Au regard de la carrière à rebondissement des américains, on pouvait se demander quel visage offrirait TESTAMENT en 2008, quasiment dix ans après la sortie du déjà lointain
"The Gathering". Celui d'un thrash death à contre courant de l'évolution du genre dans les années 90 ou celui, plus sage, d'un heavy thrash à l'ancienne, bercé par les sirènes des vieux METALLICA ? Premier élément de réponse, le line-up. Après avoir vu passer en ses rangs une pléiade de combattants de l'extrême (John Tempesta, Dave Lombardo et Steve Smyth pour le versant thrash, James Murphy, Steve DiGiorgio et Nicolas Barker pour le death/black), TESTAMENT s'offre le come back de deux cadres historiques, le bassiste Greg Christian (fidèle jusqu'au
"Live At The Fillmore" en 1995) et le soliste Alex Skolnick, principal compositeur avec Eric Peterson jusqu'au cinquième album du groupe,
"The Ritual", sorti en 1992. Le batteur d'origine, Louis Clemente, n'ayant plus le niveau, c'est au tour de Paul Bostaph de martyriser les fûts, lui qui avait déjà dépanné le groupe à de nombreuses reprises en tournée (entre autres sur
"Return To The Apocalyptic City", 1993). So what the fuck ? Thrash old school ? New school ? Guinguette ?
Il est vrai que retrouver un groupe après neuf ans d'absence et qui plus est avec le line-up originel (ou quasi originel, le poste de batteur étant à géométrie variable depuis
"Low") pour un nouvel album suscite chez le fan une attente toute naturelle. Mais tout bon métalleux qui se respecte sait bien évidemment qu'une juxtaposition de noms n'a jamais fait un bon album. Cassons le suspense sur le champ, ce "The Formation Of Damnation" est pour nous (bah oui on est deux à écrire) une réussite totale. Personnellement je le rangerais même parmi mes albums préférés du groupe.
Si nos ricains s'étaient lancés après
"The Ritual" sur une voie plus moderne, nous servant un thrash survitaminé et bourré de testostérone flirtant parfois avec le death jusqu'à
"The Gathering", cette nouvelle offrande résonne plutôt comme une synthèse de ce qu'est et de ce qu'a été TESTAMENT. Continuant sur la forme dans cette optique moderne, le fond se recentre quant à lui un peu plus sur l'essence même du groupe, à savoir un thrash metal véloce, parfois mélodique mais surtout terriblement accrocheur.
Il faudra quelques écoutes pour que l'album commence réellement à livrer ses différentes facettes et que l'on puisse en apprécier toutes les qualités. Après une petite intro mélodique qui fait monter doucement la pression, on retrouve les riffs de la paire Peterson / Skolnick nouvellement reformée, alliant palm mute et riffs à l'ancienne (le riff principal de "The persecuted won't forget", "More than meets the eye"), avec d'autres plus rentre dedans rappelant la période
"The Gathering" ("The formation of damnation", le début de "The persecuted won't forget"). On se délectera également du retour en forme des mélodies enivrantes comme celles de "More than meets the eye", "The evil has landed" ou "Afterlife". Bien évidemment comment ne pas parler des soli lorsqu'on évoque le retour du sieur Skolnick ? Comme dans tous les albums jusqu'à
"The Ritual", Alex marque cet album de sa patte avec de nombreux leads de haute volée ("More than meets the eye", "The evil has landed", "Dangers of the faithless", "Henchmen ride"). Rassurez-vous, malgré quelques distances prises avec le métal ces derniers temps, il n'a rien perdu de sa vélocité.
Même si lui a toujours été fidèle au poste, c'est quand même un vrai plaisir de retrouver le gros Chuck au micro, sachant de plus son récent combat contre cette saloperie qu'est le cancer. On ne pouvait donc pas douter qu'il nous reviendrait dans une forme éclatante. Et c'est le cas. Sa voix est toujours aussi reconnaissable entre mille, gardant ces digressions limite death qu'on lui connaît depuis les derniers opus du groupe.
Bref tous les ingrédients semblaient réunis pour faire de ce nouvel album un bon album. Mais le petit plus qui en fera pour moi un grand album c'est la présence de ces refrains fédérateurs qui ne sont pas sans rappeler ceux mythiques d'un
"Practice what you preach" ou d'un "Electric crown". Je pense entre autres à ceux de "Henchmen ride", "More than meets the eye", "F.E.A.R." et plus particulièrement au refrain de "The evil has landed" à chanter comme un fou sous la douche, le pommeau dans les mains et les cheveux mouillés fouettant le visage. Un pur moment de bonheur !
Cet album semble être au final un très bon condensé de la carrière de TESTAMENT, sur lequel on retrouve la plupart des facettes qui ont fait de nos californiens une référence du thrash. Et puis bon, neuf ans après le dernier album et surtout vingt-et-un ans après le premier ( !) le temps d'un petit bilan n'était-il pas venu ? "The Formation Of Damnation" semble être là pour ça."
Le parti pris de livrer un album somme pourra tout de même en décevoir certains, TESTAMENT ne sortant à aucun moment des sentiers battus malgré 11 titres et une durée conséquente (pas loin de cinquante minutes). L'intensité étant quand même retombée d'un cran par rapport aux plus novateurs
"Demonic" et
"The Gathering", j'en vois déjà jouer les mécontents. Dix ans d'attente pour ça ? Ok, on peut toujours regretter l'absence de prise de risques mais combien de leurs compagnons d'armes aimeraient afficher le même niveau de forme ? EXODUS et MEGADETH y parviennent encore, par phases, quand METALLICA, ANTHRAX et même SLAYER courent vainement derrière leur glorieux passé. A bien y regarder, ce manque d'originalité apparent n'en est pas vraiment un, puisque c'est le seul album qui regroupe toutes les facettes musicales de TESTAMENT, thrash, death et heavy. Tout juste regrettera-t-on une fin de programme un poil fadasse, "Leave Me Forever" n'apportant rien de plus à ce skeud au tracklisting vraiment bien pensé. On peut d'ailleurs s'amuser au petit jeu de la filiation directe en se replongeant dans les vieux classiques : le solo de "Henchmen Ride" est la copie conforme de celui de "Reign Of Terror" (et ces leads qui n'en finissent plus quand le refrain reprend de plus belle, une tuerie!), le démarrage de "The Evil Has Landed" est calqué sur celui de "Legions In Hiding" , "The Formation Of Damnation" est l'équivalent d'un "Dog Faced Gods" et "Killing Season" reprend à son compte la recette thrash'n roll du hit
"Practice What You Preach". Quasiment tous les albums ont droit de cité (même
"The Ritual", écoutez l'excellent "Dangers Of The Faithless"!), et ce petit côté rétrospective est à notre sens la qualité principale de ce neuvième effort studio. La production, signée Andy Sneap, ne surprendra personne (même envolée introductive que sur "Violent Revolution" - KREATOR, 2001 - ou "The Atrocity Exhibition" - EXODUS, 2007). Tout en puissance, rien qui dépasse, dommage tout de même qu'il faille attendre le dernier morceau pour entendre la basse de Greg Christian. Un problème que ne rencontre pas un Paul Bostaph d'une sobriété surprenante, surtout par rapport à ses récentes prestations chez EXODUS. Irréprochable, l'ex un peu tout (FORBIDDEN, SLAYER entre autres) est ici comme chez lui et participe de la magie des retrouvailles. Car aussi excellents qu'étaient "Low
", "Demonic" et
"The Gathering", il manquait à ces albums l'alchimie particulière du line-up de
"The Legacy" et
"The New Order". Cavalcades de riffs, arabesques de guitares (chaque intervention de Skolnick provoque des frissons de plaisir), refrains fédérateurs et même du wo-ho-ho comme à la grande époque sur "More Than Meets The Eye" : TESTAMENT est de retour, et ça fait un bien fou !
15 COMMENTAIRE(S)
17/06/2008 15:28
11/06/2008 21:28
Shame on you Dead !!
Même pas honte : je tenais pas deux titres
11/06/2008 21:04
Shame on you Dead !!
11/06/2008 17:43
Je crois que tu as parfaitement résumé ma situation. Et heureusement que le chant de Chuck est meilleur que celui de Hetfield sur les premiers Metallica, et que les riffs sont moins nazes aussi
*pas taper*
Sinon, je comprends ton point de vue Nikta et c'est vrai que "Demonic" et "The Gathering" ne sont pas forcément représentatifs de la carrière du groupe. D'ailleurs je me rappelle avoir acheté "Practice What You Preach" il y a une dizaine d'années... pour le revendre aussitôt
11/06/2008 17:18
Vu que tu détestes les premiers Metallica, c'est logique que leur orientation heavy thrash te déçoive un peu. Après, en tant que vieux fan, je suis ravi de ce retour aux sources qui m'a donné envie de réécouter les cinq premiers albums du groupe.
Pareil, je ne regrette pas l'époque "Demonic" tout simplement parce que c'est pour moi l'album qui sonne le moins comme du Testament.
Attention je ne dis pas que c'est un mauvais album, mais pour moi ce n'est pas vraiment du testament.
Après tout est question de gouts mais perso je préfère leurs albums plus thrash (même si bien sûr "The Gathering" reste une tuerie! ).
11/06/2008 16:49
Vu que tu détestes les premiers Metallica, c'est logique que leur orientation heavy thrash te déçoive un peu. Après, en tant que vieux fan, je suis ravi de ce retour aux sources qui m'a donné envie de réécouter les cinq premiers albums du groupe.
11/06/2008 15:40
07/06/2008 13:30
04/06/2008 17:49
04/06/2008 17:08
Au prochain qui marrone, on change la note pour un 10. Vous êtes prévenus !
04/06/2008 17:04
04/06/2008 08:52
03/06/2008 22:36
Il me semble moins varié que The Gathering, même si comme vous le signaler il y a toujours une petite touche death mais juste dans le chant de Chuck sur la chanson éponyme... Assez étonnant d'ailleurs les lignes de Chuck sur Dangers Of The Faithless, ça sauve un titre assez banal et mou.
03/06/2008 21:43
03/06/2008 21:25