Hexecutor - Poison, Lust And Damnation
Chronique
Hexecutor Poison, Lust And Damnation
Cela ne se voit peut-être pas mais ça fait quand même quelques chroniques où j’affiche un certain attachement à ma Bretagne natale. Et bien sachez que ce n’est pas près de s’arrêter puisque les sorties de qualité provenant de la plus belle région du mon... de France continuent de pleuvoir (non, pas comme en Bretagne) en cette fin d’année chargée (la compilation de Cadaveric Fumes, le tout nouveau EP de Venefixion, la réédition de la première démo de Demonic Oath). Ainsi, deux ans après un premier EP remarqué (Hangmen Of Roazhon) et des prestations scéniques furieuses et endiablées (Motocultor, Fall Of Summer...), voici venu pour les Rennais d’Hexecutor le moment de passer aux choses sérieuses.
Intitulé Poison, Lust And Damnation, ce premier album a vu le jour il y a quelques semaines via le label Armée De La Mort. Au programme, huit nouveaux titres dont un que l’on pouvait déjà trouver sur le split paru cette année en compagnie de Manzer. Pour l’illustration, Hexecutor a fait appel aux talents de Jon Whiplash de Skelethal. Le résultat est plutôt bien fichu même si on regrettera l’ancien logo aussi tordu que remarquable. Mention spéciale au lay-out, notamment celui du CD, qui reprend ce qui se faisait à la fin des années 80 (j’ai en tête les premiers albums de Metallica) avec, gravé sur le disque, le titre et le numéro de chaque composition.
Groupe breton mais avant tout français, Hexecutor ne cache pas son intérêt pour l’histoire de notre cher pays. Poison, Lust And Damnation est à ce titre bourré de références à l’Histoire (sombre) de France avec notamment un tryptique ("Macabre Ceremony", "Marquise De Brinvilliers", "La Sorcière Du Marais") relatant l’affaire des poisons ayant frappée la cours de Louis XIV entre 1679 et 1682. On trouve également un titre abordant le personnage emblématique d’Hélène Jégado, l’une des plus grandes meurtrières en série qu’ait connue l’Hexagone et qui aurait assassinée à l’arsenic une soixantaine de personnes en l’espace de dix-huit ans. De quoi rendre franchement intéressante la lecture des textes proposés dans le livret à l’intérieur duquel on retrouve d’ailleurs des illustrations d’époque de certains de ces personnages.
Ces histoires, quelque peu romancées de l’aveu même des quatre protagonistes derrière Hexecutor, sont ici mises en musique à travers un Thrash des plus virulents. On retrouve ainsi cette frénésie qui caractérisait les débuts de la scène allemande, notamment chez des groupes tels que Destruction et Kreator, avec en prime un petit côté bancal et approximatif dans le chant complétement arraché et pourtant bien solide de Jey Deflagratör (certains placements vocaux ainsi que ces cris haut perchés viennent parfois me gratter le fond de l’oreille mais apportent en même temps un charme indéniable et surtout irrésistible à l’ensemble).
Bref, Hexecutor n’a rien inventé mais sa recette ne manque pour autant ni de personnalité ni de fraîcheur. Cette énergie animale, ce petit côté juvénile totalement assumé dans ces envolées vocales excessives ainsi que ces cavalcades soutenues et incessantes font de Poison, Lust And Damnation un album ultra efficace. D’autant qu’en matière de riffs, les Rennais ont sorti le grand jeu. Outre ces fulgurances témoignant d’un riffing nerveux et incisif, Hexecutor appose sa marque grâce à des mélodies et des soli particulièrement remarquables dans leur genre (si celui de "Marquise De Brinvilliers" à partir de 4:17 ne vous fait pas dresser le poil alors c’est que vous êtes déjà mort...). Ce sens de la mélodie, le groupe le tient de ses influences Heavy Metal qui donnent à son Thrash une belle et complémentaire dualité. Alors que d’une manière générale les riffs fusent ici à toute berzingue, les nombreux leads et soli posés par Joey Demönömaniac viennent contrebalancer ce côté plus "simple" et bas du front en y insufflant un soupçon supplémentaire de mélodie et surtout un côté épique parfois même presque théâtrale (encore une fois, celui de "Marquise De Brinvilliers" avec sa descente puis sa remontée continue de me coller des frissons tellement ça joue). De la même manière, Hexecutor s’est autorisé quelques petites nouveautés à l’image de cette outro acoustique sur le titre "Visitation Of A Lascivious Entity", ce clavier très 70’s sur les toutes dernières secondes "Phalanx Of Damnation" ou bien encore ce "Hardrockers City", véritable ode au Hard Rock et aux Hardos qui vient ainsi conclure de manière plus "détendue" ce Poison, Lust And Damnation mené pied au plancher.
Alors que l’heure des bilans approche, ce premier album d’Hexecutor risque très sérieusement d’y trouver sa place tant ce que propose les Bretons s’apparente finalement à une véritable leçon de Thrash. Loin des productions modernes et souvent aseptisées qui plombent encore aujourd’hui ce courant, Hexecutor propose quelque chose de personnel. Outre une production naturelle, ce sont surtout les thèmes abordés et cette complémentarité entre Thrash incisif et mélodies/soli épiques à la sauce NWOBHM (Iron Maiden en tête) qui font toute la différence et rendent la musique des Rennais hyper efficace, très addictive et naturellement entêtante. Après un Hangmen Of Roazhon servant de préambule plus que sérieux, Hexecutor revient aujourd’hui marquer les esprits avec un brûlot Thrash particulièrement abouti et avant tout ultra bonnard. Longue vie aux pendus de Rennes !
| AxGxB 24 Novembre 2016 - 3244 lectures |
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7 COMMENTAIRE(S)
citer | MoM 11/07/2017 14:08 | note: 7.5/10 | Un album dont j'apprécie la teneur revival, y a un vrai feeling Death Angel d'Ultra Violence sur le chant, mais avec une instru qui me botte davantage ici. J'aime aussi leur aspect "on brouille les pistes" avec une jaquette très black metal, alors que leur logo officiel n'a rien à voir avec ce qu'on voit en cover. Leur look sur scène entre cuir et acier abdos saillant fait bien le taff pour ajouter une autre touche.
Bref, un groupe qui s'amuse ; et on s'amuse avec eux. Sur scène, ils sont vraiment superbes, je me souviendrais toujours du chanteur qui, pour lancer l'avant-dernier morceau, a simplement sorti : "Allez-y bougez-vous le cul !" |
citer | AxGxB 15/12/2016 10:35 | note: 8.5/10 | L'album semble faire l'unanimité et c'est tant mieux. Un des disque de l'année, c'est certain. |
citer | Une tuerie cet album, 3 semaines qu'il est dans ma bagnole.
Prod puissante, assez aiguë et abrasive comme le chant, solos efficaces sans être inutilement démonstratifs, sections rythmiques qui font excellemment le job.
Y a du speed, du heavy, du thrash, du black (vite fait hein, dans les trémolos) et ça bute. Il y a plein d'hymnes sur cet album et sans faire mon chauvin, depuis Perversifier il y a 3 ans, au niveau thrash / speed breton c'est ce qu'il se fait du mieux.
En gros si vous aimez le talent + Kreator, Destruction, Razor, Maiden et Perversifier avec un soupçon de Destroyer 666, allez-y c'est du pain béni. |
citer | Groupe découvert sur la compile We are french... avec le titre Metal Witchcraft.
Grosse claque!
je rejoins la chro et les comms précédents, super album de thrash matiné de heavy, avec de la personnalité. Du tout bon!
Un album dans mon top 5 de l'année! |
citer | AxGxB 24/11/2016 21:11 | note: 8.5/10 | Je n'ai pas parlé de Deathhammer car postérieur à Destruction et Kreator mais c'est clairement ça. D'ailleurs, en parlant de Deathhammer |
citer | Keyser 24/11/2016 19:44 | note: 8/10 | Terrible. Entre le Destruction de la bonne époque et Whiplash, les Deathhammer français. |
citer | Après leur EP qui promettait de belles choses, les bretons confirment avec ce disque qui envoie comme il faut, sans se prendre au sérieux mais les membres ont l'intelligence de proposer quelquechose de bien à eux entre Thrash old-school et Heavy d'époque ... une excellente surprise qui prouve que la France sait aussi produire d'excellents groupes de ce style. |
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7 COMMENTAIRE(S)
11/07/2017 14:08
Bref, un groupe qui s'amuse ; et on s'amuse avec eux. Sur scène, ils sont vraiment superbes, je me souviendrais toujours du chanteur qui, pour lancer l'avant-dernier morceau, a simplement sorti : "Allez-y bougez-vous le cul !"
15/12/2016 10:35
14/12/2016 23:26
Prod puissante, assez aiguë et abrasive comme le chant, solos efficaces sans être inutilement démonstratifs, sections rythmiques qui font excellemment le job.
Y a du speed, du heavy, du thrash, du black (vite fait hein, dans les trémolos) et ça bute. Il y a plein d'hymnes sur cet album et sans faire mon chauvin, depuis Perversifier il y a 3 ans, au niveau thrash / speed breton c'est ce qu'il se fait du mieux.
En gros si vous aimez le talent + Kreator, Destruction, Razor, Maiden et Perversifier avec un soupçon de Destroyer 666, allez-y c'est du pain béni.
25/11/2016 11:22
Grosse claque!
je rejoins la chro et les comms précédents, super album de thrash matiné de heavy, avec de la personnalité. Du tout bon!
Un album dans mon top 5 de l'année!
24/11/2016 21:11
24/11/2016 19:44
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