Exercice délicat pour un chroniqueur que de livrer son sentiment sur un skeud fondateur au niveau personnel, tout en gardant à l'esprit que tout n'est sans doute pas aussi parfait que dans son souvenir. La méthode du Dr. Benton, prêt à renvoyer sur le billard tout candidat crédible à la dissection sur Thrashocore peut s'avérer légitime, mais les oreilles affutées par bientôt quatre années de dur labeur en salle d'op ne peuvent pas grand-chose contre ce virus tenace qui sommeille en chaque œuvre culte, surtout lorsqu'il s'agit d'un incontournable. Objectivement, c'est loin d'être le cas du quatrième full length de TESTAMENT, décrié en son temps pour le manque d'envergure de ses compositions et qui amorçait le déclin d'un groupe parti en trombe avec l'excellent
« The Legacy » (1987).
Un premier sang mémorable bientôt suivi par
« The New Order » (1988) et
« Practice What You Preach » (1989), soit un rythme infernal d'un album par an qui contraint le groupe à composer « Souls Of Black » en tournée, l'essoufflement du trio Peterson/Skolnick/Clemente se faisant parfois sentir sur un titre anecdotique comme « Absence Of Light », mollement interprété par un Chuck Billy qu'on a connu largement plus inspiré. Objectivement toujours, avant d'insister plus volontiers sur les qualités de la galette, le plus gros reproche qu'on puisse faire à « Souls Of Black » reste sa trop grande homogénéité, Eric Peterson donnant souvent l'impression de livrer une variation du même riff sur une série de morceaux plus ou moins interchangeables (« Love To Hate », « Malpractice », « One Man's Fate »). L'absence de classiques ? Assez criante au vu du tracklisting même si deux ou trois hits maison mériteraient meilleur sort, « Face In The Sky » et « Falling Fast » en tête. Assez peu porté sur la rapidité au regard de ses devanciers, « Souls Of Black » bénéficie par contre d'une production enfin significative signée Michael Rosen (VIO-LENCE, BONDED BY BLOOD et surtout
« The Formation Of Damnation ») qui confère au heavy thrash classieux des américains un tranchant inédit : ç'en est provisoirement terminé des adjuvants groovy/rock n' roll mal branlés du boiteux
« Practice What You Preach » (le TESTAMENT new look de
« Low » fera nettement mieux dans le genre) au profit de compos très percutantes, mettant en valeur le chant clair absolument superbe d'un Chuck Billy qui a gagné en maîtrise dans ce domaine. Même Louis Clemente, à la ramasse techniquement sur l'effort précédent, surmonte ses limites du moment et parvient à se faire oublier, bien aidé par un Alex Skolnick bonifiant chaque morceau de ses interventions lumineuses. Et si le caractère monolithique de la deuxième moitié de « Souls » est à peine troublé par une
« The Legacy » en forme power ballad de luxe, les quatre premières salves justifient à elles seules la sanctification d'une rondelle ayant tournée un an et demi non stop chez votre serviteur.
Et comme j'ai réussi l'exploit de me contenir deux paragraphes durant sur ce qui reste un de mes albums préférés tous styles confondus, allons y pour le concert de louanges ; le flamenco en forme de trompe l'oreille introductif signé Eric Peterson ? Exceptionnel. La rythmique brise nuque de « Face In The Sky » sur laquelle Skolnick renvoie Moïse à ses chères tablettes en marchant sur l'eau, la terre et le vent réunis ? Tout bonnement monstrueux, à l'instar des solis sur « Falling Fast », sans conteste ce que j'ai entendu de meilleur dans le genre avec ceux signés Andreas Kisser (sur « Arise ») et Allen West (sur « Solid State »). Subjectif toujours avec un niveau de jeu moyen si élevé qu'il change le metal plombé de « Malpractice » et « One Man's Fate » en or heavy thrash à porter sous forme de chaînes qui brillent, torse bombé et chemise ouverte, en priant pour que les marseillais foulent un jour la pelouse du vel' au son d'un title track on ne peut plus bondissant et charmeur. Les hurlements à glacer le sang du grand Chuck sur « Falling Fast » (encore elle !) ponctués de quelques growls délicicieux ? Du plus bel effet, à l'image de ce mal aimé du back catalogue des américains qui mérite clairement meilleur sort qu'un 6/10 et une chronique lapidaire de dix lignes. Les standards type « Over The Wall » ou « Into The Pit » ne figurent pas sur ce disque ? Paradoxalement, ça n'empêche pas « Souls Of Black » d'être l'album le plus plaisant du TESTAMENT de la première heure.
7 COMMENTAIRE(S)
02/12/2010 07:35
Yep, destroy erase improve.
23/08/2011 17:23
edit: j'avais oublié, j'adore cette pochette!
01/12/2010 21:34
Et sinon, question "technique": tu as fait quoi, un erase total de l'ancienne chro ?
01/12/2010 21:19
20/07/2005 10:13
04/04/2004
04/04/2004