Je l’ai déjà dit et je le répéterai probablement encore longtemps mais je ne peux m’empêcher d’éprouver une véritable admiration à l’adresse de ces groupes des années 70 et 80 capables à l’époque de sortir un disque par an (si ce n’est davantage) tout en restant aussi pertinent. Ce fût le cas des Américains de Nuclear Assault qui dès le départ se sont montrés particulièrement productifs et inspirés. Jugez plutôt :
- 1986 :
Game Over
- 1987 :
The Plague (EP)
- 1988 :
Survive
- 1989 :
Handle With Care
Un rythme d’enfer (et encore, il manque quelques petites sorties comme leurs premières démos parues entre 1985 et 1986 ou bien ces quelques singles où l’on peut trouver deux ou trois inédits) pour un groupe jusque-là en constante progression.
Sorti en novembre 1989,
Handle With Care est le troisième album des New-Yorkais et scelle également pour la troisième fois consécutive leur collaboration avec le producteur Randy Burns dans les murs du Music Grinder Studio de Los Angeles. Une rencontre qui aura assurément portée ses fruits le temps de quelques sorties puisque c’est ensuite Glenn Evans (batterie) qui se chargera (en grande partie) de la production des futurs albums de Nuclear Assault. Concernant l’artwork, nous ne sommes clairement pas dans ce que le groupe a fait de mieux même si le pire est peut-être encore à venir (
Something Wicked notamment). Quoi qu’il en soit, les Américains restent ici sur un thème qui leur est cher et une fois de plus très proche des préoccupations portées par la scène Thrash en général.
Marchant sans grande surprise dans les pas de ses prédécesseurs et notamment de
Survive dont les accointances Punk/Hardcore ont presque totalement disparues,
Handle With Care va très vite s’imposer comme l’album le plus abouti des Américains ainsi que celui ayant rencontré le plus gros succès auprès des amateurs de Thrash puisqu’il réussira l’exploit de se classer à la 126ème position du top 200 US et d’y rester pendant 24 semaines. Et oui, à cette époque il y avait encore de la place pour ce genre de musique dans ces classements officiels.
Bien que quelques mois seulement séparent les enregistrements de
Survive et
Handle With Care, on remarque pourtant assez vite quelques différences majeures en matière de production. Si
Survive se montrait déjà particulièrement incisif pour l’époque grâce à un travail essentiellement axé sur l’abrasivité des riffs et l’efficacité de la section rythmique,
Handle With Care va encore plus loin offrant ainsi à Nuclear Assault ce qu’il fallait pour passer à l’étape supérieure et ainsi rivaliser sans aucun souci avec tous les plus grands cadors de l’époque. Probablement un peu trop enthousiaste sur la question, Randy Burns va même donner à la basse de Dan Lilker de quoi donner de sérieux complexes à un certain Jason Newsted qui la même année n’aura plus que ses yeux pour pleurer. Alors on imagine bien que quelques personnes trouveront cette basse probablement un poil trop encombrante mais une chose est sûre, celle-ci contribue grandement au caractère ultra explosif de l’album. Un album qui rappelons-le est assurément le meilleur qu’ait composé Nuclear Assault.
Sans renier quoi que ce soit de sa très forte personnalité, les Américains vont nous servir avec
Handle With Care leur album le plus homogène et aussi le plus frontal. Pas de reprise de Led Zeppelin ici ni de titre mid-tempo plus tranquille (allez, je vous concède les quelques leads plus sombres de l’excellent "Trail Of Tears" mais c’est tout). Et finalement il n’y a bien que "Funky Noise" pour apporter à mi-parcours un peu de légèreté à l’ensemble tant le reste n’est que brûlots abrasifs expédiés dans la plupart des cas en moins de trois minutes (mention spéciale pour "Mother's Day", autre titre de Nuclear Assault flirtant une fois de plus avec le Grindcore). Car en effet,
Handle With Care ce n’est que du Thrash, du Thrash et encore du Thrash. Et pour le coup, on peut dire que la paire Bramante/Connelly a été particulièrement inspirée, proposant tout simplement ici les meilleurs riffs de leur histoire. De "New Song" à "Critical Mass" en passant par "Surgery", "Emergency", "F# (Wake Up)" et quelques autres encore, ce troisième album n’est qu’un festival de riffs à se taper la tête contre les murs. Et que dire de ces solos capables de vous hérisser le poil de plaisir ? Franchement, si ceux de "New Song" à 1:26, "Critical Mass" à 2:01, "Inherited Hell" à 1:36, "When Freedom Dies" à 1:18 ou "Search And Seizure" à 1:46 ne vous font pas dresser le manche c’est qu’il est temps de consulter. Une formule déjà vue et revue pour l’époque mais néanmoins au service de titres hyper efficaces, caractérisés par ces enchaînements de riffs éclairs, cette section rythmique menée pied au plancher (tchouka-tchouka et autres cavalcades en tous genres, breaks assassins à se briser la nuque...), cette basse incroyable aux rondeurs explosives et bien entendu la voix de Connelly toujours aussi particulière et dont le débit redoutable impressionne encore aujourd’hui. Bref, du Thrash dans sa forme la plus pure à une époque où beaucoup d’autres groupes chercheront à complexifier leurs compositions ou même à ralentir la cadence.
Avec la sortie en 1989 de
Handle With Care, les Américains de Nuclear Assault vont atteindre le point culminant de leur carrière. A l’époque le Thrash avait encore un peu le vent en poupe et la réponse du public face à ce troisième album mené la tête dans le guidon en est la preuve la plus flagrante. Malheureusement, le groupe new-yorkais sera dans l’incapacité de capitaliser sur le succès de ce
Handle With Care et échouera pour la première fois de sa carrière deux ans plus tard avec la sortie du bien nommé
Out Of Order. Un album dont le groupe accouchera dans la douleur (de nombreux conflits internes vont plomber l’écriture et l’enregistrement de ce dernier) et qui va laisser un goût amer à tous ceux qui en 1991 s’intéressaient encore à ce genre alors en disgrâce. Mais nous y reviendront. En attendant, voilà un disque que les amateurs de Thrash ne peuvent ignorer tant
Handle With Care porte en lui tous ce qui caractérise le genre. Des riffs incisifs et tout en nerfs, une cadence haletante tout du long, de très bons solos et une certaine conscience sociale. Un petit bijou d’une autre époque qui continue de faire sensation aujourd’hui.
6 COMMENTAIRE(S)
23/11/2018 15:24
23/11/2018 14:38
Je lisais hier une interview de Phil Pestilence qui avait chroniqué "Scream Bloody Gore" à l'époque de sa sortie et qui l'avait trouvé complètement moisi. Son avis à bien changé depuis.
23/11/2018 11:35
29/08/2018 08:08
28/08/2018 22:19
Même les titres plus mid tempo comme Critical Mass, de part la prod (nom de dieu cette basse qui sonne comme de la tôle) balancent une énergie incroyable.
Le meilleur album de cette école "Thrash à casquette"
28/08/2018 15:23