Antagonism - First In, First Out
Chronique
Antagonism First In, First Out
Avec l’âge et l’expérience on arrive souvent à se fier correctement à sa première impression et savoir ainsi de suite si notre ressenti est bon ou pas, et cela sied parfaitement à ce deuxième opus des Toulonnais qui auront mis trois ans pour revenir aux affaires… mais cela en valait la peine. Car si
« World On Disease » contenait de très bons passages il se retrouvait malheureusement plombé par une durée beaucoup trop longue (presque une heure) et des morceaux rallongés inutilement - victimes sans doute du syndrome d’EXODUS, ce qui finissait par provoquer un décrochage et un certain sentiment d’énervement. Visiblement le quatuor a tenu compte des nombreuses critiques à ce sujet et cela est positif tant ce « First In, First Out » (clin d’œil à peine voilé à Steve Souza et ses camarades de jeu) à nombre de plages quasiment égal par rapport à son prédécesseur dure quand même presque vingt minutes de moins. Du coup rien d’étonnant à ce que sa musique y gagne en accroche et en densité (vu qu’elle va à l’essentiel sans s’éterniser outre mesure), et que ce nouveau chapitre de son existence soit son meilleur publié à ce jour… et ce malgré quelques hésitations musicales pas toujours judicieuses.
Mais pour l’instant nulle trace de sortie de route tant l’expéditive triplette d’ouverture (« A Life For A Dollar », « First In First Out », « Whoever Sows Injustice ») va à l’essentiel et reste dans un classicisme absolu, en jouant sur l’alternance habituelle entre vitesse élevée et mid-tempo brise-nuques où l’on sent l’ombre des vieux MEGADETH et METALLICA au niveau des riffs comme des solos. Si tout cela est parfaitement exécuté et s’avère impeccable et remuant il manque quand même un petit truc pour totalement adhérer, tant on a parfois l’impression que ça tombe comme un cheveu sur la soupe au niveau de certains passages qui s’avèrent manquer un peu de couilles et de virulence. Car il est vrai qu’on va franchement râler de ce côté un peu gentillet et lisse que l’on retrouve de façon plus marquée sur « Valley Of The Monolith » et aussi via « L’Oracle » aux doux arpèges et aux chœurs d’obédience Pagan pour un rendu général très accessible et bien foutu, mais auquel on a du mal à totalement rentrer dedans. Résultat tout ça est mitigé malgré des qualités indéniables, mais à vouloir parfois trop en faire on arrive à ce genre de choses même s’il faut saluer la prise de risques osée. Heureusement hormis ces détails le reste est largement à la hauteur des attentes que ce soit avec le burné et entraînant « … Harvests Misfortune », le dynamique et remuant « City Of Love » (aux accents Hardcore bien affirmés), et surtout le primitif et débridé « 215 » qui nous gratifie d’un clin d’œil à James Hetfield tant un passage et l’intonation vocale sont pompés sur la fin du pré-refrain de « Master Of Puppets ».
Néanmoins cette composition qui est la plus courte de cette galette est aussi la plus débridée du côté du rythme qui a parfois tendance sur d’autres réalisations à se complaire dans un mid-tempo très agréable (où l’envie de headbanguer revient souvent). Hélas il a aussi du mal à en sortir et à accélérer franchement - à l’instar du réussi « Biohazard » tout en mélodie et lenteur mais qu’on aurait aimé voir un peu plus boosté aux amphétamines sur certains plans, car on a le ressenti que ses créateurs n’osent pas lâcher trop les chevaux. Alors oui ça n’est pas encore là que ANTAGONISM va monter d’un cran dans la hiérarchie nationale tant ça manque encore un peu d’expérience et ça sonne par moments un peu trop propret, cependant il faut reconnaître que ça progresse constamment et que ça reste totalement attractif et surtout sincère, vu qu’on entend clairement une réelle volonté de perpétuer l’héritage du Big Four Américain. Sans atteindre le niveau de celui-ci le combo livre malgré un disque certes légèrement inégal mais au potentiel intéressant et qui fait parfaitement le boulot tout en donnant un vrai moment de plaisir sans prise de tête et cohérent à son auditoire, ce qui est finalement ce qui prime dans ce style en plein renouveau et où la France a clairement les moyens de se glisser parmi les grandes nations historiques. Affaire à suivre donc… et si tout va bien (et si la logique est respectée) la prochaine livraison sera celle qui fera définitivement décoller l’entité et lui amènera une visibilité et reconnaissance plus importante, on l’espère en tout cas car ils ont largement les moyens d’y parvenir.
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