Verbal Razors - Misleading Innocence
Chronique
Verbal Razors Misleading Innocence
2016 marque le retour sur le devant de la scène hexagonale des Tourangeaux de Verbal Razors. Souvenez-vous, le groupe m’avait fait plutôt bonne impression avec la sortie, deux ans auparavant, d’un premier album mêlant d’évidentes influences Punk/Hardcore héritées du passé de certains de ses membres à des éléments empruntés à la scène Thrash de la fin des années 80/début des années 90.
Pour ce nouvel album, Verbal Razors renoue avec le coup de crayon de Jansé, déjà responsable du visuel de Settling Of Scores, pour un artwork particulièrement sympathique mais cette fois-ci assez peu révélateur de ce que l’on peut trouver à l’écoute de ce Misleading Innocence. En effet, hormis ce logo toujours aussi affûté, rien ne laisse suggérer qu’il s’agit ici de Thrash/Crossover. Une certaine idée de la tromperie et du camouflage évidemment mise en évidence par ce titre sans équivoque ainsi que par ces jolis batraciens plus connus sous le nom de dendrobates (grenouilles aussi belles que venimeuses).
Pour mettre en boîte ce deuxième album, les petits gars de Verbal Razors sont allés passer quelques jours en Mayenne afin d’enregistrer sous la houlette d’Amaury Sauvé. Celui qui a produit a peu près tous les groupes de la nouvelle génération Punk/Hardcore française (As We Draw, Birds In Row, Comity, Direwolves, The Decline...) vient apporter ici son savoir-faire pour un résultat sur-mesure conférant aux compositions du groupe d’Indre & Loire bien plus d’impact qu’auparavant. Car tout en conservant en filigrane cette nature abrasive et incisive propre au Hardcore, le jeune homme a su y insuffler un soupçon de puissance et de virilité supplémentaire. Résultat des courses, le Thrash/Crossover des Tourangeaux se fait cette fois-ci bien plus compact et imposant sans pour autant sacrifier à cette urgence expiatrice qui faisait le charme de son prédécesseur.
Cette production plus musclée s’accompagne également d’un léger changement de cap en matière de riffing. Plus agressif et plus vindicatif, Verbal Razors donne le sentiment de durcir le ton tout au long de ces vingt-quatre minutes à travers des riffs sensiblement moins marqués par le soleil californien que sur son prédécesseur et davantage par le Thrash de la Bay Area ("Dendrobate", "V.I.P. (Very Idle person)", "Fashion Way Of Lies", "Plastic Preacher", "Faster Ways To Die"...). Moins Hardcore, plus Metal ? On pourrait en quelque sorte résumer la chose de cette façon même si le groupe conserve cette acidité et cette urgence de la rue. A l’inverse, Verbal Razors s’autorise aussi quelques moments beaucoup plus rock’n’roll comme par exemple sur les très bons "Contradiction", "No Escape" à 2:01 ou "Of Mass And Men" à 0:14. Une certaine légèreté qui donne aux compositions des Français un irrésistible goût de reviens-y.
Ce gain d’agressivité se reflète également à travers une section rythmique de tous les diables. Pierrot qui, rappelons-le, a quand même joué en live avec les excellents (et regrettés) Yyrkoon, enchaine ici les séquences de tchouka-tchouka à un rythme survolté. Et quand il n’a pas le pied au plancher, il calme le jeu le temps de passages au groove imparable. Avec les riffs de Matthieu, ils offrent ainsi de belles fulgurances Thrash qui, à défaut d’être originales, font systématiquement mouche. Ce qui, vous en conviendrez, est bien plus essentiel. Ainsi, il apparaît bien difficile à l’écoute de ces vingt-quatre minutes de ne pas se laisser aller à taper du pied avec vigueur, à headbanger avec force et panache ou à reprendre en cœur ces paroles acerbes scandées par un Simon toujours aussi vindicatif. Avec sa voix arrachée et désinvolte, le bonhomme continue ainsi à tailler des shorts à tous ces menteurs, politiciens, pseudo-artistes et autres hipsters hyper-connectés qui font aujourd’hui notre société... Autant vous dire qu’il risque d’avoir beaucoup de matière pour les prochains albums de Verbal Razors.
Sans être une véritable surprise, Misleading Innoncence hausse néanmoins d’un niveau les qualités déjà avancées préalablement par les petits gars de Verbal Razors. Plus agressif, plus efficace, plus frontal, ce deuxième album corrige les quelques défauts de son prédécesseur et permet d’installer les Tourangeaux parmi les quelques groupes de Thrash/Crossover français les plus intéressants de ces dernières années (à compter sur les doigts d’une seule main). Proche de groupes tels que Dr. Living Dead!, Municipal Waste ou Iron Reagan, Verbal Razors apporte un souffle nouveau à une scène Thrash hexagonale quelque peu à l’agonie. De quoi susciter de nouvelles vocations et redorer le blason de cette scène autrefois vigoureuse.
| AxGxB 4 Avril 2016 - 865 lectures |
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1 COMMENTAIRE(S)
04/04/2016 12:54