Bon, je ne vais pas vous mentir, ce nouvel album de Foreseen je ne l’ai écouté pour le moment que quatre ou cinq fois. C’est peu, surtout pour en rédiger une chronique sensée exprimer un avis "éclairé" et "définitif" sur la question... Sauf qu’à vrai dire, je ne vois aucune raison valable pour que l’enthousiasme ressenti à son égard puisse s’estomper dans les mois à venir. Alors oui, certains trouverons que cette chronique manque peut-être un petit peu de recul mais à titre personnel je suis convaincu que l’appréciation de ce genre de Thrash / Crossover n’appelle pas à une grande maturation (et puis surtout, depuis que j’ai écrit cette introduction, il s’est quand même enchaîné quelques écoutes supplémentaires...).
Quoi qu’il en soit, cinq ans après un très bon
Grave Danger que j’avais trouvé tout de même un poil en deçà de son prédécesseur (la faute à ce caractère un brin foutraque qui m’a longtemps laissé sur le bas-côté), les Finlandais de Foreseen signent enfin leur "grand" et "véritable" retour (oui parce qu’entre temps il y a quand même eu le EP
Infiltrator / Wide Awake Nightmare) avec la sortie la semaine dernière de
Untamed Force. Paru sur le label anglais Quality Control HQ (Big Cheese, Tempter, Mere Mortal, Zulu...) pour la version vinyle et United Forces pour une édition CD beaucoup plus confidentielle, ce troisième album régale dès le premier regard. En effet, comment ne pas tomber sous le charme de cette illustration particulièrement infâme et pourtant aussi cool qui, entre ce cerbère aux aboies, ces deux fantômes prêt à se serrer la pince, ces traits jaunâtres qui dégoulinent dans tous les sens, cette typographie délicieusement 80’s et ces couleurs chatoyantes frise ici le génie ? Quant à ceux d’entre vous qui auraient le mauvais goût de ne pas partager mon enthousiasme à l’égard de cet artwork, ils peuvent se contenter de fermer les yeux et se concentrer sur l’essentiel : neuf nouvelles compositions particulièrement énervées qui ne devraient pas manquer de faire mouche chez l’amateur de Thrash / Crossover.
Torché en un petit peu plus de trente-deux minutes,
Untamed Force est le premier album de Foreseen sur lequel apparaît officiellement le guitariste et bassiste Jaakko Hietakangas. Arrivé dans les rangs de la formation d’Helsinki courant 2021, celui-ci a fait ses premières armes chez Ranger et Speedtrap, deux groupes dans lesquels il a pu peaufiner ses talents de shredder avant de les mettre ici largement à profit.
Mené comme on pouvait s’en doute le couteau entre les dents avec pour perpétuel leitmotiv une furieuse envie d’en découdre,
Untamed Force porte définitivement très bien son nom. Ici les temps morts et autres ralentissements se font relativement rares et ne servent qu’à mettre en exergue ce sentiment d’agression qui prédomine en effet tout au long de cette demi-heure excessive et sauvage. Pour autant, on retiendra tout de même trois ou quatre breaks toujours aussi bien sentis ("Soldier's Grave" à 1:58, "Oppression Fetish" à 2:19, "Serve Your Purpose" à 1:06, "Desensitized" à 2:24) ainsi que quelques séquences mid-tempos au groove incandescent ("Tolerance Of Abuse", la première moitié de "Suffocating Routine" avec son riff chaloupé particulièrement entêtant, "Cold Comfort"). De quoi apporter ce qu’il faut de nuance à une formule effectivement très simple et sans surprise mais qui heureusement sur ce genre de format court n’a jamais le temps de s’essouffler.
Outre cette intensité des plus réjouissantes, l’amateur de riffs quel qu’il soit ne pourra évidemment que s’enthousiasmer face à
Untamed Force et à l’excellent travail des Finlandais en la matière. Certes, personne n’ira crier au génie mais cela ne vous empêchera pas de prendre votre pied tout au long de ces trente-deux minutes radicales menées tête dans le guidon. Bien décidé à marquer le coup (eh oui, cinq ans, c’est long), Foreseen va faire en effet forte impression et cela dès les premières secondes de l’excellent "Soldier’s Grave". Un titre tout en nerf sur lequel le riffing thrashisant de Ville Valavuo et Jaakko Hietakangas se montre d’une efficacité à toute épreuve. Avec "Birthright", les choses montent d’un ton avec cette descente de manche imparable servie dès les premières secondes suivi à 1:19 par un solo extrêmement sympathique avant de conclure à partir de 1:45 par une leçon de Thrash en grande pompe. Une démonstration de shred particulièrement jouissive avec en sus un jeu de solos en forme de question / réponse par deux guitaristes tout sauf manchots. Si les meubles du salon ne passent pas par la fenêtre lors de cette séquence il faudra alors penser à consulter. Quel panard madame, monsieur ! Évidemment, des passages comme ceux-là, il y en a une tripotée tout au long de l’album : "Tolerance Of Abuse" et "Suffocating Routines" et leur riffing particulièrement entêtant (sans mentionner les excellents solos du dernier), le solo de "Oppression Fetish" à 0:26 ainsi que sa dernière partie entamée dès 2:04 et qui pour le coup pue le Heavy Metal à plein nez, ce brûlot Punk / Hardcore qu’est ce "Serve Your Purpose" exécuté à toute berzingue, "Desensitized", "Untamed Force" et son solo tout droit sorti de
Ride The Lightning... Bref, il n’y à là que matière à se réjouir.
Partiellement produit par Forseen avec l’aide de quelques compagnons (Jussi Vuola à l’enregistrement et au mixage, Jaakko Viitalähde au mastering),
Untamed Force bénéficie d’une production mieux adaptée à son propos, notamment en comparaison de celle de
Grave Danger qu’encore une fois je trouve beaucoup trop bordélique pour réussir à convaincre aussi efficacement. Aussi, outre un équilibre et une lisibilité retrouvés, ce troisième album jouit également d’un son particulièrement abrasif avec cette voix passablement remontée et bardée d’effets et cette basse ultra-métallique qui bien qu’assez discrète régale lorsque celle-ci occupe les avant-postes. Une production aux petits oignons pour un album absolument redoutable et d’une efficacité à toute épreuve. Une leçon de Thrash / Crossover en seulement neuf titres et trente-deux minutes. Bref, un des albums de l’année (au moins dans sa catégorie) à n’en point douter.
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