Witches Hammer - Damnation Is My Salvation
Chronique
Witches Hammer Damnation Is My Salvation
Ce n'est pas le fait que l'un des fondateurs de Witches Hammer, Marco Banco, rejoindra Blasphemy, groupe culte dont je me contrefous, suite à la séparation de son groupe en 1990 qui m'a donné envie d'écouter Damnation Is My Salvation. Si le line-up avait été un argument, cela aurait plutôt été la présence de deux membres de Tyrants Blood. Le guitariste Marco Banco, donc, et le batteur Steve Shaw qui remplace John E. Prizmic, mort d'une overdose en 1997, depuis la reformation de Witches Hammer en 2018. Ce n'est pas non plus le label Nuclear War Now! Productions dont la plupart des sorties, souvent trop black bestial pour mes goûts, me laissent froid. Non, c'est bien à nouveau grâce à la pochette que j'ai voulu tester l'album. Cette magnifique speed metal wheel, souvent confondue par les ignares pour un soleil noir nazi, géante et incandescente, s'écrasant sur Terre telle une immense météorite qui mettrait fin à toute forme de vie. Ce symbole devenu culte et toujours utilisé par la jeune génération, récupéré dans les années 1980 par le Québécois Michel Meese de Banzai Records sur une publicité pour une coopérative dans un bottin local et apposé sur les albums les plus extrêmes de son label. Cette marque pleine de sens et d'Histoire métallique qui orne mon coude droit depuis plusieurs années. Forcément, je ne pouvais pas détourner l'œil !
Tant mieux car j'ai pu y découvrir un vieux groupe talentueux dont j'ignorais jusque-là l'existence alors que plusieurs compilations ont pourtant vu le jour entre 2003 et 2012 (dont la plupart déjà par Nuclear War Now! Productions qui semble très lié avec lui). Pour la faire courte, Witches Hammer nous vient du Canada (forcément !) et a existé entre 1984 et 1990, publiant trois démos et un EP. Avant de ressusciter en 2018 sous l'impulsion de deux membres d'origine, Marco Branco et le chanteur Rayy Crude, frère du batteur décédé, qui se sont entourés de trois nouveaux musiciens plus jeunes. Damnation Is My Salvation, sorti en avril 2020 sur le label californien de Yosuke Konishi, s'avère donc le tout premier long-format du combo . Celui-ci propose d'anciens titres ré-enregistrés à la saveur old-school plus prononcée ("Frozen God", "Witches Hammer" et "Deadly Mantis") et cinq nouvelles compositions plus abouties techniquement ("Across Azeroth", "Solar Winds", "Damnation Is My Salvation", "Within the Halls" et "Nine Pillars"). Et le moins que l'on puisse dire c'est que le combo de Vancouver n'est pas revenu pour beurrer les sandwiches ! Les Canadiens s'adonnent à un speed metal assez extrême, sombre, agressif et méchant très porté sur un thrash blackisant, auréolé d'une pointe de death, plus bien sûr du heavy metal à travers certains riffs et mélodies que le groupe n'oublie pas malgré l'aspect assez cru de l'ensemble. Une sorte de blackened speed/thrash en gros, aux influences à aller chercher dans les années 1980 telles que Slayer, Bathory, Venom, Possessed ou encore Razor. Pas grand chose à voir avec le speed metal européen gentillet, ici on est au Canada faut-il le rappeler ! Le côté extrême vient à la fois des rythmiques souvent rapides, tchouka-tchouka mais aussi semi-blasts et blast-beats balancés en courtes rafales, ainsi que du chant écorché à la sud-américaine de Branco. Dommage toutefois que le mix enterre un peu trop les vocaux et les cymbales qui se retrouvent étouffés, manquant donc de punch. La production, plutôt réussie néanmoins, confère une attitude old-school que Witches Hammer a eu raison de conserver, associée à un côté un peu foutraque qui renforce le caractère bien trempé de la formation. Les solos, la plupart du temps chaotiques et evil, parfois un peu plus construits, suivent le même chemin. Witches Hammer place également quelques mid-tempos par-ci par-là, efficaces et apportant un peu de variété et de groove tout comme la basse bien audible, et même deux-trois passages plus ambiancés. En particulier sur le morceau de clôture "Nine Pillars", le plus long avec ses presque sept minutes.
Si on peut questionner les reformations hasardeuses de certains vieux groupes qui plus est quasi inconnus à l'époque, celle de Witches Hammer fait partie des bonnes surprises. Sans être incroyable ou révolutionnaire, ce premier long-format offre un blackened speed/thrash solide et convaincant. Ça riffe pas mal, c'est bourrin sans oublier la mélodie et le mélange de vieux titres retouchés et de nouveau morceaux ne choque pas, preuve d'une certaine cohérence et continuité même si les compositions anciennes sonnent plus rudimentaires et davantage influencées par les leaders d'antan (le début de "Frozen God", on dirait "Hit the Lights" !). Damnation Is My Salvation se montre ainsi tout à fait pertinent aujourd'hui, d'autant plus avec cette vague old-school qui perdure. L'opus permet aussi à pas mal de monde de découvrir ce groupe de vétérans pionnier important dans l'évolution de la scène metal extrême canadienne. Du bon boulot que l'on espère voir confirmer rapidement sur une suite avec que des inédits cette fois !
| Keyser 26 Février 2021 - 975 lectures |
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