Evile - The Unknown
Chronique
Evile The Unknown
Eternel second couteau de la nouvelle scène Thrash européenne le combo d’Huddersfield reste pourtant le porte-drapeau principal d’un genre qui au Royaume-Uni (hormis peut-être XENTRIX) manque clairement d’un leader de niveau international, tant la concurrence y reste là-bas majoritairement assez frileuse et timide. Rien d’étonnant du coup qu’EVILE n’ait toujours eu qu’un succès d’estime auprès des fans du style, tant il reste depuis ses débuts il y’a presque vingt ans un honnête artisan de deuxième division qui ne peut prétendre à mieux du fait d’une musique très balisée et de galettes sympathiques, à défauts d’être véritablement marquantes. S’il s’était écoulé huit ans entre « Skull » et « Hell Unleashed » ici les choses ont été beaucoup plus rapides pour donner un successeur à ce dernier enregistrement vu qu’à peine plus de deux années sont passées, le groupe désormais stabilisé souhaitant visiblement rattraper le temps perdu avec ce sixième opus qui ne va pas vraiment changer la donne ni la visibilité de ses créateurs. Car si on leur a toujours reproché de n’être qu’un pâle ersatz de METALLICA ils vont ici pousser le mimétisme bien plus loin ce qui va finir par en être dérangeant, surtout qu’on est bien loin de la musique des Californiens et que ce long-format va totalement manquer de rythme et de couilles du début à la fin.
En effet si on dit souvent que le premier morceau donne la ligne directrice de ce qui va suivre on va être dépité d’entrée avec le poussif et redondant « The Unknown » qui ne décolle jamais, la faute à un tempo tellement lent que l’on s’emmerde à mourir... et si cela ne suffisait pas il faut aussi compter avec ces arpèges doux qui ne servent à rien et une durée clairement excessive. Car si l’on ne demande pas aux Britanniques de jouer à fond la caisse en permanence il y’a quand même un juste milieu à trouver, et de ce côté-là c’est raté vu qu’ils devaient manquer de jus dans le réservoir au moment du passage en studio tant ça se traîne et se bride de façon presque constante. En effet la suite va reprendre ces mêmes éléments ratés... que ce soit sur le ronronnant « The Mask We Wear » ou l’ennuyeux et plat « Monolith » (tellement étouffant et exécuté à deux à l’heure qu’il en devient épuisant auditivement) dont les chœurs franchement moisis finissent de déprimer même les plus optimistes. Et s’il y’avait besoin de se louper encore plus le summum est atteint via « When Mortal Coils Shed », qui tombe presque dans le plagiat de la formation à James Hetfield. Difficile effectivement de ne pas immédiatement reconnaître les arpèges pompés sur ceux de « Enter Sandman » et « Nothing Else Matters » durant cette balade à la voix douce mais à l’intérêt inexistant, tant on pique du nez sans jamais parvenir à s’immerger dans ce moment de douceur à rallonge.
Pourtant alors qu’on n’y croyait plus la vitesse va enfin faire son apparition sur les sympathiques et remuants « Sleepless Eyes » et « Out Of Sight », qui sans faire sauter au plafond (vu que ça reste standardisé à outrance) a au moins le mérite de nous faire sortir de la sieste où l’on était plongé, et montre que les gars savent être accrocheurs quand ils lâchent les chevaux. Idéales pour retrouver l’énergie qui a tant manqué jusque-là ces deux compositions seront hélas les seules basées sur la virilité authentique du Thrash (hormis l’agréable et moderne conclusion « Balance Of Time » aux accents très MACHINE HEAD), vu que ça va ralentir de suite une fois celles-ci terminées, et retomber ainsi dans les travers entendus auparavant. Rien à signaler du côté du syncopé et groovy « At Mirror’s Speech » linéaire au possible, comme pour le quelconque et répétitif « Reap What You Sow » et l’interminable « Beginning Of The End » qui se traîne à n’en plus finir tout en jouant trop la carte du modernisme sans âme ni chaleur.
Bref on aura compris qu’il n’y a franchement rien à sauver là-dedans et aucune raison de s’enflammer... même un peu, tant on ne que sort trop rarement de cette léthargie généralisée franchement énervante vu qu’on sait que les mecs sont capables de se sortir les doigts du cul et de pousser la machine beaucoup fortement. Au lieu de cela ils nous offrent sans doute leur disque le plus faiblard (rythmiquement comme dans l’exécution) jamais réalisé dans leur longue et inégale carrière... prouvant définitivement qu’ils ne peuvent prétendre à mieux que leur statut actuel où ils sont bien ancrés, oubliant ainsi de façon certaine tout espoir de promotion au niveau supérieur. Comme quoi malgré une promotion importante et une confiance de la part de leurs gros labels successifs (Earache, Napalm Records) on peut passer à côté de son sujet, et à ce petit jeu les Anglais nous le prouvent hélas très bien vu qu’ils n’intéresseront ici qu’une poignée de fans purs et durs pas très exigeants. Ceux-ci en tout cas ont toutes les chances de continuer à diminuer avec le temps si les choses ne s’améliorent pas rapidement... ce dont on peut douter fortement, tant l’avenir pour eux ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices, et ça n’est pas prendre de gros risques que de le prédire dès aujourd’hui.
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1 COMMENTAIRE(S)
citer | C'est moins catastrophique que ce que je craignais. Quelque part, ça m'évoque un peu The Defaced, en moins bien évidemment ! |
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1 COMMENTAIRE(S)
30/08/2023 13:29