J’ai toujours eu beaucoup de sympathie pour les Américains de Void et cela depuis ma première rencontre avec le groupe de Lafayette sur Instagram. Entre les chemises à jabot du chanteur Jackson Davenport, leurs tignasses à franges, leurs vieux t-shirts de Thrash et de Heavy Metal dont certains portés en "crop top" et leur amour quasi-inconditionnel pour les sneakers Hi-Top des années 80 et 90 et les lunettes Oakley tout aussi datées, il n’en fallait pas beaucoup plus pour que je tombe sous le charme de ces jeunes Thrashers pourtant adeptes d’une musique de vieux.
Après un premier album sans surprise mais particulièrement sympathique, le très bon quoi qu’encore un peu vert
Horrors Of Reality, le groupe originaire de Louisiane s’est vu offrir la possibilité de rejoindre les rangs du label Shadow Kingdom Records (Cruel Force, Savage Master, Sacrifice, Temple Of Void, Haunt…). Une opportunité que nos jeunes chevelus n’ont pas manqué de saisir et qui dans un premier temps aura donné lieu à la sortie d’un single intitulé
Return Of The Phantom suivi de près par la réédition de leur premier album épuisé depuis déjà un petit moment. Cependant, cette récente collaboration vaut surtout pour la sortie il y a quelques jours de
Forbidden Morals, un nouvel album certainement un petit peu plus ambitieux et qui devrait, on l’espère, placer les Américains de Void sur le radar des amateurs de Thrash à la fois épique et racé.
Après avoir confié à Andrei Bouzikov le soin d’illustrer
Horrors Of Reality, le groupe a cette fois-ci fait appel aux talents de Nick Flook plus connu sous le pseudonyme de Flooko. Si ces couleurs rosées et violacées fonctionnent toujours aussi bien chez moi, cette illustration me convainc cependant un peu moins. Certes, celle-ci est bien dans la thématique de l’album mais je trouve qu’il lui manque un petit peu de caractère et de cachet pour espérer faire la différence et donner véritablement envie à l’auditeur fraîchement débarqué d’assouvir sa curiosité... Mais peu importe car comme toujours là n’est pas l’essentiel. Non, l’essentiel réside bien évidemment dans le contenu de ce deuxième album, un disque qui on l’a dit se veut effectivement plus ambitieux déjà car tout au long des dix titres qui le composent celui-ci va raconter une histoire, celle d’un intrus errant dans l’ancienne Roumanie et qui au hasard de ses pérégrinations va se retrouver face au château ayant appartenu au terrible Vlad l’Empaleur. Mais au-delà de cette histoire au long-cours qui effectivement donne un petit peu plus de stature à ce deuxième album, ce sont surtout le soin apporté à ces nouvelles compositions et leur écriture plus travaillée et mature qui font de
Forbidden Morals un album tout simplement plus complet et plus abouti.
En effet, même si les compositions de Void ne se sont ni allongées (enfin à l’exception d’un "Beneath... Lives The Impaler" affiché à plus de dix minutes en guise de conclusion) ni profondément complexifiées, on sent que le groupe a mis à profit les deux années qui séparent ses deux albums pour affiner sa formule, peaufiner ses riffs et travailler ses transitions et autres changements de rythmes. On constate ainsi dès les premières écoutes une montée en gammes dans le riffing proposé par Gabe LeJeune et le nouveau venu Chris Braune. En effet, même si le groupe savait déjà y faire, l’absence de flamboyance parfois constaté sur
Horrors Of Reality n’est aujourd’hui plus du tout d’actualité. Incisif et mélodique, le jeu de nos deux guitaristes, s’il continue évidemment de rappeler la grande époque du Thrash californien notamment celui de formations telles que Testament, Forbidden ou Exodus, a tout simplement opéré ce que l’on appelle une montée en gamme. Plus fin, plus efficace, plus constant, plus technique, plus mature mais également plus varié, celui-ci fait de
Forbidden Morals un album en tout point supérieur à son prédécesseur. D’ailleurs, cette montée en gamme s’accompagne désormais de digressions Heavy Metal très marquées mais aussi et surtout parfaitement digérées. Associées aux vocalises parfois haut perchées et un brin théâtrales d’un Jackson Davenport habité par sa fonction (celui-ci a d’ailleurs le bon goût de ne jamais trop en faire), ce deuxième album revêt des allures de Mercyful Fate / King Diamond relativement flagrantes qui vont bien au-delà du côté narratif voir cinématographique que revêt ce deuxième album. De "Gateways Of Stone" et ce pont mélodico-acoustique entamé aux alentours de 2:12 à "Judas Cradle" à compter de 0:20 puis plus loin à 2 :17 en passant par le court titre instrumental "Valeria" aux sonorités baroques et classiques, "Apparition" à 2:18, "By Silver Light" et ses allures de Power Ballad 80’s sombre et catchy, "Return Of The Phantom" à 2:36 ou bien encore l’ambitieux "Beneath... Lives The Impaler" et ses dix minutes truffées d’arrangements et de samples vocaux instaurant un climat horrifique et menaçant, les évocations sont effectivement nombreuses et surtout amenées de manière plutôt habile. D’une manière plus générale, les nombreux et excellents solos hyper mélodiques et terriblement épiques dispensés par la paire LeJeune / Braune participent également grandement à insuffler cette couleur Heavy Metal au Thrash de nos Américains.
Alors que je ne m’attendais à rien d’autre qu’une redite du très sympathique
Horrors Of Reality, Void a eu la bonne idée d’élever quelque peu son niveau de jeu ainsi que ses ambitions afin de donner vie à un nouvel album exempts des quelques défauts de jeunesse constatés à l’époque sur son pourtant très encourageant prédécesseur. Certes, l’idée d’aborder celui-ci par le biais d’un concept déroulé sur chacune de ces dix nouvelles compositions n’a rien de novateur, certes insuffler des influences Heavy Metal à une solide base Thrash n’a rien de bien nouveau mais peu importe, Void a fait ici les choses proprement c’est-à-dire sans jamais manquer d’efficacité et en rendant hommage de manière intelligente (en évitant la copie pure et simple) à des influences plus ou moins flagrantes. Alors c’est certain,
Forbidden Morals n’aura pas plus de saveur que n’importe quel album de Thrash pour quiconque ne goûte pas particulièrement au genre mais les fins esthètes capables d’apprécier le bon "shredd" et les cavalcades haletantes saupoudrés de gimmicks Heavy Metal parfaitement exécutés risquent bien d’y trouver leur compte.
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