Obscura Tour 2025

Sosthène : Quelle belle affiche pour retrouver (me concernant) le chemin des salles obscures ! Certes SKELETAL REMAINS ne m’a guère enthousiasmé avec son dernier « Fragments of the Ageless » mais, en concert, les chances d’être déçu sont quasi nulles du moins si je me fie aux trois ou quatre fois où j’ai pu voir les Américains. GOROD, je n’aborde même pas le sujet tant c’est une certitude qu’ils vont « plier le game », comme ce fut le cas au même endroit (Petit Bain) en octobre 2023. Restait alors l’énigme OBSCURA, en tournée pour son nouvel album « A Sonication » sorti début février et que je découvrirai donc directement en live, espérant juste que la prestation soit supérieure à celle de mars dernier (toujours à Petit Bain). Merci la vie d’avoir vu l’annulation de RINGS OF SATURN, même si ma curiosité aurait sans doute été satisfaite d’assister à la performance… Mais ce n’est clairement pas une perte, je ne suis certainement pas le seul à partager ce sentiment de joie mesquine.

Lestat : Je confirme à Sosthène qu’il n’est pas le seul à partager ce sentiment car je vois d’un bon œil le remplacement d’un troisième groupe de Death technique par une formation qui devrait (encore jamais vue sur les planches me concernant) booster un peu plus. Et de mon côté, l’année avait surtout commencé avec des concerts Black Metal (Paris is Black !!! Act.01 et Disgrâce Astrale) donc dans tous les cas, ça va me changer ce soir.


SKELETAL REMAINS

Sosthène : Les trois groupes étant tous aussi alléchants les uns que les autres, c’est à l’heure et bien positionné juste derrière la console que j’assiste à la partie des Américains. Comme je m’y attendais, la présence scénique est imposante, le son très bon et le jeu de lumière immersif. En soi, je n’ai pas grand-chose à redire quant au professionnalisme du groupe mais j’ai quand même rapidement l’impression d’entendre un sérieux clone de MORBID ANGEL dans le riffing et le style si caractéristique des solos et je préférais clairement lorsque la bande évoluait dans un registre similaire au DEATH des années 80. Dans les deux cas, ce n’est foncièrement pas original mais je trouvais cela bien plus accrocheur et, finalement, réussi. Ainsi, cette place de chauffeur de salle qui m’était apparue surprenante au début est en définitive parfaitement juste. Le concert est évidemment un chic moment, il m’a permis de revoir à la hausse l’estime que j’ai pour leur dernier LP en date mais, clairement, j’aurais imaginé une autre destinée pour SKELETAL REMAINS dont le meilleur album reste encore à mes yeux le premier, « Beyond the Flesh ». Quoi qu’il en soit, j’ai l’impression (peut-être fausse) que nombreux étaient ceux qui ne connaissaient pas ces brutes et que leur prestation a marqué les esprits.

Lestat : J’arrive quelques minutes après le début du show et je constate depuis l’entrée que la salle est déjà bien remplie pour les Américains, ça fait plaisir ! Passage préalable quand même par les toilettes pour voir si la politique de Petit Bain a évolué sur la possibilité d’y faire des choses intimes à plusieurs. Mais il y est toujours clairement affiché « 1 personne par WC » donc il faudra trouver un lieu alternatif pour les plaisirs collectifs.
Retour dans la salle pour écouter le quartet qui sonne résolument Death US, ça me rappelle du vieux MORBID ANGEL, sans le côté sombre toutefois. Le public accroche bien, il y en a même une partie qui commence à se chauffer avec ce qui ressemble à un pogo vu de loin. Le chanteur guitariste a de la prestance et quant au bassiste, son court solo fait vivement réagir la foule. Un très long intermède instrumental ne manque pas non plus de retenir mon attention et les Californiens finissent applaudis. Je ne connais que les récents « The Entombment of Chaos » et « Fragments of the Ageless » de leur discographie mais comme les deux personnes de bon goût qui discutent actuellement avec moi me disent que les premiers albums sont encore mieux, je me dis qu’il faudra prendre le volant de ma DeLorean pour aller explorer tout ça.

GOROD

Sosthène : La grosse déception de la soirée fut d’apprendre que GOROD ne vendait plus sa sauce piquante au merch’ pour cause de rupture de stock. Par conséquent, je m’évite une file d’attente impressionnante et monte prendre une bière au bar de l’étage. Merci aux deux gars qui m’ont gentiment offert un shot de whisky, peut-être qu’ils lisent Thrashocore ! Typiquement le genre de rencontre éphémère et sympathique qui fait le sel des concerts.
Que dire des Bordelais sinon qu’ils méritent encore et toujours d’assurer la tête d’affiche ? Quelle branlée, quelle technique, quelle justesse, quelle énergie, quel feeling, quel enthousiasme ! Il y a une espèce de joie de vivre, de positivité, qui se dégage du quintette et les plans ont beau être d’une complexité effarante, les musiciens te font passer ça en douceur, enrobé d’une tonne de groove et je crois bien avoir confié au camarade Lestat, dans un élan pas totalement éthylique, que c’est définitivement mon groupe français favori. Certes, la concurrence est rude mais j’adhère totalement à leur tech death, même lorsqu’il vient à flirter avec le deathcore. Leur performance me semblera d’ailleurs encore plus fantastique une fois comparée à celle d’OBSCURA et je retiendrai surtout l’incroyable (et récurrente) triplette de fin : « The Orb » ; « Birds of Sulphur » ; « Disavow Your God ». Ces mecs semblent définitivement incapables de proposer quelque chose de moyen et c’est sans doute à cela que l’on reconnaît les plus grands : cette capacité à se maintenir dans l’excellence.

Lestat : Les Bordelais qui fêtent leurs 20 ans sous l’appellation GOROD avaient marqué notre rédaction en 2023 avec la sortie de « The Orb », qui s’était vue attribuer un beau 9/10 par Niktareurm avant de figurer parmi les « albums de l’année ». Ils nous en jouent d’ailleurs 3 extraits (« Breeding Silence », « The Orb » et « We Are the Sun Gods ») alternés à des compositions issues du reste de leur répertoire. Ce qui me marque rapidement (ainsi que l’ami Sikoo), c’est le déferlement des impacts de la batterie qui sonne comme une vraie mitraillette ! Ensuite, je me dis que le mélange des influences est quand même bien foutu. En effet, leur Death technique digère aussi bien ce qui me fait penser au Thrash/Crossover 90’s des Slovaques de TREST (R.I.P.) (la basse doit y être pour quelque chose) qu’un instant Deathcore (reconnaissez que le spectre est large !). Au niveau des chants, je ne suis pas super fan de ceux criés mais le growl me plaît. Petit moment nostalgique maintenant, alors que le quintet rappelle son passage d’il y a 13 ans au Glazart (Paris), déjà avec OBSCURA, avant de poursuivre en nous offrant de sacrés solos et un plan instrumental qui chauffe les fans à blanc sous les lumières rouges de Petit Bain ! Ils resteront très applaudis, et ce, jusqu’aux dernières secondes du dernier morceau.

Setlist
1. Bekhten’s Curse
2. Breeding Silence
3. The Axe of God
4. Goddess of Dirt
5. We are the Sun Gods
7. The Orb
8. Birds of Sulphur
9. Disavow Your God


Photo d’Oliver Maiden

OBSCURA

Sosthène : Bon, les Allemands viennent de sortir un disque, je n’ai pas bien envie d’évoquer les petites querelles internes qui ne m’intéressent guère, aussi vais-je uniquement me concentrer sur la musique. Déjà, le son est bien meilleur qu’à leur précédent passage, ce qui permet notamment de pleinement apprécier la complexité des lignes de basse. En revanche, la sentence est peut-être un peu dure mais je m’ennuie assez rapidement. Sur album, j’ai toujours apprécié le groupe mais une fois sur scène, je trouve que tout devient vite froid et démonstratif, avec assez peu de variations d’intensité. De plus, comme seulement quatre titres du nouvel LP sont joués, difficile de dire si ce sont les nouvelles compositions qui causent cela ou si finalement le mal qui m’habite est plus profond. Evidemment, on s’enflamme toujours sur un « The Anticosmic Overload », il y a des morceaux hymnes mais globalement, je trouve que le tout manque encore un peu d’homogénéité en ce qui concerne « l’esprit de corps », à la différence d’un GOROD où la solidarité est palpable à chaque seconde.
Après, je ne vais pas non plus faire la fine bouche parce que des affiches de ce niveau, cela fera toujours rêver mais entre un SKELETAL REMAINS qui se cherche une identité et un OBSCURA en pleine reconstruction, nous aurions pu espérer mieux.

Lestat : L’intro atmosphérique laisse place à des intonations nettement Heavy Metal qui donnent un aspect sérieusement mélodique au Death Metal technique et progressif du combo. En entendant ça, c’est au camarade Mitch que je pense car certaines entames à la guitare qui me rappellent les premiers DARK TRANQUILLITY sont assurément écrites pour lui plaire. D’ailleurs je verrai en rentrant qu’il vient de chroniquer « A Sonication », le dernier opus des Allemands, et qu’il leur reconnaît également un son suédois (HYPOCRISY notamment). Mais les solos à n’en plus finir, c’est un peu too much pour moi. Je comparerais à un MOONLIGHT SORCERCY dans l’univers Black Metal, qui donne aussi trop dans la caricature de la mélodie. Ce qui me gêne encore, c’est quand on nous demande d’applaudir ou bien, à de rares occasions certes, quand le chant résonne de façon un peu Metalcore. Reste que le parterre de Petit Bain apprécie et qu’à la vue des premiers rangs qui lèvent le poing en rythme, on sait qui a amené une grande partie du public. Leur « hey hey », les deux mecs qui prennent ostensiblement leur pied à ma gauche et le rappel le confirment. Personnellement, malgré les points dérangeants évoqués, je retire néanmoins un certain plaisir à l’écoute des passages les plus appuyés et je reconnais l’impressionnant panel de voix de Steffen dont la version rauque est marquante.

Setlist
1. Forsaken
2. Silver Linings
3. Evenfall
4. Emergent Evolution
5. In Solitude
6. Devoured Usurper
7. Akroasis
8. The Sun Eater
9. The Anticosmic Overload
10. A Valediction
11. When Stars Collide
12. Septuagint


Lestat : Bon, il n’y avait certes pas de sauce piquante à vendre au grand regret de Sosthène mais il s’est fait offrir un shot de whiskey et il a revu son groupe français préféré ! Quant à moi, je suis bien content d’avoir ajouté SKELETAL REMAINS et GOROD à mon setlist.fr. Enfin, je suis heureux de conclure en mentionnant la présence d’enfants d’environ 10 ans dans la salle, ce qui laisse présager un bel avenir au Death Metal !