sans ce riffing inspiré et si personnel et ces solos au feeling incroyable, Hexecutor ne serait très certainement pas ce qu’il est aujourd'hui.
Enfin, en tant que Breton né dans le Morbihan, je ne peux que saluer l’intérêt porté par Hexecutor à l’histoire, au folklore et aux mythes de la Bretagne. Le groupe avait déjà fait très fort sur
Poison, Lust And Damnation, sortant son Thrash des standards en évoquant très largement l’affaire des poisons qui a secoué la cour de Louis XIV au 17ème siècle mais avec
Beyond Any Human Conception Of Knowledge les Rennais vont revenir (souvenez-vous du titre "Hélène Jégado") à des choses plus proches de leur patrimoine culturel et historique (la mariée de Trécesson sur "Buried Alive With Her White Silk Dress" dont l’histoire aurait donné lieu au mythe de la fameuse dame blanche, "Ker Ys" du nom de cette ville bretonne légendaire qui aurait été engloutie par les flots, "Tiger Of The Seven Seas" qui fait référence au film du même nom traitant du célèbre corsaire malouin Robert Surcouf, "Brocheliant" qui n’est autre que l’ancien nom donné à la forêt de Brocéliande ou bien encore "Kroez Er Vossen" ou Croix de la Peste que l’on peut trouver en Bretagne mais également un peu partout en Europe et qui selon la coutume servait à conjurer le mal). Bref, tout un tas de contes, légendes et autres faits historiques dont Hexecutor va se nourrir pour insuffler à ses compositions une espèce d’atmosphère tantôt bourgeoise tantôt paysanne évoquant comme on peut se l’imaginer la vie en Bretagne à cette époque.
Moins excessif que son prédécesseur mené l’Opinel entre les dents et la rage au ventre,
Beyond Any Human Conception Of Knowledge fait preuve de davantage de maturité sans pour autant sacrifier une seule seconde à cette efficacité d'antan. Intense et chaotique, le Speed/Thrash des Bretons conserve effectivement cette frénésie, soulignée une fois de plus par le chant arraché d’un Jey Deflagratör dont les envolées aiguës rappellent un certain Stace "Sheepdog" McLaren. Pour autant, cela n’empêche pas Hexecutor de faire preuve de davantage de relief tout au long de ces cinquante minutes à travers de nombreuses séquences beaucoup plus mélodiques et épiques faisant directement échos aux influences diverses et variées de leurs deux guitaristes (de Van Halen à Iron Maiden, The Eagles, Bon Jovi, Paul Gilbert, Yngwie Malmsteen, Def Leppard en passant par Beherit, Destruction, Kreator et plein d’autres encore...). Bref, Hexecutor est ici monté d’un cran, autant dans l’exécution de ses titres que dans la confection, plus aboutie et mature, de ces derniers. Bien joué messieurs !
7 COMMENTAIRE(S)
15/10/2020 20:14
Un des meilleurs albums de thrash de cette année, bien pauvre en réussites.
12/10/2020 16:25
12/10/2020 10:53
10/10/2020 17:21
08/10/2020 23:57
Y'a une telle osmose entre les musiciens, on sent les mecs déterminés qui vont dans la même direction.
Je le trouve encore meilleur que le premier. Probablement le meilleur album de Thrash Français jamais sorti.
ou peut être le meilleur groupe de Thrash Français qu'on ait jamais eu. Un album qui sort clairement du lot parmi toutes les sorties Thrash actuelles.
08/10/2020 23:51
08/10/2020 19:38
Y'a une telle osmose entre les musiciens, on sent les mecs déterminés qui vont dans la même direction.
Je le trouve encore meilleur que le premier. Probablement le meilleur album de Thrash Français jamais sorti.