On sait qu’il est souvent recommandé de battre le fer pendant qu’il est encore chaud, et visiblement le combo de Cracovie a bien retenu cet adage en revenant aux affaires à peine un an et demi après le très sympathique
« Crooked Mirror » qui a fait de lui une des nouvelles têtes à suivre au sein de la pléthorique scène extrême polonaise. S’il a pris du galon en signant chez Dying Victims Production pour le reste rien n’a changé musicalement pour lui, vu que l’expérience commune et le vécu de chacun des membres ont parfaitement été assimilés au sein de ce bloc bien solide où un nouveau frappeur est venu se greffer peu après l’enregistrement du précédent opus. Du coup si on va être en présence d’un Thrash à l’ancienne très balisé et sans surprises le rendu va néanmoins être parfaitement efficace, tant la hargne des musiciens conjuguée à une exécution simple et directe va nous emmener directement dans des bars crades et louches tout en faisant un détour par les rues mal famées où brillent les lames de couteaux. C’est dans cette ambiance digne du mythique « Street Trash » de Jim Muro que va nous convier l’entité qui ne va pas se poser de questions, tout en proposant néanmoins suffisamment de variété et de subtilité pour ne pas être linéaire trop rapidement... là où la précédente livraison pouvait parfois s’essouffler légèrement sur la fin.
Car si ce nouvel enregistrement est finalement arrivé assez vite on sent cependant que les gars ont gagné en maturité tout en conservant leur même ligne de conduite originelle, et de ce point de vue là on va être mis directement dans le vif du sujet avec l’excellente doublette « Phantoms » / « Greatest Of Sinners » qui va miser sur la facette la plus radicale et vindicative de la formation. En effet celle-ci a décidé de démarrer pied au plancher avec une vitesse quasiment en continu sur fond de riffs très simples et à l’énergie permanente, vu que ça ne ralentit légèrement qu’en de courts moments afin de reprendre son souffle comme pour y gagner en accroche… tant le feeling et l’envie de headbanguer ne vont pas quitter l’auditeur un seul instant. Proposant donc deux morceaux menés à fond la caisse et sans se poser de questions les mecs prouvent qu’ils sont toujours à l’aise dans ce registre minimaliste sans pour autant être redondants, tant ils ont ce feeling si caractéristique pour ne pas se répéter... surtout que ça ne s’éternise jamais sur la durée, cependant afin de quand même montrer qu’ils savent proposer autre chose que cela on va avoir droit au redoutable « Under Gypsy's Spell » qui va nous emmener en pleine influence Heavy. Nulle trace ici d’explosivité débridée vu qu’on va rester sur du mid-tempo implacable et guerrier à la fois rampant et épique, où l’on va se surprendre à taper du pied sur cette écriture relativement accessible et prévisible qui fait parfaitement son office, et confirme ainsi toutes les bonnes dispositions entendues jusqu’à présent.
Et après ce premier tiers à la fois sans surprises et très réussi les gars vont commencer à essayer quelque chose de plus dense et surprenant qui ne va pas laisser indifférent… même si pour l’instant « Bane Of Brook Hall » va garder les mêmes éléments qu’entendus sur la composition précédente… à quelques exceptions près. Car outre la présence au chant de son compatriote Kamil Majcher (du groupe de Speed Metal PURSUER) le quatuor va aussi nous proposer du solo de basse étonnant, et quelques accents martiaux du plus bel effet… portés par une rythmique qui là-encore laisse de côté les passages explosifs pour ceux plus massifs et rampants avec toujours la même accroche immédiate, qui font ainsi de ce moment une parfaite conclusion à une première moitié d’album absolument impeccable et qui s’écoute aisément avec grand plaisir. Cependant avec « Santa Muerte » cette belle impression va légèrement retomber, car sous ce nom d’obédience latine la bande pour être en raccord avec cela va nous sortir des ambiances acoustiques à cheval entre l’Espagne et le Mexique en guise d’introduction et de conclusion. Si cela va surprendre (mais finalement passer sans accrocs) en revanche le reste va sonner un peu bordélique et inégal, tant on va avoir droit à toute une palette de jeu allant de blasts furieux à des plans lents aériens sans que la cohésion soit totale. Si ça reste loin du ratage on aurait aimé un peu plus de sobriété vu qu’on a parfois du mal à suivre la logique proposée ici via de nombreuses cassures qu’on aurait aimé plus restreintes, bien que ça s’écoute quand même relativement facilement.
Heureusement ce ressenti mitigé va immédiatement s’estomper avec l’impeccable « The Last Road » qui sent le Punk à foison avec son énergie conjuguée à son sens de la rapidité et du riff… tout en donnant envie d’en découdre instantanément avec ces parties en médium d’une grande efficacité, montrant encore s’il le fallait que c’est bien dans ce domaine que les pandémiques restent les plus efficaces. Pourtant ceux-ci ont décidé de persévérer dans cette veine plus ambitieuse, preuve en est « Thralls Of The Crescent » avec ces relents religieux et occultes où la violence est mise sur le côté au profit d’accents tristes et mélancoliques (portés notamment par une guitare plaintive et une explosivité absente des débats), qui vont se révéler parfaitement adaptés à l’ambiance voulue vu que ça n’en fait jamais des tonnes. Gardant sa cohérence tout du long ce rendu bien que différent ne dépareille pas car on est loin des trucs sirupeux proposés à foison par les glamouzes du Hair Metal à sa grande époque… vu que les accents thrashy ne sont jamais bien loin, ils ont simplement laissé d’autres éléments s’exprimer à leur place sans les effacer. Du coup « …The Horde » va se montrer idéal pour terminer les hostilités en reprenant un peu de tout cela entre tabassage incessant et rendus harmoniques, et qui malgré une finition un peu abrupte va dévoiler une ultime fois tout le talent de ses géniteurs qui sans faire un disque incontournable de l’année confirment les belles promesses entrevues récemment.
Et même s’il lui manque encore un truc pour prétendre à l’étage supérieur ce rejeton est clairement dans une bonne phase de progression, et nul doute que sa prochaine livraison va encore gagner en attractivité et homogénéité. A lui désormais de gommer cette tentation de vouloir explorer trop tôt de nouveaux horizons car il a les moyens d’y parvenir à condition d’attendre encore un peu, et de se concentrer pour l’instant sur ce qu’il maîtrise le plus habilement. Parfait défouloir pour se vider la tête cet enregistrement a en tout cas ce qu’il faut pour permettre à n’importe quel fan peu exigeant de passer un agréable moment, sans chercher à se prendre la tête mais en se la vidant correctement. Ambitieux sans vouloir prétendre changer l’histoire de la musique ses auteurs signent une œuvre plus professionnelle que la précédente sans perdre cette sincérité juvénile qui les caractérise, et vu les belles promesses encore entrevues ici on ne peut qu’avoir hâte d’écouter leur prochaine publication… qui devrait arriver ainsi rapidement s’ils continuent dans cette fougue de la jeunesse où l’urgence semble être le maitre-mot.
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