Testament - Return To The Apocalyptic City

Il y a des EPs qui ne payent pas de mine mais qui, l'espace de quelques titres, en disent long sur la situation d'un groupe à un moment T. Prenez TESTAMENT par exemple qui, après avoir endormi tout le monde avec « The Ritual », doit faire face au départ de son guitariste emblématique, Alex Skolnick. Même si Eric Peterson a toujours été la clé de voûte du groupe en matière de composition, on a connu départ moins douloureux. Celui du batteur Louis Clemente par exemple qui, s'il lâche ses partenaires du jour au lendemain la veille d'une tournée de trente dates, n'avait pourtant rien d'une terreur derrière le kit. A quelque chose malheur est bon et un coup fil à SLAYER plus tard, Paul Bostaph débarque en homme providentiel, apprend 10 morceaux en une nuit (!) et relance la machine, l'ex FORBIDDEN Glen Alvelais occupant le poste vacant de guitariste lead.

On trouve donc sur « Return To The Apocalyptic City » quatre témoignages live de cette tournée faisant la part belle aux classiques du groupe : deux extraits du premier album (« Over The Wall », « The Haunting »), un classique tiré de « The New Order » (« Disciples Of The Watch ») et un morceau plus récent, « So Many Lies », qui n'est pas le moins intéressant du lot. Car les membres restants du line-up classique, conscients d'avoir marqué le pas avec un cinquième full length expurgé de l'agressivité des débuts, ont soif d'en découdre. Au vu de la pochette, une belle boucherie à l'ancienne qui n'aurait pas déplu à Pinhead, on s'en serait douté ! « So Many Lies » donc, assez molle sur album, apparaît transfigurée ici, d'une lourdeur imparable, Chuck Billy s'en donnant à coeur joie dans les growls entre deux passages en clean voice. C'est qu'à l'époque, TESTAMENT n'avait pas encore amorcé le virage thrash/death de « Low » ou « Demonic », à tel point que j'ai longtemps cru que TESTAMENT se produisait avec deux chanteurs ! L'interprétation bien plus grasse du grand Chuck derrière le micro, une des très bonne surprises de ce mini-live, redore le blason thrash d'un groupe un temps perdu sur la voie mainstream prônée par sa maison de disque (remember « Return To Serenity », ici dans une inutile version Radio Edit ou encore le morceau « The Legacy » sur « Souls Of Black »). Le sample d'introduction placé avant l'interprétation dantesque de « Over The Wall », tiré du film « L'expérience Interdite » (« Today Is A Good Day To Die » dixit l'excellent Kiefer Sutherland) est assez révélateur de l'état d'esprit des membres survivants, Billy, Peterson et Christian : si TESTAMENT doit tirer sa révérence, il le fera sur scène, les armes à la main ! Compte tenu des circonstances, l'interprétation de « Over The Wall », « Disciples » et « The Haunting » force le respect. Même si on le connaîtra plus foudroyant par la suite, Bostaph assure comme un chef et en bon shredder qui se respecte, Glen Alvelais fait oublier l'absence du maître en livrant une copie quasi conforme aux versions d'origine. Supérieures à mon sens aux versions présentes sur le « Live At The Fillmore » de 1995 (pourtant irréprochable), ces versions live justifient à elles seules l'acquisition de « Return To The Apocalyptic City », sur lequel on retrouve également la version studio de « Reign Of Terror », enregistrée avec le line-up classique et mixée par Alex Perialas.

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