Headhunter's « A Bizarre Gardening Accident ». Ca sonne un peu comme un Cadaveric Purulence's « Disney Fun Party », ou un Lorie's « Lust for Anal Blood », en plus subtile dans la confrontation des registres toutefois. Mais ce petit décalage – perceptible également dans l'artwork, aussi kitch qu'inattendu – traduit dès la case départ toute la différence qu'il peut y avoir entre le thrash du Accuser ou du Assassin de base et le Fun Teutonic Thrash Metal de Headhunter. Situé à la croisée des chemins de
Tankard (
pour le délire) et de
Destruction (
pour la rage et la vélocité) – ceux à qui cela ne parlerait pas peuvent imaginer un
Anthrax d'outre-Rhin – Headhunter est un rayon de soleil puissant et chaleureusement revigorant envoyé par Schmier aux fans de
Destruction rendus inconsolables par la débandade, au début des années 90s, de ce 4e pilier du German Thrash Metal.
Faisons bref mais efficace: « A Bizarre Gardening Accident » est de ces pépites oubliées qui devraient – si le monde était bien fait – ponctuer les discussions de tout amoureux du thrash vintage européen qui se respecte. Attention hein, quand j'utilise le terme « vintage », pas de frisson répulsif ami d'jeune: ce qualificatif n'est pas ici synonyme de « daté », ou de ear toy pour vieux thrasheur patché fétichiste. Non, cette galette a aussi bien vieilli que les meilleurs
Sodom ou
Destruction. Alternant avec un sens aigu de l'à propos et de l'efficacité les tueries speed, quelques grandioses et sombres morceaux et de bonnes vieilles déconnades, l'album propose une track list de rêve où rien n'est à jeter.
Mais rentrons donc un peu dans le vif du sujet …
C'est un gramophone rigolard qui introduit l'album (
non $am, pas « un gros lard gérontophile qui introduit bobonne »), bouffonnerie sympathique qui ne laisse pas franchement entrevoir l'enchaînement de tueur qui s'apprête à nous coller au tapis. Paf, méchant direct en pleine poire avec le thrash fonceur, accrocheur et déjanté de « Signs Of Insanity ». Suit un gros bourre-pif avec le plus sombre, plus « épique » mais tout aussi puissant « Hit Machine ». Puis à peine croit-on pouvoir récupérer qu'on se prend un crochet vicelard dans la tempe avec l'encore plus sombre « Born In The Woods », morceau qui avance inexorablement vers la délivrance d'une rafale de soli et de leads qui font salement mouche (
de 2:53 à 4:02, venez prendre votre leçon et votre panard !), prenant par surprise ceux qui auraient baissé leur garde, pensant avoir affaire à un morceau mid-slow inoffensif. Enfin, KO technique sur l'uppercut à l'estomac « Two Faced Promises » qui concentre toute sa force de frappe sur un riff nucléaire, intensivement mais intelligemment utilisé, qui renvoie la concurrence loin dans les cordes.
Mais les copains, n'oubliez pas que le boxeur est affublé – une fois n'est pas coutume – d'un gros nez rouge. Le 6e morceau est là pour nous le rappeler en proposant une version sérieusement revisitée à la sauce thrash de « Ramalama », vieux titre de doo-wop rigolard (
que j'avoue avoir découvert il y a fort longtemps, lors d'un épisode de la série « Madame est servie » - Quoi ? J'ai le droit j'étais môme…). Suivent ensuite sept titres d'un niveau toujours égal, dont un superbe instrumental qui n'est clairement pas là pour faire retomber la pression (
« Domo »), une « ballade » dont la qualité en fait tout sauf le parent pauvre ou la concession commerciale de l'album (
« Pangs Of Remorse » ), une grosse triplette thrash jouissive dont « Deadly Instinct » - qui est tout simplement énorme -, le tout finissant sur un dernier délire de pochtron Motorheadien, « Sex & Drugs And Rock'n'Roll », courte reprise qui sied bien à l'esprit du groupe.
Si l'on dissèque un peu la bête, on voit que la réussite de cet accident de jardinage s'appuie sur de gros gros atouts, parmi lesquels le chant de Schmier n'est certainement pas le plus crucial (
comme lorsqu'il officie au sein de Destruction, on accroche ou non à cet aboiement bien typique de son époque). Schmuddel, le gratteux, est monstrueux: cette pluie de soli mes enfants! A 3:16 sur « Signs Of Insanity », de 2:53 à 4:02 sur « Born In The Woods », à 2:35 sur « Character Assassination », à 2:59 sur « Rude Philosophy »: c'est à se rouler par terre! Lors de ses échappées, celui-ci est appuyé avec intelligence par une section rythmique imparable qui balise le terrain à chaque instant pour tour à tour créer de la tension, imprimer la dynamique globale et booster les sprints. Mention spéciale à la basse de Schmier qui joue un rôle important, collant la pression en début de « Signs Of Insanity » (
0:30), s'offrant l'intro de « Boozer », et jouant carrément un rôle prépondérant dans « Rude Philosophy » (
lead de basse en vue à 2:41 !).
Bref, que tous les amateurs de grosses sensations thrash à la
Destruction /
Tankard se ruent sur ce petit bijou qui est réédité ces jours-ci (
et d'ailleurs ça me casse un peu les bonbons vu que, quelques mois trop tôt, j'ai racheté une vieille version de l'album): je vous parie 10 écoutes enchaînées du dernier Raphaël qu'il est tout bonnement impossible que ce skeud vous déplaise. Quant à moi il va falloir que je songe à caser les rééditions des deux autres albums du groupe (
Je ne compte pas dans le lot « Parasite Of Society », qui doit sortir cette année) dans la liste de mes courses à venir…
4 COMMENTAIRE(S)
21/03/2008 23:17
21/03/2008 15:15
Ben je l'avais en cassette cet album quand j'étais jeune (par contre je sais pas si je pourrais la retrouver ) mais il m'a pas laissé un souvenir inoubliable vois-tu... il me semble que j'avais pas accroché plus que ça.
Allez je la rechercherai ma vieille k7 histoire de. De toute façon ce sera comme de l'écouter pour la 1ère fois vu que je ne me rappelle absolument d'aucune chanson.
Mais quand même cette pochette est d'un laid!!!
C'est clair.
21/03/2008 14:36
Ben je l'avais en cassette cet album quand j'étais jeune (par contre je sais pas si je pourrais la retrouver ) mais il m'a pas laissé un souvenir inoubliable vois-tu... il me semble que j'avais pas accroché plus que ça.
Allez je la rechercherai ma vieille k7 histoire de. De toute façon ce sera comme de l'écouter pour la 1ère fois vu que je ne me rappelle absolument d'aucune chanson.
Mais quand même cette pochette est d'un laid!!!
21/03/2008 12:37