Deux ans après un
"Coma Of Souls" quasi parfait, KREATOR est à la relance. Désireux de repousser les barrières d'un genre qu'ils ont largement contribué à façonner, les allemands doivent néanmoins répondre aux attentes de fans avides de rythmiques rapides et de riffs vengeurs. L'exercice, de haute voltige, consiste à satisfaire un public thrash réputé conservateur tout en gardant les faveurs de la critique, prête à sanctionner le groupe au premier signe de stagnation. Une équation à deux inconnues : KREATOR est-il capable d'afficher le même niveau de maîtrise que celui atteint sur "Coma" sans tomber dans la redite ?
Le choix d'un titre comme "Renewal" n'a rien d'anodin et si l'album démarre avec un brûlot thrash dans la droite lignée kreatorienne, l'excellent "Winter Martyrium", on note déjà quelques changements dans la manière dont tourne la machine germaine. Le tempo se fait plus lent, la production plus vivante, et les riffs ne semblent plus tournés vers l'offensive à tout crin, comme si KREATOR s'était résolu à épurer son style pour ne pas tomber dans la caricature. Jadis tout en cadence, le chant d'écorché de Mille Petrozza tend souvent vers la plainte, comme pour annoncer l'ambiance du morceau suivant, "Renewal", mid tempo charnu et lugubre au refrain scandé avec l'énergie du désespoir. Plus aventureux mais aussi plus sombre, KREATOR fait de la lourdeur une nouvelle arme de choix, un parti pris que l'on retrouve sur le spectral "Reflection" (malgré une accélération typiquement thrash à 2:43) et surtout sur "Karmic Wheel", morceau lancinant de plus de 6 minutes, où la mélancolie finit de l'emporter sur la rage. Un grand écart entre SODOM et CORONER qui voit les géniteurs de
"Pleasure To Kill" s'envoler vers des contrées plus planantes et mélodiques (le superbe break à 2:41), on se pince pour y croire !
Conséquence directe de cet entre deux stylistique, Frank Gosdzik (aka Frank Blackfire chez SODOM), pourtant pas un manche en matière de leads, paraît moins à l'aise que sur l'album précédent. Sans être franchement déplacés, ses solos ont bien du mal à s'ajuster sur les compositions à géométrie variable de "Renewal", exception faîte d'une divine intervention à 2:41 sur "Europe After The Rain", le morceau le plus radical et direct de l'album. Ce n'est heureusement pas la seule réminiscence du KREATOR animal et sauvage que l'on affectionne. "Brainseed" rééquilibre le bilan (en terme d'intensité) en faisant feu de tout bois sur la base d'un excellent riff, de même que l'entraînante "Zero To None", aux décrochages rythmiques plutôt novateurs. Reste l'énigme "Realitätskontrolle". Bien sûr, on peut questionner la présence d'un tel instrumental au milieu d'un programme court de 9 titres et seulement 38 minutes. Mais ce particularisme musical (une batterie martiale sur fond de sonorités post industrielles) participe de l'ambiance singulière d'un album baignant dans une forme de malaise et de renoncement. C'est d'ailleurs avec l'atypique "Depression Unrest" que l'on quitte le groupe, à moitié rassuré par un titre aussi dépaysant pour l'amateur de metal original que déconcertant pour le thrash addict.
Dernier enregistrement du KREATOR première époque avant moult bouleversements dans le line-up, "Renewal" n'est ni un "Coma" bis, ni une antithèse du thrash débridé développé par le groupe dans les années 80. Le cul entre deux chaises musicales ? Sans doute, mais le virage à 90 degrés, moins raide que celui pris de
"Cause For Conflict" à "Outcast", est plutôt bien négocié.
7 COMMENTAIRE(S)
01/02/2024 11:18
Leur meilleur album à ce jour.
Référence à avoir dans sa collection métal.
23/10/2017 04:44
04/06/2012 18:49
Faut que je m'y colle vraiment un jour !!
04/06/2012 07:08
24/05/2008 17:58
Tout à fait pareil. Un album tellement peu mémorable que je ne m'en souviens même pas.
24/05/2008 16:44
C'est le premier album du groupe que j'ai écouté, et je suis particulièrement fan du 1er morceau. Après, c'est vrai que c'est différent des premiers albums.
24/05/2008 16:27