Lorsque l’on pense Thrash, la Norvège n’est pas vraiment le premier pays qui nous vient à l’esprit. Pourtant, ces trois dernières décennies ont tout de même vu fleurir quelques formations particulièrement dignes d’intérêt même s’il n’est pas rare que celles-ci fricotent plus ou moins ouvertement avec un autre style bien de Norvège, le Black Metal. Parmi les plus plébiscitées et/ou remarquables, citons notamment Aura Noir, Nocturnal Breed, Condor, Deathhammer, Infernö, Nekromantheon, Töxik Death ainsi qu’Inculter. Formée en 2012 et originaire de Fusa, cette dernière vient de sortir début décembre son troisième album.
Intitulé
Morbid Origin, c’est une fois encore sous les couleurs du label Edged Circle Productions (Deathcult, In Aphelion, Reptilian, Sepulcher, Yoth Iria...) qu’est paru celui-ci. Un disque qui met fin à quatre années d’absence à peine remarquées puisqu’on ne va pas se mentir, Inculter n’est pas le genre de groupes à figurer sur toutes les lèvres. Néanmoins, en artisan appliqué et talentueux, cette nouvelle n’aura pas manqué d’être accueillie avec un semblant d’excitation par les quelques connaisseurs ayant déjà croisé la route de ces Norvégiens.
Un retour effectué cette fois-ci sous la forme d’un trio puisque le bassiste Cato Bakke a choisi de plier bagage l’année dernière pour se concentrer sur ses autres projets (notamment Reptilian et Sepulcher que je vous invite également à découvrir si ce n’est pas déjà fait). Pour le remplacer, Inculter n’a pas eu à chercher bien loin puisque c’est Remi Andrè Nygård (chant, guitare) qui se charge ici des lignes de basse. Et comme si cela ne suffisait pas, on lui doit également l’enregistrement et le mixage de ces nouvelles compositions. Enfin pour en finir avec cette introduction, sachez que cette très chouette illustration est signée des mains d’un certain Alvar Baptist aka Ironalvar sur Instagram. Un tatoueur plein de talent qui a priori ne devraient pas manquer d’être à nouveau sollicité.
Néanmoins, au-delà de cet artwork effectivement très réussi qui devrait, on l’espère, mettre quelques nouveaux auditeurs sur le chemin de ces Norvégiens, la deuxième chose que l’on constate est la durée quelque peu allongée de ce troisième album. Là où ses deux prédécesseurs étaient respectivement affichés à trente-huit (
Persisting Devolution) et trente-quatre minutes (
Fatal Visions),
Morbid Origin flirte quant à lui avec les cinquante minutes de jeu pour un nombre de titres quasi-identique... Sans pour autant changer son fusil d’épaule ni chambouler sa formule, Inculter a donc choisi d’étoffer son propos en nous offrant évidemment un Thrash à l’influence norvégienne toujours aussi évidente (coucou la scène de Kolbotn) mais néanmoins un poil plus varié qu’à l’accoutumée.
Cette quête de diversité, le groupe va l’entretenir par le biais de changements dynamiques importants avec notamment de nombreuses séquences lors desquelles Inculter va choisir de lever le pied afin de ainsi rompre avec ces assauts encore nombreux mais qui dorénavant ne constituent plus l’essentiel de son Thrash. Des instants moins tendus et plus mélodiques qui vont permettre également aux Norvégiens d’explorer de nouveaux horizons à travers des sonorités Heavy Metal bien plus évidentes que par le passé. Parmi les exemples les plus parlants, on retiendra des titres comme "Age Of Reprisal" et "Morbid Origin" qui ne sont pas sans évoquer tour à tour King Diamond et le Darkthrone de ces dernières années. Même chose pour "Chained To The Void", "Perennial Slaves" et "Lethal Salvation" qui dans leurs instants les plus chaloupés puent effectivement le Celtic Frost / Darkthrone à pleines narines (une impression d’ailleurs largement renforcée par le chant âpre de Remi Andrè Nygård). Impossible enfin de ne pas évoquer l’excellent "Extinction" qui après une première partie menée le couteau entre les dents va changer de braquet et nous offrir à compter de 3:08 un excellent solo à la fibre épique et mélodique particulièrement vibrante (une mélodie qui d’ailleurs n’est pas sans me faire penser au générique de la série Game Of Thrones...). Un parti pris également renforcé par certains arrangements comme cette guitare acoustique entendue sur "Death Reigns" à 3:11 ou bien encore sur les toutes premiers notes de "Perennial Slaves" ou bien encore ces arpèges dispensés sur cette introduction qui ouvre l’album..
Moins prédominantes que par le passé, les séquences bourre-pifs ne manquent pourtant pas tout au long de ces cinquante minutes. De "Death Reigns" à la seconde partie bien véloce de "Chained To The Void" en passant par ce "Children Of Demise" mené pied au plancher du début à la fin ou bien encore la première partie de "Extinction", Inculter n’est pas sans nous régaler de ces cavalcades Thrash toujours aussi jouissives. Des accélérations franches et particulièrement survoltées soulignées par un riffing aux petits oignons qui n’a évidemment rien inventé mais dont les coups de poignets exécutés à toute berzingue réjouiront à n’en point douter tous les amateurs de shreds. Bref, malgré ces baisses de régime évoquées plus haut, Inculter sait encore mettre les pendules à l’heure quand il le faut.
Peut-être que certains trouveront cette diversité pénalisante dans la mesure où effectivement, Inculter à quand même largement levé le pied par rapport à ses deux précédents albums. Pourtant, à l’issue de ces quarante-neuf minutes ont n’a pas forcément le sentiment d’être face à un album qui se traîne la patte ou manque d’énergie et d’intensité. Au contraire, en jouant ainsi sur la dynamique de chacune de ces compositions, le groupe évite une certaine redite sans pour autant faillir à son identité. Son propos ainsi étoffé, Inculter convainc même peut-être davantage que sur son prédécesseur pourtant déjà très efficace en son genre grâce à des mélodies très bien ficelées et à des reliefs avantages prononcés. Quoi qu’il en soit, la formation norvégienne a le mérite de chercher à proposer des choses un brin différentes encore une fois sans trahir qui il est et ce qu’il a pu faire par le passé. C’est donc une fois encore une belle réussite pour un groupe qui semble avoir réussi son passage à l’âge adulte.
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