Cynic + Pitbulls in the Nursery
Live report
Cynic + Pitbulls in the Nursery Le 27 Juillet 2008 à Paris, France (Nouveau Casino)
C'est sous un soleil de plomb qu'une audience fort honorable s'est réunie en ce dimanche pour accueillir à nouveau, un an après leur dernier passage parisien, la légende du techno-death Cynic, transformée pour l'occasion en « Cynik » par un affichage malencontreux… Avec les régionaux de l'étape au nom fort engageant de Pitbulls in the Nursery en première partie, peut-être le Nouveau Casino a-t-il cru accueillir des jeunes gens avec leur capuche sur leur bonnet (wesh tactac t'as vu, c'est intelligent hein – spécial kassdedi Laurent Gerra) venant «poser leur flow » dans la grande tradition du « wesh gros, t'as vu mon pit » ? Si c'est le cas, pas de chance pour eux, il n'était pas question de rap ce soir, mais bel et bien de musique…
Les hostilités démarrent donc avec les PITN, qui profitaient de l'occasion pour présenter leur nouveau chanteur au public. Leur set débute sur une longue intro très planante pendant laquelle un des guitaristes officie à la cithare, le reste du groupe venant le soutenir discrètement pour créer une ambiance très zen, presque propice à la méditation, annonçant que nous n'étions pas venus assister à un simple concert de death metal, une date de Cynic ne pouvant se résumer à cela.
Malheureusement, la transition avec le premier morceau fut plutôt laborieuse (changements d'instruments mal gérés, redémarrage difficile...), ruinant ainsi l'ambiance crée par l'intro : un point à travailler d'urgence, la sensation de cassure ainsi provoquée gène grandement la cohérence du set. Autant le signaler tout de suite, je ne suis clairement pas un amateur du death moderne tout en syncopes et autres parties groovy ou moshisante du quintette, mais force est de reconnaitre que le groupe remplit bien son contrat, les musiciens se montrent parfaitement carrés et efficaces, la très bonne mise en place de l'ensemble attestant du nombre d'heures passées en salle de répétition. Techniquement, la seule ombre au tableau vint du chanteur, qui souffre d'un profond manque de coffre : une bonne partie de la salle a semblé très étonnée par ses premières lignes de chant, très typées power-metal (dans l'acceptation US du terme). De plus, celui-ci a encore clairement besoin de gagner en prestance, sa présence sur scène étant totalement occultée par deux guitaristes hargneux et un très bon bassiste manifestement en communion avec sa musique ; même sans être un amateur du groupe, je suis très sceptique quant à la pertinence du choix de ce vocaliste, PITN en arrivant même ainsi, dans ses passages les plus simples, à rappeler les anecdotiques Dagoba. Au final, je me suis ennuyé ferme sauf pendant les très réussies parties plus jazzy qui viennent de temps à autres aérer leur set, ainsi que quelques passages lead plus techniques qui sont semble t-il issus de nouveaux morceaux, rompant avec le coté très monolithique du reste. Cependant ces passages lead furent totalement gâchés par un son de guitare absolument infâme, strident et crachotant, totalement insupportable. Un autre point à retravailler d'urgence, et très étonnant compte tenu du son globalement compact mais puissant des parties rythmiques, où chaque instrument est parfaitement a sa place et perce dans un mix très réussi.
En fait PITN j'aime bien, mais quand ils ne font pas de metal !
Dès la fin du set des Pitbulls, on sentait bien que quelque chose de spécial flottait dans l'air, l'excitation de chacun était palpable… Cynic était de retour à Paris un an leur dernière visite, mais cette fois avec un line-up complet, et surtout avec un nouvel album annoncé pour la rentrée chez les français de Season of Mist. Alors que pour beaucoup d'entre nous, le simple fait de voir Cynic sur scène n'était, il y a peu de temps encore, qu'un rêve fou, nous nous préparions là à voir une légende venir définitivement confirmer son retour…
Et quel retour ! Si Traced in Air, le nouvel album, voit l'intronisation du hollandais Tymon Kruidenier en remplacement de Jason Gobel et en tant que vocaliste death pour le live, cette tournée doit aussi composer avec l'absence de Sean Malone, remplacé pour l'occasion par Robin Zielhorst, compatriote de Tymon et surtout membre comme lui de Exivious, formation de… fusion/metal, dont le premier album est attendu pour cette année, et qui compte plusieurs reprises de Cynic à son actif. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que cela s'entend : ces hollandais vont être à suivre de très près.
Dès l'installation du matériel, l'attention d'une grande partie de la salle se focalise sur la scène, et chaque apparition de Paul ou Sean sera acclamée d'une façon qui en dit long sur l'attente des fans…
Une grande attente certes, mais aussi une pointe d'appréhension : seuls restent en live Paul Masvidal et Sean Reinert du line-up originel. La voix death samplée et David Senescu ont été diversement appréciés lors du Reunion Tour, cette nouvelle tournée est attendue au tournant et doit donc assumer une double tâche : rassurer les quelques déçus de la précédente et consacrer les nouveaux membres, mais surtout imposer Cynic comme étant un groupe qui vit avec son temps et avec lequel il faut compter, et non comme une simple légende qui retournera dans le passé après une brève réapparition.
Est-il nécessaire de faire durer le suspense plus longtemps ?
Le grand Cynic est revenu, et plus qu'un concert c'est une voie vers la transcendance qui nous a été offerte. C'est la troisième fois que je vois Cynic après le Hellfest et le dernier passage en ces lieux, et ces deux dates précédentes ne furent que des marches vers l'Accomplissement, Cynic nous a en ce dimanche fait entrer en communion avec une forme d'Absolu : sa musique.
Dès lors que peut-on dire ? Comment décrire la perfection, comment qualifier le divin ?
Ce concert fut parfait de bout en bout : Après avoir été un peu hésitant sur la première moitié de Veil of Maya, le son devint parfait (petite digression : j'ai déjà pu lire ici et là des commentaires très déplacés envers le travail de l'ingé-son, sur le temps qu'il a fallu pour corriger les inévitables imperfections du début de set ; leurs auteurs ont-ils seulement conscience que la réponse acoustique d'une salle vide n'est pas la même qu'une fois celle-ci remplie et que des ajustements sont nécessaires ? A la loco, il faut au moins trois ou quatre morceaux pour obtenir un son à peu près correct ; dimanche, en deux minutes tout était corrigé : Brett a fait un travail admirable.), seul subsistait un petit buzz entre les morceaux (le bon vieux « 50 Hz » ? Les amateurs de matos d'import comprendront). Paul et Sean furent comme d'accoutumée impériaux, Robin et Tymon ont assuré à la perfection et avec une aisance folle, ce dernier faisant même preuve d'un mimétisme vocal avec Tony Teegarden troublant, j'ose à peine imaginer le nombre d'écoutes de Focus nécessaires à un tel résultât…
Il n'y a pas grand-chose à dire de plus, Focus a été joué à la perfection ; il est à mon sens plus intéressant de s'attarder sur la différence entre les set-lists des deux passages parisiens :
A part l'intégralité de Focus, inévitable, nous avions eu droit il y a un an à une reprise du Mahavishnu Orchestra, qui était le premier morceau à avoir été joué en répétition par le groupe ; dans le cadre d'une tournée marquant le retour d'une légende, Evolutionary Sleeper n'était alors que la cerise sur le gâteau, d'autant plus que rien n'avait été annoncé à l'époque concernant le futur du groupe. Aujourd'hui, la page du Reunion Tour est tournée, un album est annoncé, Cynic ne peut plus se contenter de regarder vers le passé : Exit la reprise, place à Adam's Murmur et Integral Birth issus du Promo 2008, qu'une bonne partie de l'audience connaissait déjà par cœur, tout comme le désormais classique Evolutionary Sleeper. De même, le choix de l'unique morceau de rappel est particulièrement judicieux : La cerise sur le gâteau fut cette fois un nouveau morceau de Traced in Air, réellement inédit (le groupe devait bien être conscient que tous les fans connaissent déjà par cœur le promo), et qui s'avère être le plus brutal du groupe à ce jour, l'intro allant même jusqu'à évoquer l'ineffable Human… Le message est clair : Cynic est de retour et a surgit du passé pour venir marquer le présent, la nostalgie n'est plus de mise, le groupe regarde désormais droit devant lui.
Les légendes ne sont pas seulement immortelles, elles sont parfois aussi intemporelles…
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