« So Far, So Good….So What ! ».. ‘Tain j‘adore ce titre. Sa lecture interpelle, et j’aime cette petite touche « punk je-m’en-foutiste » qui s’en dégage. Attitude punk qui se retrouve aussi dans la musique, Mustaine ayant ici affirmé au grand jour son amour de la scène de l’époque, les Sex Pistols en tête.
Plaçons déjà la chose dans son époque : Megadeth vient de sortir « Peace Sells… But Whose Buying ? », album qui permit de faire circuler le nom du groupe en dehors de San Francisco. On ne va pas encore parler de succès (celui-ci arrivera auprès de la frange thrasheuse avec
« Rust in Peace » en 90, et auprès d’un public encore plus large sur les albums suivants), mais bon le groupe commence à prendre ses marques. Du coup, cet album, coincé entre un second album mythique et un
« Rust in Peace » qui fait partie des références du genre, est passablement l’oublié de la discographie du groupe.
Pourtant, « So Far, So Good.. » présente une nouvelle facette du groupe de Megadave, et rien que pour ça il a autant sa place dans le panthéon des meilleurs albums du groupes que les autres... Là ou « Peace Sells » sentait le pur Speed Metal propre sur lui, bien technique et mélodique, « So Far.. » est donc son pendant Punk / Metal tout crasseux. Fini les jolies mélodies qui font bien et les solos de 3 minutes de long, ici on joue sale, on fhrache autant qu’il faut, et bien sur on ne fait pas de politiquement correct au niveau des paroles.
« Peace Sells » montrait déjà un Mustaine déchaîné envers la société et grand amateur de termes occultes et de récits de serial killers, mais « So Far » va encore plus loin. Qu’il aborde son addiction aux drogues douces (bien qu’on sache qu’il ne se soit pas arrêté à ça…) avec « Mary Jane », le suicide avec « In My Darkest Hour » ou la censure dans la musique avec la terrible « Hook in Mouth », on sent que Mustaine est déchaîné et qu’il tient à le faire savoir. Prenez cette ligne dans « Hook in Mouth » : « …in the land of the free and the home of the brave… », si l’ironie pouvait tuer y’aurait eu un sacré nivellement dans la pyramide des ages (humour d’économiste hahaha). « Set the World Afire » et ses paroles nihilistos-apocalyptiques n’est pas en reste, et parce qu’un skeud de ce genre ne serais pas vraiment complet sans une chanson anti-flics « 502 » (le numéro de code des bavures policières me semble-t-il, si quelqu’un peut confirmer / infirmer cela..) est là pour respecter le quota.
Ainsi donc les Megadeth are back, et ils ne sont pas content. Enfin, « ils », c’est seulement la moitié du line-up de « Peace Sells », Gar Samuelson et Chris Poland ayant été virés entre-temps par un Mustaine décidément pas très conciliant, qui recrutera deux seconds couteaux pour les remplacer, qu’on ne reverra de toute façon plus après cet album. Mais bon, des paroles bien vindicatives ne font pas tout, il faut que la zik assure derrière. Et là pas de doutes Mustaine s’est déchiré. Unique auteur de 6 des 8 titres (Ellfson ayant participé à « Liar » et « Hook in Mouth »), il nous livre ici quelques unes de ses meilleurs compositions. Première surprise, c’est un instrumental qui ouvre l’album, la surpuissante « Into the Lungs of Hell », ou comment en 87 Mustaine avait décidé de surpasser « Call of Ktulu » de « qui-vous-savez » en tentant de faire encore plus glauque, encore plus puissant et encore plus mélodiquement accrocheur. Résultat ça fonctionne, et même si vous ne compterez pas sur moi pour départager les deux titres, « Into the Lungs.. » est une pure tuerie.
On continue dans le grand art avec « Set the World Afire », le titre le plus thrashisant de l’album et qui me laisse toujours sur le cul lorsque tout s’emballe à 2min52 : le rythme s’accélère soudainement, la voix de Mustaine se remplit de hargne et le titre ne semble plus vouloir s’arrêter. Un détail tout con mais qui m’a marqué pour toujours : les paroles de ce passage font « The arsenal of MEGADETH can’t be rid they say », et je sais pas vous, mais j’ai toujours trouvé énorme le fait qu’un chanteur calle le nom de son groupe dans une chanson… c’est bête mais j’adore ça, et c’est pas si courant au bout du compte.
Je vous parlais des Sex Pistols un peu plus tôt, ce n’était pas innocent vu qu’une reprise speedée du célèbre « Anarchy in the UK » arrive juste après. Que dire, si ce n’est que le titre colle parfaitement à l’esprit de l’album et reste un des classiques du groupe sur scène.
« In My Darkest Hour » fait office de « ballade », malgré son accélération en fin de titre, et aura même droit aux honneurs d’un clip, malgré sa faible diffusion due aux paroles jugées trop choquantes par la puritaine Amérique…
Paradoxalement, « So Far, So Good…So What » est souvent considéré par une frange des fans comme l’album le plus faible de la discographie du groupe (enfin, c’est quand même un autre niveau que
« Risk » on est d’accord..), Mustaine lui-même a reconnu avoir tout composé à la va-vite et être assez déçu du résultat (et du désastreux mixage)… Pourtant, cette spontanéité qui se dégage de l’ensemble constitue pour moi l’un des points forts de cet opus, indépendamment de la qualité indéniable des compos. Simple et efficace, inspiré mais précipité, « So Far, So Good… So What » a en définitif surtout pour défaut d’être coincé entre deux albums majeurs du groupe…
8 COMMENTAIRE(S)
25/10/2019 16:53
25/10/2019 13:27
24/10/2019 20:15
Pas mieux ! Le meilleur de Megadeth ! Quelle rage, quelle puissance.
Le remaster par contre dénature et ruine totalement l'album. A éviter et préférer la version original avec ce son plein de réverb.
28/01/2009 19:33
31/01/2007 21:46
18/12/2005 12:00
07/11/2011 00:30
13/12/2005 22:56