Après avoir délivré deux témoignages publics de modeste envergure, les excellents EP « Live At Eindhoven » (1987) et
« Return To The Apocalyptic City » (1993), il est temps pour un TESTAMENT à l'effectif remanié d'en finir avec les hors d'œuvres et d'offrir aux convertis restants –
les années 90 n'ont pas fait que du bien au groupe de Berkeley - un plat de résistance live aux allures de best of. Pour ce faire, l'inamovible trio Chuck Billy/Eric Peterson/Greg Christian fait appel à Jon Dette (batteur éphémère de SLAYER entre deux faux départs de Paul Bostaph) pour suppléer John Tempesta, tandis qu'un James Murphy à la motivation incertaine conserve son poste de guitariste lead. Pas de classic line-up sur ce « Live At The Fillmore » donc, mais le superbe “Live In London” (2005) ayant permis d'évacuer la frustration de ne pas retrouver Alex Skolnick et sa fameuse mèche blanche, on jugera cet album pour ses qualités propres, TESTAMENT ayant en sus toujours pris garde de varier suffisamment ses setlists pour justifier chacune de ses sorties.
Et de qualités, « Live At The Fillmore » en regorge, à commencer par une production énorme signée Michael Wagener (SKID ROW, OVERKILL, OZZY OSBOURNE) qui donne un coup de fouet indispensable à une palanquée de classiques malmenés un Alex Perialas mixant avec des moufles. Sans surprise, la setlist fait la part belle aux deux premiers full lengths du groupe avec trois extraits de
« The Legacy » (bizarrement, « Over The Wall » et « The Haunting » ne sont pas de la partie) et une bonne moitié de
« The New Order », la speedée « The Preacher » posant les bases d'une prestation aboutie des américains : la jouant à la fois décontracté –
le tempo est parfois ralenti par rapport aux versions studio, sur « Alone In The Dark » notamment – et plus physique suivant l'agressivité des morceaux, on balance donc entre thrash anthems gérées à l'expérience et relectures thrash death de quelques oldies bénéficiant à plein du ravalement de façade opéré par TESTAMENT depuis
« Low » ; à ce titre, « Apocalyptic City » est une formidable réussite, les adjuvants rythmiques de Jon Dette comblant les manques techniques criants de Louis Clemente tout en impulsant une dynamique nouvelle, à l'image des backing vocals de porcs sur lesquelles s'appuie un Chuck Billy en grande forme. Passant allègrement d'un chant clair chaleureux à des growls monstrueux, le grand Chuck en impose sur les titres les plus virulents du répertoire comme l'énorme « Dog Faced Gods », la pugilesque « Into The Pit » ou encore une
« The New Order » boostée aux hormones de croissance death.
Si certains albums comme
« The Ritual » sont logiquement passés sous silence étant donné l'orientation plus extrême prise par TESTAMENT, « Live At The Fillmore » fait la part belle à
« Low » tout en laissant les miettes à
« Souls Of Black » et
« Practice What You Preach », dont seuls les title tracks ont droit de cité. Mais la plus belle réussite de ce live est sans doute de ménager quelques moments de grâce mélodique entre deux parpinades thrash de première catégorie : moyennement convaincantes sur album, « A Dirge » et « Urotsukidoji » se trouvent ici transfigurées par l'interprétation d'un James Murphy dont la classe n'est plus à démontrer (DEATH et OBITUARY peuvent en témoigner). En revanche, les trois versions acoustiques de ballades pas forcément indispensables à la base sont un peu incongrues, aussi louables que soient les intentions de leurs auteurs à l'origine (des fonds reversés à la cause indienne pour sortir les habitants des réserves de la misère). Un très bon live donc, qui plus est parfaitement complémentaire du DVD « Live In London » sorti dix ans plus tard sous la bannière Eagle Vision.
3 COMMENTAIRE(S)
14/11/2010 10:15
13/11/2010 22:54
Un de mes trois albums live de metal extrême préféré !
13/11/2010 14:23