Porte-étendard du Thrash hexagonal en compagnie de quelques autres tels Hexecutor, Sacrifizer et Zöldïer Noïz, Mortal Scepter aura pris tout son temps pour revenir faire enfin parler de lui puisque ce sont effectivement six longues années (et même un petit peu plus) qui séparent la sortie du très bon
Where Light Suffocates de son récent successeur. Un disque intitulé
Ethereal Dominance paru en septembre dernier sur le label espagnol Xtreem Music. Une absence prolongée qui ne doit rien à d’éventuels changements d’effectifs puisque depuis ses débuts en 2012 le line-up est effectivement resté inchangé. Mais qu’importe les raisons, nos Dunkerquois sont bel et bien de retour et semblent n’avoir rien perdu de leur superbe.
Illustré une fois encore par leur copain Jon Whiplash qui pour l’occasion signe une oeuvre colorée qui dans sa construction et certaines de ses couleurs n’est pas sans m’évoquer l’artwork du célèbre
Agent Orange de qui vous savez, ce deuxième album est également passé entre les mains du producteur français le plus en vogue actuellement (en tout cas dans nos sphères de prédilection), monsieur Raphaël Henry (Venefixion, Dionysiaque, Lunar Tombfields, Misgivings, Sacrifizer, Hexecutor, Sépulcre, Fall Of Seraphs...). C’est donc au Heldscalla Studio qu’ont été enregistrées ces huit nouvelles compositions pour un résultat rêche, incisif et parfaitement équilibré qui sied à ravir à ce genre de Thrash vieille école que défend bec et ongle Mortal Scepter depuis maintenant plus d’une décennie.
Car en dépit de toutes ces années de silence, rien n’a vraiment changé du côté de Mortal Scepter dont le Thrash continue de lorgner ouvertement du côté de la scène allemande des années 80. Alors forcément ce sont encore une fois les mêmes noms qui viennent en tête à l’écoute d’
Ethereal Dominance mais qui peut bien se targuer aujourd’hui de faire du Thrash à l’européenne sans être influencé par Kreator, Destruction ou Sodom ? Probablement pas grand monde...
Quoi qu’il en soit, c’est en très grande forme que nous revient Mortal Scepter à en juger par la cadence soutenue qui nous est imposée à l’écoute de ces quarante-deux minutes. Tout en riffs et en nerfs, le groupe reprend sans sourciller le chemin de ce Thrash véloce mené pour l’essentiel à coups de toupa-toupa plus ou moins rapides (enfin plus que moins quand même) et qui en dépit d’un caractère peut-être un poil redondant n’en restent pas moins redoutables d’efficacité. Heureusement les compositions de Mortal Scepter sont ainsi faites qu’il n’est pas rare de voir le groupe changer de braquet (parfois pour quelques passages qui d’ailleurs ne manquent pas de groove comme cette excellente séquence entendue sur "Redshifting To Death" à compter de 1:25) afin de rompre avec une certaine monotonie pouvant s’installer lors de ces nombreuses cavalcades et autres galopades endiablées. Et si derrière ses fûts Guillaume Brognard ne semble pas particulièrement adepte de blasts, on trouve tout de même quelques séquences un petit peu plus radicales comme par exemple sur "Omegacide Deadrays", "Submit To The Crave" et "Sense Ablation" sur lesquelles le Français se plaît effectivement à distribuer quelques frappes un poil plus énervées.
Mais si la batterie remplit correctement son office (à titre personnel je n’aurais pas été contre davantage de blasts), ce sont surtout les riffs particulièrement affûtés et nerveux de Lucas Scellier et Maxime Carré qui donnent véritablement le ton tout au long de l’album. Pied au plancher et couteau entre les dents, nos deux chevelus ne font jamais semblant, exécutant à toute berzingue leurs riffs technico-mélodiques particulièrement incisifs avec une générosité et une intensité des plus réjouissantes. Loin de s’en contenter, ces derniers nous régalent également tout au long de ces quarante-deux minutes de solos mélodiques particulièrement bien troussés. De "Ethereal Dominance" à 4:20 à "Blindsight" à 2:52 en passant par "Omegacide Deadrays" à 2:51, "Submit To The Crave" à 2:16, "Reverse Paradigm" à 2:31, "Sense Ablation" à 2:46 ou "Into The Wolves Den" à 0:42, difficile de ne pas succomber aux charmes de ces instants touchés par la grâce ni à l’envie de taper quelques poses en faisant au passage du "air guitar".
Si nous avons abordé jusque-là les cas respectifs de Guillaume, Lucas et Maxime, reste naturellement celui de Valentin qui derrière le micro et la basse ne démérite absolument pas. Si on aurait apprécié que cette dernière soit un petit peu plus expressive (plutôt discrète, on peut tout de même par moment la distinguer assez clairement), sa prestation derrière le chant ne souffre d’aucune remarque. À l’image des guitares et de la batterie, ses vocalises particulièrement abrasives et véhémentes contribuent elles-aussi à renforcer le haut niveau d’intensité qui caractérise
Ethereal Dominance et ainsi à en faire un disque solide de bout en bout.
Effectivement, pas de déception à l’horizon puisque nos Dunkerquois, malgré six ans d’absence, n’ont rien perdu de leur panache, de leur agressivité et de leurs aptitudes mélodiques. De fait,
Ethereal Dominance se hisse au niveau de son excellent prédécesseur qui en 2019 constituait déjà l’une des meilleures sorties Thrash hexagonales du moment. Certes, Mortal Scepter n’a rien de bien nouveau à offrir mais la qualité des riffs, des solos et des mélodies couplé à une intensité de tous les instants ou presque ainsi qu’à des constructions plus variées qu’il n’y parait de prime abord (que ce soit lors de titres à rallonges ou lors des compositions plus directes), font un fois de plus d’une telle formule la promesse d’un brulot Thrash de haute volée bien parti pour truster les premières marches du podium de fin d’année. Ils se sont fait attendre mais cela en valait la peine, bien joué messieurs.
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02/11/2025 19:42
01/11/2025 11:07
31/10/2025 20:42
31/10/2025 10:49