Après cinq albums enregistrés avec un line-up stable, TESTAMENT doit faire face au désintérêt croissant du public pour le thrash, encore que le très mainstream
"The Ritual" ne puisse prétendre appartenir à cette catégorie tant il présente un groupe prêt à tout pour séduire une audience plus large. Sauvé par quelques refrains potables et la classe naturelle d'un Alex Skolnick bientôt amené à rejoindre SAVATAGE,
"The Ritual" laisse donc un groupe amputé de deux membres originaux, Skolnick donc mais également le batteur Louis Clemente, une perte bien moindre au regard des cadors qui lui succèderont par la suite (Paul Bostaph, John Tempesta, Jon Dette, Chris Kontos, Gene Hoglan et même Dave Lombardo!). Le précédent EP live
"Return To The Apocalyptic City" laissait présager d'un retour aux affaires brutales, option confirmée ici avec un "Low" qui rompt avec l'alchimie des premiers albums, changement de personnel oblige.
Le jeu de Skolnick étant reconnaissable entre mille (au moins autant que celui d'un Marty Friedman), TESTAMENT fait alors appel au non moins talentueux James Murphy pour remplacer l'irremplaçable. Un bon choix que celui de ce redoutable soliste resté en rade suite au split de DISINCARNATE et qui a marqué les esprits sur "Spiritual Healing" (DEATH, 1990) et surtout "Cause Of Death" (OBITUARY, 1990), une des meilleures productions du gang des frères Tardy. Le bassiste Greg Christian fidèle au poste, ne reste plus au tandem Peterson/Billy qu'à dénicher un batteur sérieux, et c'est chose faite avec l'arrivée de John Tempesta, laissé libre par EXODUS après un "Force Of Habit" calamiteux. Un solide recrutement pour un groupe désireux de réenclencher la troisième après avoir exagérément ralenti le tempo, Eric Peterson prenant ici en charge une grande partie de l'écriture (Greg Christian et James Murphy se partagent les miettes restantes). Libéré du joug d'un Skolnick trop envahissant, TESTAMENT s'affranchit des gimmicks de composition passés et livre avec "Low" un album qui surprend autant qu'il séduit, la principale critique qu'on puisse émettre à son encontre étant qu'on n'a pas vraiment l'impression d'avoir affaire à un album de TESTAMENT mais au premier effort d'un nouveau groupe peuplé par une floppée d'ex-membres de formations réputées. Ceci étant posé, le niveau singulièrement élevé de la galette consolera les esprits chagrins quelque peu déroutés par l'orientation groovy thrash des américains, logiquement assaisonnée à la sauce death metal étant donné l'aisance de Chuck Billy dans le registre caverneux.
Les premières mesures du title track sont représentatives de ce qui vous guette au détour d'une "Legions (In Hiding)" ou une "Hail Mary" ; soit du thrash rugueux à dominante mid tempo, d'une plus grande richesse rythmique et dopé aux anabolisants death (accords au trente sixième sous sol, growls premier choix d'un Chuck Billy en rupture de screams façon "The Preacher"), éclairé à intervalles réguliers par les interventions lumineuses d'un James Murphy faisant parler sa technique tout en faisant preuve d'un feeling assez inhabituel. Seule la traditionnelle balade de service fait directement écho au passé du groupe, la sympathique mais pas inoubliable "Trail Of Tears" étant dans la droite lignée d'une
"The Legacy" (sur
"Souls Of Black", 1990). Mais si la présence d'une aimable guimauve en piste quatre renforce le côté disparate de l'entreprise, on sera plus critique devant la quasi absence de titres rapides. Alors certes, "Dog Faced Gods" est une tuerie thrash death qui tranche singulièrement avec le background heavy thrash plus gentillet des premiers albums mais quitte à verser dans l'extrême, on aurait préféré que TESTAMENT poursuive dans cette voie plutôt que de bâcler la fin de l'album à coup d'instrumental soporifique ("Last Call") ou de pseudo speederie aussi banale que répétitive ("Ride"). Ce sera chose faîte sur les albums suivants, d'un
"Demonic" plongeant MACHINE HEAD dans une bassine de gras au thrash death imparable de
"The Gathering" (1999). Malgré ces quelques vices de fabrication, "Low" reste plus que recommandable, ne serait-ce pour cette poignée d'excellents titres où la section rythmique tronçonne à tout va ("Legions (In Hiding)", "Shades Of War", "All I Could Bleed") tandis que Chuck Billy passe du growl au chant clair avec une aisance peu commune. Et si "Chasing Fear" et son refrain killer s'affirme comme un des sommets de l'album, n'oublions pas de mentionner l'instrumental "Urotsukidoji", bizarrement plus efficace sur le
"Live At The Fillmore" de 1995 mais qui reste très satisfaisante en version studio. La production signée GGGarth/TESTAMENT n'ayant pas vieilli d'un pouce, la (re)découverte s'impose pour tous les amateurs de groove thrash classieux pour qui le toupa toupa (comprendre : rythmique up tempo) n'est pas une fin en soit!
6 COMMENTAIRE(S)
05/10/2010 23:09
Ouch! XD Qu'est-ce qu'il faut pas lire...
05/10/2010 21:45
13/02/2010 11:19
Celle de "The Gathering" ne m'a pas choqué grand chef! Par contre "Souls Of Black", hum ...
12/02/2010 16:44
12/02/2010 15:31
Une chro d'un ancien chroniqueur qui commence à dater et que je referai dès que j'en aurai l'occasion, idem pour "Souls Of Black".
12/02/2010 15:28