Sorti en avril dernier sur 20 Buck Spin et Svart Records,
Grave Danger est le deuxième album des Finlandais de Foreseen. Après le redoutable
Helsinki Savagery sorti en 2014, autant vous dire que celui-ci était attendu de pied ferme par votre humble serviteur. Après une mise en bouche réjouissante mais évidemment beaucoup trop courte proposée sous la forme d’un EP deux titres, le groupe revient donc nous asséner son Thrash/Crossover avec cette énergie et cette hargne qu’on lui connait si bien.
Toujours signé de la main de leur compatriote Chad Keith, l’artwork de ce nouvel album fait preuve de davantage de sobriété comparé à celui de son prédécesseur complètement absurde dans ses superpositions. Une croix, un crâne, un peu de terre, de la fumée et des barbelés. Il n’en faut pas plus à l’artiste pour poser l’ambiance et signifier à quiconque voudrait poser ses oreilles sur ce nouvel album de Foreseen que les cinq Finlandais ne sont pas là pour enfiler des perles et vous conter fleurette.
Car avec deux titres et huit minutes de moins qu’
Helsinki Savagery,
Grave Danger tire tout de suite les choses au clair : ça va trancher. Un postulat de base rapidement confirmé par le chaotique "Violent Discipline", un titre absolument radical et dénué de toute idée de compromission. Pour tout vous dire, j’ai longtemps jugé ce morceau beaucoup trop foutraque pour avoir envie d’y revenir. Une première mauvaise impression qui m’a d’ailleurs quelque peu gâché le reste de l’album puisqu’il m’a quand même fallu plusieurs mois avant de m’en débarrasser complètement. Libéré de cet étrange blocage, c’est comme si j’avais redécouvert
Grave Danger. Et cette fois-ci les choses se sont évidemment bien mieux déroulées que la première fois. Encore une preuve que certains albums méritent une seconde chance.
Marchant ainsi dans les pas d’
Helsinki Savagery, ce deuxième album est presque en tout point identique à son prédécesseur. Il n’y a bien qu’en matière de production que le groupe s’est autorisé à aller voir ailleurs. Toujours enregistré en Finlande,
Grave Danger a cette fois-ci été masterisé au Audiosiege Studio par Brad Boatright (From Ashes Rise, Tragedy, Converge, Integrity, Twitching Tongues...). La qualité du son s’en retrouve effectivement un peu améliorée avec notamment un gain de puissance et de rondeur non négligeable.
Pour le reste, pas de surprise, on retrouve ce même Thrash/Crossover survolté et abrasif fait d’accélérations à perdre haleine ("Violent Discipline" à 0:09, "Chemical Heritage" à 1:58, "Fearmonger", "Downward Spiral" à 0:13, "Grave Danger" à 0:21, "Government Cuts" à 2:12, "Suicide Bomber"), de breaks à se rompre les cervicales ("Violent Discipline" à 1:52, "Fearmonger" à 1:51, "Bloodline" à 1:06, "Downward Spiral" à 1:34, "Grave Danger" à 3:01...) et de soli déglingués. Rien de neuf sous le soleil d’Helsinki mais heureusement toujours cette même intensité exacerbée qui donne à la musique de Foreseen un caractère particulièrement bien trempé. Même formule, même punition ! Nous voilà ainsi face à huit nouveaux morceaux, prêt une fois de plus à en prendre plein la tronche le temps d’une petite demi-heure expédiée à coup de brûlots acides et ultra vindicatifs. Car chaque titre est ici marqué par un sens aigu de la critique sociale ("Violent Discipline", "Chemical Heritage", "Governments Cuts", "Suicide Bomber"...). Une critique acerbe d’ailleurs soulignée par le chant âpre et résolument Hardcore de Mirko Nummelin. Des sujets d’actualité parfois illustrés par des samples à la résonnance toute particulière comme l’illustrent les dernières secondes de "Government Cuts" où l’on peut entendre un journaliste français évoquer des tirs de mitraillette au Bataclan.
A punition identique, traitement identique ? Pas tout à fait puisque
Grave Danger perd tout de même un demi-point dans la bataille. La raison de cette note à la baisse ? Et bien tout simplement parce que le premier album des Finlandais est un poil meilleur à mon sens et que l’effet de surprise est évidemment passé aujourd’hui. De même, en matière d’albums Thrash/Crossover sortis cette année, le deuxième album de Power Trip vient le surclasser d’une demi-tête. Quoi qu’il en soit,
Grave Danger n’en reste pas moins du pain béni pour tous les amateurs du genre qui n’ont pas forcément pléthore de groupes à se mettre sous la dents.
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29/11/2017 13:39