Barbarian - Viperface
Chronique
Barbarian Viperface
Trois ans après le réussi
« To No God Shall I Kneel » revoilà le trio de Toscane avec un cinquième album qui se place dans la droite ligne de ses prédécesseurs, avec donc le même niveau qualitatif global où l’on retrouve les habituels bons points… mais aussi les défauts récurrents et historiques, qui font ainsi de ce nouveau chapitre quelque chose de hautement prévisible mais pourtant toujours très accrocheur et agréable à écouter. Car avec sa musique délicieusement rétro qui lorgne autant vers le vieux Speed que le Thrash des origines (tout en y ajoutant une noirceur typiquement Black), le combo ne se pose pas de questions et joue sur le régressif assumé à la simplicité redoutable quand ça ne s’éternise pas sur la durée. Du coup il n’est nullement surprenant que ce « Viperface » se place au même niveau que ceux qui sont sortis auparavant, et complète ainsi une discographie désormais bien remplie et parfaitement homogène… et ce même si ça ne va pas être flagrant au départ. En effet on a toujours remarqué que le groupe a parfois tendance à s’enliser dans des compositions trop longues et peu inspirées, et c’est exactement comme cela que débute ce cru 2022 avec le morceau-titre qui va se traîner sur toute sa durée en étant pataud et balourd, tant l’écriture y est bancale comme l’interprétation franchement limite et au manque cruel de puissance.
Du coup avec ce loupé initial (qui s’embourbe surtout quand le rythme y est bridé) on a de bonnes raisons d’être inquiet pour la suite qui va heureusement être supérieure, et finalement gagner en intensité au fur et à mesure que l’on va progresser dans l’écoute de ce disque finalement réussi. Car avec « Chant Of The Inflicter » on va de suite retrouver le sourire avec ces accents rampants et riffs très Heavy idéals pour secouer la tête, avant que tout cela ne s’accélère telle une cavalcade endiablée particulièrement accrocheuse… sentiment qui va se répéter juste après avec le redoutable « Whisper My Name » qui va presque rappeler DESTRÖYER 666 sur certains points, tant l’envie de prendre sa voiture sous le soleil caniculaire se fait sentir. Si jusqu’à présent ça jouait sur l’équilibre des forces avec le court « Charity Defiler » les choses vont clairement s’accélérer et mettre la vitesse beaucoup plus à l’honneur, vu qu’ici ça va être à fond quasiment de bout en bout et aidé par un ensemble très agressif et énervé qui va servir de gros défouloir (qui sent d’ailleurs les vieux SODOM et KREATOR à plein nez), et clore ainsi une première partie qui a trouvé son rythme de croisière. D’ailleurs celui-ci ne va cesser d’être présent sur la seconde et tout d’abord sur l’excellentissime et accrocheur « A Feast For The Beast » dont on sent l’influence de JUDAS PRIEST (on y trouve une grosse ressemblance avec l’intro de « The Hellion/Electric Eye ») de par ses passages mid-tempo furibards au headbanging contagieux, et qui n’en oublient pas d’être remuants et sautillants. Confirmant qu’elle est à l’aise en levant le pied la formation va pousser ce cheminement à son paroxysme sur l’écrasant et sombre « Fourteen Daggers », qui joue la facette de l’obscurité absolue et de l’humidité la plus poisseuse le tout aidé par un long solo qui renforce ce sentiment d’inquiétude et de perdition, avec toujours ce côté addictif et remuant. Taillée pour la scène cette plage va clairement y faire un carton si elle est jouée tant elle est à contre-courant rythmiquement de ce que font ses créateurs la plupart du temps, qui signent clairement la meilleure réalisation de cette galette vu que la conclusion équilibrée et sympathique intitulée « Regressive Metal » clôt les hostilités correctement à défaut d’être mémorable, même si ça s’écoute facilement et sans dommages.
C’est cela finalement le plus important et que l’on retiendra principalement de cet enregistrement qui a franchement fait peur durant les premières minutes, tant il a eu du mal à réellement démarrer avant de trouver sa vitesse de croisière. Avec son entrain communicatif et sa grosse chaleur idéale pour l’été cette nouvelle livraison des Florentins ne fera pas avancer le schmilblick d’un iota tant ça reste standardisé et lambda au possible – et surtout elle se contente de reprendre ce qui a été fait par le passé de façon plus consistance et addictive. Néanmoins même si l’entité reste un second couteau crédible dans sa catégorie il serait dommage de la juger uniquement sur cette redite musicale, vu que les à-coups dont elle est capable suffiront largement à combler les fans les plus ouverts d’esprits, comme les puristes qui y verront un bon moyen de passer le temps tranquillement et sans se poser de questions. Servant de parfait reposoir pour le cerveau qui n’en demandait pas tant cela permettra à son propriétaire de se détendre avec une bonne bière sur ce gros son qui sent l’alcool, la sueur et l’authenticité, malgré une production moderne parfois pas forcément adaptée à la couleur musicale… mais là c’est vraiment histoire de chipoter et rien d’autre.
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