Dead Heat - Certain Death
Chronique
Dead Heat Certain Death
C’est grâce au split en compagnie des excellents Mindforce que j’ai fait la connaissance il y a seulement quelques mois de Dead Heat. Originaire d'Oxnard, petite ville californienne située à quelques encablures de Los Angeles, le groupe se forme en 2016 sous l’impulsion de musiciens a priori encore peu connus dans le circuit. Après une série de démos, single et autre split, le groupe passe à la vitesse supérieure avec la sortie en 2019 de son premier album intitulé Certain Death via Edgewood Records (Regulate, Trail Of Lies, Blind Justice…).
La première chose qui saute aux yeux à la découverte de ce premier album c’est bien évidemment cet artwork aux perspectives pour le moins hasardeuses, affichant notamment un logo fort sympathique très inspiré par celui d'Obituary ainsi que quelques images et scènes qui en disent long sur la musique du groupe et les thèmes qui seront abordés à travers certaines des paroles de l’album. Ayant réussi à économiser quelques précieux dollars sur l'artwork puisque celui-ci est l’œuvre de l’un des deux guitaristes du groupe, Dead Heat en a profité pour s’offrir une production et un mastering aux petits oignons signés respectivement Taylor Young (artificier de talent chez Twitching Tongues et Nails et pousseur de potards pour Xibalba, Disgrace, Forced Order, God’s Hate, Mizery...) et Brad Boatright (From Ashes Rise, 16, All Pigs Must Die, Bell Witch, Fange...). Un choix des plus pertinents à l’écoute de ce premier album dont la production est assurément l’un des points forts.
Pour en revenir à l'artwork, ci ces derniers peuvent parfois être mensonger et conduire à de cruelles désillusions, les chiffres eux ne mentent pas. Affichant vingt-cinq petites minutes à son compteur, Certain Death est à l’image de cette œuvre brute, chaotique et urbaine. Vous ne serez donc pas étonnés de savoir que Dead Heat pratique un Thrash/Crossover virulent et contestataire comme on en faisait à la fin des années 80 que ce soit du côté de New York (Cro-Mags, Leeway, Crumbsuckers...) ou sur la côté ouest (Suicidal Tendencies, Excel, The Accüsed...).
Je vous épargne alors mon petit laïus sur l’originalité ou plutôt son absence des plus flagrantes pour me concentrer sur l’essentiel et vous dire ainsi ô combien les compositions de ces cinq californiens se montrent toutes plus redoutables les unes que les autres. Servi par une production qui rappelle beaucoup celle du premier album de Mizery (des guitares particulièrement propres et tranchantes évoquant évidemment ce qui se faisait en la matière durant les années 80), Dead Heat va dérouler son Thrash/Crossover avec l’énergie et l’intensité d’un groupe qui ne se souci que d’une chose, être le plus efficace possible. Pour y parvenir, outre cette production on ne peut plus adaptée à la situation, les Californiens vont miser sur deux ou trois autres choses : un riffing affûté et suffisamment inspiré pour convaincre, une section rythmique ne ménageant pas ses efforts ainsi qu’un sens du groove pour le moins irrésistible.
Car effectivement, quoi qu’on ait pu vous dire ailleurs, le Thrash est avant tout une histoire de riffs. Et pour le coup Dead Heat ne se fait pas prier pour délivrer la bonne parole à coup de riffs particulièrement tranchants et nerveux (cassage de nuque obligatoire sur "Controller" à 1:20, "To The Core" à 1:04, l’expéditif "Prisoner Of Mind", "Certain Death" à 0:57, "Last Rites" à 0:39 et ainsi de suite...) mais également à l’aide de passages plus mélodiques particulièrement bien sentis ("To The Core" et toutes ses références évidentes à Leeway et Mizery, le solo de "Certain Death" entamé à 2:16, le lead sur l’introduction de "The End Incomplete" (autre clin d’œil flagrant à Obituary), le solo de "Estamos Aqui" à 2:53...).
Cette énergie et cette urgence vont se retrouver bien entendu dans la section rythmique, notamment à travers cette batterie haletante qui va passer l’essentiel de son temps à cavaler sur du tchouka-tchouka diablement efficace. Mais loin de se cantonner uniquement à ce type de jeu pour le moins réducteur (malgré la dynamique et l’urgence évidente qu’il apporte), le batteur de Dead Heat (dont le jeu rappelle pas mal celui de Jimmy "Pokey" Mo chez Leeway) ne va pas se priver pour varier les plaisirs, changeant de rythme au profit de passages bien plus variés qu’il n’y paraît (toutes les séquences plus posées et dansantes de "To The Core", le tapis de double sur "The End Incomplete", le début bien groovy de "Last Rites") et surtout de breaks et autres passages au groove absolument irrésistible taillés pour détruire le pauvre mobilier du salon (les dernières secondes de l’excellent "To The Core", "The End Incomplete" à 1:36, "Last Rites" à 1:42, "Access Denied" à 1:57). Enfin, on appréciera également l’esprit résolument Hardcore qui imprègne ce premier album. Si cet héritage Punk/Hardcore s’entend à naturellement à travers cette instrumentation, c’est surtout flagrant dans le chant et cette utilisation qui est faite de ces "gang vocals" bien viriles que l’on retrouve tout au long de ces vingt-cinq petites minutes et jusque sur cette reprise de Crumbsuckers qui conclue ce premier album.
Voilà, je crois qu’on a fait le tour de la question. Maintenant il ne vous reste plus qu’à aller m’écouter tout ça sur Bandcamp, faire un peu de place dans votre living room et commencer à vous échauffer sérieusement car Certain Death va vous faire transpirer à grosses goûtes. Certes, Dead Heat n’invente rien mais sa formule fonctionne ici à plein tube. En tout cas suffisamment pour que je lui colle un 8 des familles et en fasse un de ces albums qui tourneront régulièrement dès l’arrivée du Printemps et des beaux jours.
| AxGxB 6 Mars 2020 - 916 lectures |
|
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
3 COMMENTAIRE(S)
citer | AxGxB 06/03/2020 15:44 | note: 8/10 | Keyser a écrit : Un jour, une chronique !
Rectification, un jour ouvré, une chronique !
Ecoute sinon ! |
citer | Un jour, une chronique ! |
AJOUTER UN COMMENTAIRE
3 COMMENTAIRE(S)
06/03/2020 18:46
06/03/2020 15:44
Rectification, un jour ouvré, une chronique !
Ecoute sinon !
06/03/2020 15:34