Eternal Evil - The Gates Beyond Mortality
Chronique
Eternal Evil The Gates Beyond Mortality
Parmi toute cette nouvelle vague venue de Scandinavie les jeunots d’ETERNAL EVIL sont sans doute ceux qui ont le plus marqué les esprits récemment, tant le destructeur
« The Warriors Awakening Brings The Unholy Slaughter » publié il y’a déjà deux ans avec son incroyable énergie et sa fureur incandescente et permanente avait tout explosé sur son passage. Désormais signé chez nos locaux de Listenable Records (et ayant vu du mouvement en interne avec l’arrivée de nouveaux membres à la basse et la batterie), le combo revient avec la suite logique de ce premier méfait qui reprend là où les choses en étaient restées sans chercher à véritablement se renouveler et heureusement... vu que les gars ont sans doute eu en tête le ratage fait par leurs compatriotes de SARCATOR l’année dernière. Néanmoins contrairement à ceux-ci le binôme créatif Adrian Tobar/Tobias Lindström a fait légèrement évoluer sa musique sans pour autant rater sa cible, car si elle conserve ses instincts primitifs et endiablés elle voit aussi l’apparition de parties Heavy plus affirmées qui sentent l’influence de la N.W.O.B.H.M. et montrent ainsi que les mecs ont pris de la bouteille et osent s’affirmer plus fortement.
Cependant pour démarrer ces derniers ont décidé de frapper vite et fort en conservant leur style rudimentaire et primaire via l’énervé et énergique « Guerilla Warfare » qui ne s’embarrasse de futilités en jouant sur la facette Thrash la plus dépouillée, à l’instar du tout aussi virulent et impeccable « Funeral Prayers » qui ne fait pas de quartier et montre que les mouvements internes au groupe n’ont eu aucun impact sur sa qualité et sa violence. Si toute cette facette primale et radicale va faire mouche instantanément, on peut aussi inclure dans le lot le très court « Desecration Of Light » et le dynamisme surpuissant de « Immolation », avant de s’apercevoir que c’est finalement quand la musique de l’entité se densifie et se voit plus travaillée qu’elle n’en est que meilleure, vu qu’on va avoir droit à des moments de bravoure d’une grande fluidité sans que cela ne tombe dans le dégoulinant larmoyant comme le trop-plein technique. En effet dès l’entrée en piste de « The Gates Beyond Mortality » on va se retrouver dans une alternance jouissive où tous les tempos sont de sortie, remplie de noirceur comme de chaleur (le boulot sur la basse est en permanence particulièrement audible et imposant) où la rapidité côtoie des accents plus lents calés entre quelques rasades de mid-tempo imparable et parfait pour headbanguer. Et si tout cela ne suffisait pas quelques doux arpèges mélodiques du plus bel effet vont se faire entendre, et ainsi amener une touche de douceur particulièrement agréable et sympathique qui se greffe à merveille à l’ensemble. D’ailleurs afin que cela soit vraiment perceptible sur ce disque les nordiques vont aussi nous gratifier de cela sur le tout aussi imparable « The Astral Below » à la montée progressive et au départ apaisé tout en finesse (avant que la machine ne s’emballe et ne lâche les chevaux), qui va nous jouer le grand-écart incandescent et brutal. Proposant même des moments guerriers épiques à souhait (où l’on a envie d’aller au combat en étant emporté par l’ambiance générale) « Signs Of Ancient Sin » sert lui-aussi de parfaite transition vers ce à quoi ont évolué les formations Britanniques des années 80, tant c’est rampant et sautillant avec toujours ce feeling et cette simplicité qui passent tout seul le cap des écoutes multiples... tout comme la longue et accessible conclusion intitulée « The Cursed Trilogy ». Car ici l’obscurité s’efface clairement au profit d’une luminosité plus importante que l’on va voir apparaître sous la forme d’harmonies délicates du côté des guitares qui trouvent totalement leur place entre les différentes variations rythmiques plus ou moins pêchues, mais dont le rendu ne tombe ni dans la facilité ni la balade de pacotille. En effet si tout y est plus solaire et apaisant la noirceur n’est pas ici absente mais simplement plus discrète pour mieux revenir à différents moments, et ainsi clôturer un long-format particulièrement réussi et totalement équilibré dans ces deux versants opposés.
Proposant tout du long une alternance où pour un titre bas du front succède un autre plus entraînant et travaillé - histoire de maintenir une attention permanente, la bande offre un opus plus intéressant encore que son prédécesseur et confirme ici tout son potentiel. Plus mature dans son écriture comme son exécution elle prouve qu’elle est capable de tout jouer et d’épaissir ces idées musicales en se faisant plaisir tout en allant chercher d’autres influences extérieures mais toujours anciennes, vu que ça reste old-school à mort et c’est parfaitement cela que l’on souhaite entendre. Si le cap du deuxième album est souvent décisif pour une carrière cette épreuve est ici réussie avec brio par les Suédois qui se placent désormais par les incontournables de leur pays, ayant brillamment franchi l’écueil de la révélation à suivre dont on attend la confirmation... vu qu’ici tout donne l’impression d’être joué avec une facilité déconcertante sans donner la sensation de se fouler. Autant dire qu’on ne peut que conseiller cette réalisation qui ravira aussi bien les amateurs d’IRON MAIDEN que des vétérans d’outre-Rhin (KREATOR, SODOM et consorts) tant on y retrouve certains plans très ressemblants mais qui ne tombent jamais dans le plagiat, tout en ayant cette même énergie communicative. Tout cela fait donc un parfait défouloir sans prétentions qui s’écoutera autant en dilettante qu’avec les oreilles attentives et prêtes à s’imprégner de cet ensemble de notes jouées avec précision et fluidité, de la première à la dernière seconde sans jamais relâcher la pression auprès de l’auditoire.
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